Chapitre 678 – Vent du Changement

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Ils entrèrent tous les trois dans le Sanctuaire, traversèrent le magnifique jardin et pénétrèrent dans la résidence du sorcier par une porte en bois familière, Effie toujours assise sur les épaules de Sunny avec une expression curieuse sur son visage enfantin.

Les pièces à l’intérieur, cependant, avaient changé depuis la dernière fois que Sunny les avait vues.

Les meubles luxueux avaient disparu, tout comme les belles décorations qui recouvraient les murs. À la place, il n’y avait que de la pierre stérile, avec quelques Poupées brisées gisant sur la pierre, leurs membres désassemblés et disposés autour des corps comme des œuvres d’art macabres.

Le sol de la pièce centrale était couvert d’un cercle fait d’une myriade de runes, de puissants courants d’essence d’âme y circulant et se dissipant dans les vieilles pierres. Noctis était assis au centre du cercle, les yeux fermés. Sans le sourire insouciant qui lui était familier, son beau visage semblait sinistre et étrangement terrifiant.

Entendant leurs pas, le sorcier expira lentement. Le flot écrasant d’essence s’amincit lentement, puis se dissipa, se rétractant à l’intérieur de son corps. Il tourna légèrement la tête et ouvrit les yeux, qui brillèrent un instant dans l’obscurité, comme s’ils étaient remplis d’un pâle clair de lune.

Puis, ils redevinrent lentement humains, et Noctis sourit, retrouvant sa décontraction habituelle si soudainement que cela en était presque troublant.

« Ah, Sunless, mon ami ! Tu es de retour ! Assieds-toi, bois un coup… bienvenue ! »

Il se leva et tendit la main, comme pour désigner des sièges confortables. Une expression de surprise apparut alors sur le visage du Transcendant, qui regarda la salle vide avec un peu de confusion.

« Oh, c’est vrai… J’ai fait des travaux de rénovation… »

Noctis soupira, puis frappa ses mains l’une contre l’autre.

« Eh bien, peu importe. Poupées ! Apportez à mes invités quelque chose à boire ! Ils doivent être assoiffés après leur voyage ! »

Sa voix résonna dans la demeure… mais rien ne se produisit.

Il hésita, puis jeta un coup d’œil aux mannequins brisés qui gisaient sur le sol et se déplaça maladroitement.

« Ah, c’est dommage. »

Le sorcier secoua la tête, puis haussa les épaules et les regarda tous les trois avec un sourire :

« Quoi qu’il en soit… bienvenue ! »

Il pencha la tête et fixa Effie, puis cligna plusieurs fois des yeux.

« Ah, vous avez amené une enfant avec vous. C’est curieux. Elle ne mord pas, au moins ? »

Suny fronça les sourcils, mais avant qu’il ne puisse parler, Effie s’emporta avec une indignation feinte :

« Je ne suis pas une enfant ! J’ai douze ans ! Euh, presque. »

Noctis la regarda d’un air dubitatif.

« …Elle parle. C’est bizarre. »

Sunny inspira lentement, puis dit d’une voix égale :

« Cette enfant s’appelle Effie. C’est l’amie dont je t’ai parlé. »

Le sourire poli du sorcier resta collé à son visage. Il fixa encore Effie, puis jeta un coup d’œil furtif à Kai.

« Alors, euh… l’un de tes amis est un infirme sur lequel tu es tombé par hasard dans mon Sanctuaire, et l’autre est un petit enfant ? »

Sunny hocha la tête d’un air sinistre.

Noctis se frotta le menton, puis dit prudemment :

« Sunless, euh… es-tu tout à fait sûr que tu n’as pas inventé le fait d’avoir des amis ? Pour que j’apprécie davantage notre belle amitié, peut-être ? Si c’est le cas, laisse-moi te rassurer ! Je l’apprécie déjà beaucoup ! Tu n’as pas besoin de te sentir en danger parce que tu n’es pas aussi beau, riche, sage, généreux et agréable à fréquenter que moi ! »

Sunny serra les dents, puis siffla furieusement :

« C’est le cas ! Attends… Je veux dire que je suis sûr… que ce n’est pas moi qui les ai inventés ! Es-tu vraiment sûr de vouloir connaître la vérité sur moi et mes amis ? »

Noctis haussa les sourcils avec un air sincère.

« Bien sûr… »

Sunny le fixa quelques instants, puis reprit :

« Dans ce cas. Mes amis et moi ne sommes pas vraiment un démon, un infirme et une petite fille. Nous sommes des humains d’un futur lointain dont les âmes ont été envoyées ici par une entité presque toute puissante connue sous le nom de Sortilège du Cauchemar, après que les dieux soient morts et que le monde entier ait été détruit. Oh, et cet endroit ? Il n’est pas réel ! Toi aussi, tu n’es pas réel. Tout cela n’est qu’une illusion compliquée créée par le Sortilège pour nous tester, nous trois… non, nous cinq, en fait. C’est la vérité. »

Le sorcier le regarda avec des yeux écarquillés. Puis, il soupira, secoua la tête, et prononça d’un ton blessé :

« Sunless… ce n’est pas la peine d’inventer des mensonges aussi stupides pour se moquer de moi. Si tu ne veux pas me le dire, tu n’as pas à le faire. »

Il se pinça les lèvres et se détourna.

« …Quelle gaminerie ! Je suppose que tout s’est bien passé ? Puisque tu es en compagnie d’une nouvelle amie, tu as dû réussir à infiltrer le Temple du Calice, à la trouver, à récupérer le Couteau de Verre, et à t’enfuir avant que les Vierges Guerrières ne s’en aperçoivent ? »

Sunny tressaillit, puis se racla la gorge et resta silencieux pendant quelques secondes. Finalement, il reprit d’un ton égal :

« Euh… et bien, en fait… pas exactement. Nous avons récupéré Effie et le couteau, mais… »

Noctis le regarda avec surprise :

« Mais quoi ? »

Sunny toussota.

