Chapitre 728 – L’Ombre Malveillante

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

En entendant les mots cruels qui condamnaient Solvane à des milliers d’années de tourments, Sunny ne pouvait s’empêcher de ressentir une joie sombre et euphorique.

Le souvenir de la douleur qu’elle lui avait infligée et les visages de ceux qu’elle avait tués défilèrent à nouveau devant ses yeux, rendant cette jubilation encore plus douce.

Parfait… c’est tellement parfait…

La seule chose que Sunny regrettait était d’avoir tué Solvane dans un futur lointain, la libérant ainsi de ce tourment. S’il l’avait su à l’époque, il l’aurait laissé pourrir.

Noctis fixa froidement la prêtresse qui se tortillait un instant, puis se retourna, comme s’il avait l’intention de partir.

Solvane poussa un gémissement d’agonie, d’autres lianes traversant sa peau et rampant jusqu’au sol.

“A-attends !”

Elle lutta pour lever la tête et regarder vers le haut, les yeux pleins de peur.

“Noctis… tu dois… me tuer. Tu ne pourras pas… la libérer… si je suis en vie !”

Le sorcier s’arrêta, s’attarda un instant, puis lui jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule. Son visage était froid et immobile.

Après une longue pause, il dit nonchalamment :

“…Hope est un grand et puissant daemon. Elle peut se charger d’une ou deux entraves toute seule.”

Les yeux de Solvane s’écarquillant, Noctis détourna le regard et fit un pas vers les portes de la cale.

Et Sunny, pendant ce temps…

Faisait la chose la plus difficile qu’il ait jamais faite dans sa vie.

***

Sunny se dirigeait vers le bord de la soute, là où le couteau en bois était planté dans le mur.

À chaque pas, il avait l’impression de traîner une montagne avec lui.

Non, c’était bien plus difficile que cela…

Une montagne aurait été lourde, mais la traîner était une tâche simple. Difficile, voire impossible, mais simple quand même. Cependant, il ne luttait pas contre un poids physique.

Au contraire, Sunny luttait contre sa nature même.

Il avait grandi dans les faubourgs, luttant pour sa vie dans un monde cruel et indifférent. Il avait dû apprendre beaucoup de leçons vicieuses pour survivre. Ces leçons l’avaient rendu égoïste, cynique et blasé, peu enclin à faire confiance à qui que ce soit ou à croire en quoi que ce soit.

Ces qualités l’avaient aidé à rester en vie, mais au fur et à mesure que sa vie évoluait, certaines d’entre elles s’étaient transformées en obstacle. Lentement et douloureusement, il avait perdu son ancienne peau et appris de nouvelles choses. Il avait appris à faire confiance à ceux qui méritaient de l’être, et à avoir de l’espoir en lui-même et en l’avenir.

Cependant, il y avait une chose qu’il n’avait jamais réussi à laisser derrière lui — et qu’il ne voulait pas vraiment abandonner — c’était sa méchanceté. La rancune avait été la seule chose qui l’avait motivé à survivre au Premier Cauchemar, après tout. À l’époque, et peut-être encore aujourd’hui, c’était sa seule raison de vivre.

Sunny n’était donc pas très porté sur le pardon. Il ne pouvait même pas pardonner à Cassie, du moins pas complètement, malgré tout ce qu’ils avaient vécu ensemble avant et après sa décision de faire passer la vie de Neph avant la sienne.

Il croyait en la valeur de la vengeance. Œil pour œil, dent pour dent… telle était la loi ancestrale. Personne ne devrait pouvoir le piétiner et rester impuni.

C’est pourquoi l’idée même de laisser Solvane mourir en paix lui paraissait odieuse.

Et pourtant…

Sa main tremblante se posa sur le manche du couteau en bois.

Sunny était quelqu’un de très têtu.

Serrant les dents, il délogea le couteau du mur et se balança un peu, luttant pour tenir à distance la haine dévorante qui noyait son esprit.

Oui, il voulait que Solvane paie, il voulait qu’elle souffre.

Mais… plus encore, il voulait que le destin aille en enfer. Il ne pouvait pas permettre qu’une autre chose se produise comme cela s’était produit dans le passé réel. Il devait prouver, une fois pour toutes, qu’il n’était pas une marionnette impuissante accrochée aux ficelles du destin, ne pouvant que danser sur un air prédéterminé.

Il était également très indigné à l’idée que Hope puisse s’amuser avec son esprit.

Et c’était de là que venait sans aucun doute l’intensité brûlante de sa haine pour la Vierge Guerrière — de l’influence empoisonnée du Démon du Désir, qui avait pris son traumatisme, son chagrin et sa colère, et en avait fait une arme pour le subjuguer.

C’était une chose étrange de savoir que sa fureur était fabriquée, et en même temps de l’accueillir et d’être tenté de s’y abandonner.

Et cette tentation… ah, elle était bien plus difficile à surmonter que le poids d’une montagne.

Pourquoi est-ce que je fais ça ? Elle mérite de souffrir… ne serait-ce pas magnifique de la laisser souffrir… ne serait-ce pas la chose la plus joyeuse qui soit ? Oh, c’est vrai… Je ne peux pas imaginer quelque chose de plus doux…

Sunny avait du mal à se rappeler pourquoi il tenait le couteau.

Oh, oui… le destin… J’ai promis de le détruire, n’est-ce pas ? C’était parce que… parce que mon destin est d’être un esclave. Je n’ai pas vraiment envie d’être esclave… mais qui s’en soucie ? Je veux que Solvane soit torturée pour l’éternité bien plus que je ne veux être libre… la liberté est lointaine et abstraite. Qui en veut ? Mais le châtiment, il est là… et il est si merveilleux…

Serrant les dents, il fit un pas en avant.

Il fit deux pas. Puis un autre.

Traverser la cale du navire brisé était bien plus difficile que d’escalader une montagne froide et sombre avec des chaînes.

Il n’était pas sûr d’y arriver.

Son visage était déformé par une horrible grimace, et ses yeux sombres brûlaient d’une joie folle.

Puis, Sunny s’arrêta.

Je… Je change d’avis. Cela en vaut la peine ! S’abandonner au destin en vaut la peine, si cela signifie que cette sorcière détestable sera torturée sans fin. Ce sera bien… ce sera juste… ce sera le meilleur résultat de tous…

Sunny soupira et sourit de soulagement.

Maintenant qu’il avait décidé de s’en remettre au destin, c’était comme si un poids terrible avait été enlevé de ses épaules. Il était libre de savourer la joie de la vengeance, de s’en délecter. Il était déchargé, en extase, en paix.

Sunny sourit…

…Et enfonça le couteau de bois dans la poitrine de Solvane.

Au diable tout ça…

Oui, laisser souffrir la Vierge Guerrière lui paraissait juste.

Mais Sunny n’avait jamais été juste, et ne se souciait pas vraiment de l’être. Et, plus important encore, il voulait contrarier le destin bien plus qu’il ne voulait se venger de Solvane.

…La belle prêtresse frissonna et le regarda, la douleur et le soulagement se mêlant dans ses yeux envoûtants.

Puis, son regard se vida lentement, perdant l’étincelle de vie, et son corps tomba sur le sol.

Sunny grimaça, se sentant amèrement déçu. Il n’était pas du tout satisfait de son choix. Il se sentait très mal.

Mais c’est ce qu’il fallait faire.

Alors que le couteau de bois se brisait dans sa main, le Sortilège murmura :

[Vous avez tué un humain Transcendant, Solvane.]

[Votre ombre devient plus forte.]

[…Vous avez reçu une Mémoire.]

Il cligna des yeux.

Huh… une autre Mémoire ? Comment cela est-ce possible ?

Sunny se sentit soudain très mal à l’aise. Comme si quelqu’un fixait son dos.

Il se retourna lentement et croisa le regard sombre du sorcier.

Noctis le regarda, puis montra ses dents dans un sourire dangereux.

“Sunless… qu’as-tu fait ?”

Sunny frissonna, se sentant soudainement très froid.

Merde…