« Nous avons en quelque sorte… détruit le calice et tué toutes les Vierges Guerrières. »

Le sorcier le regarda avec stupeur.

« …Vous avez fait quoi ?! »

Kai soupira, puis étira ses cordes vocales pour parler :

« Nous n’avions pas d’autre choix. Les Demoiselles étaient prêtes à nous donner une chance de gagner le droit de prendre le Couteau de Verre, mais elles n’auraient jamais laissé Effie partir. C’était l’un des principes de leur secte. Alors… c’est la secte qui a dû partir. »

Noctis les regarda avec de grands yeux, son visage devenant d’une pâleur mortelle. Il vacilla un peu, puis glapit :

« Mais comment ça, vous avez tué toutes les Demoiselles ?! Comment avez-vous réussi à les tuer ? Et leur cheffe de secte Transcendante… tu l’as tuée aussi ?! »

Ils se regardèrent tous les trois avec confusion. Effie prit alors prudemment la parole :

« Euh… la vénérable aïeule, qui était la dernière Transcendante de la Secte Rouge, est morte il y a environ deux cents ans. Il n’y a pas eu d’autres Transcendantes parmi les Demoiselles depuis. »

Le sorcier cligna des yeux plusieurs fois.

« Attends… vraiment ? Vraiment ? Elle est donc morte comme ça ? Comme c’est… dommage. »

Sunny le regarda bouche bée. Cet imbécile… avait-il vraiment oublié que les gens réels avaient l’habitude de mourir de temps en temps, contrairement à lui qui était immortel ? À quel point ce charlatan pouvait-il être fou !

Mais il dut s’arrêter. Non, ce n’était pas bien. Noctis n’était pas un imbécile, il aimait juste se la jouer. Il n’y avait aucune chance que l’immortel n’ait pas su si des Transcendants vivaient ou non sur son territoire. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose…

Sunny fit un pas en avant et grogna.

« Ne nous insulte pas ! Tu savais parfaitement qu’il n’y avait pas de Transcendantes dans le Temple du Calice. Et tu savais aussi que tu aurais pu facilement tout détruire et prendre le Couteau de Verre, si tu l’avais voulu. Nous sommes tous les trois formidables, en ce qui concerne les Éveillés, mais pas aussi formidables pour être capables de faire quelque chose qu’un Seigneur de la Chaîne n’aurait pas pu faire. »

Il lança un regard à l’immortel et dit, l’amulette d’émeraude se fissurant presque dans son poing :

« Alors, Noctis, mon ami… pourquoi ne me dirais-tu pas la vraie raison pour laquelle tu nous as envoyés, Kai et moi, là-bas au lieu d’y aller toi-même ? Et fais bien attention à ce que tu dis… car notre belle amitié pourrait bien dépendre de ta réponse ! »

Noctis resta silencieux un moment, le regardant avec une expression indéchiffrable. Puis, il soupira et fit un signe de la main.

« …D’accord, d’accord. Si tu veux être ennuyeux, je vais te dire la vérité. Pas besoin de se mettre en colère. »

Il frappa de nouveau ses mains, et les Poupées démontées se levèrent soudainement du sol, leurs membres s’envolant et se connectant aux torses en bois. Puis, l’une d’entre elles disparut un moment et revint avec un gobelet d’argent rempli de vin parfumé, le présentant au sorcier avec une révérence effrayée. Les autres reculèrent et se figèrent, se tenant silencieusement près des murs.

Noctis prit le gobelet, en but une gorgée et détourna le regard, une expression sombre sur son visage exquis.

« Oui, il est vrai que j’aurais pu récupérer le couteau, sauver ton ami et détruire le Temple du Calice moi-même. Cela n’aurait pas été trop difficile… avec ou sans la présence de la Transcendante. Mais… »

Il regarda vers l’ouest, ses yeux s’assombrissant.

« …Si j’avais agi de la sorte, les quatre autres l’auraient appris. Ils auraient alors compris pourquoi je l’ai fait, et ce que je vais faire ensuite. Ils finiront par connaître mes intentions, bien sûr… mais ce n’est pas le moment. Ce n’est pas encore le moment. Tout révéler maintenant serait gênant. »

Sunny se renfrogna, puis jeta un bref coup d’œil à Kai. L’archer regardait lui aussi vers l’ouest, les épaules tendues.

La Cité d’Ivoire se trouvait à l’ouest. Le Colisée Rouge aussi.

Il hésita, puis dit d’un ton sinistre :

« Tu ne peux donc pas agir ouvertement de peur que les autres Seigneurs de la Chaîne ne s’unissent pour t’attaquer ? »

Noctis se tourna vers lui et sourit.

« …La peur ? Non, rien d’aussi fantaisiste. C’est simplement une question de commodité. Vois-tu, jusqu’à ce que… »

Soudain, le sorcier se tut. Son visage devint grave et ses yeux brillèrent d’un éclat de lune lointaine.

…Cette fois, il ne s’agissait pas d’un spectacle. Sunny sentit que quelque chose avait vraiment mal tourné, car la pièce entière changea inexplicablement, devenant beaucoup plus sombre, plus froide et pleine d’une tension terrible.

Noctis tourna lentement la tête et chuchota, la voix étonnée et solennelle :

« Quelque chose… quelque chose a changé… non… non, ce n’est pas possible… »

Il regarda vers les portes, puis ajouta d’un air sinistre.

« Nous avons un autre invité, je crois. Un messager, venu du nord… »