Chapitre 654 – Lanterne Fantôme

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny lit les runes avec curiosité :

Mémoire : [Lanterne Fantôme].

Rang de la Mémoire : Divin.

…Il tomba du lit.

Quoi ?!

Une autre… une autre Mémoire Divine ?

Sentant des sueurs froides rouler sur son visage, Sunny les essuya d’une main tremblante et serra lentement les poings.

Ça devrait… ça devrait être intéressant…

Il reporta son regard sur les runes, essayant de calmer ses cœurs qui battaient la chamade.

Quel genre de Relique venait-il de recevoir ?

Sunny se ressaisit et continua à lire la description :

Niveau de la Mémoire : I.

Type de Mémoire : Outil.

Un outil… c’est logique. C’est une lanterne, après tout. Mais à quoi sert-elle ? Les lanternes sont censées produire de la lumière et éclairer les choses. Ce n’est pas exactement ce pour quoi les ombres sont connues, n’est-ce pas ?

Avec un froncement de sourcils inquiet, il reporta son regard sur les runes.

Description de la Mémoire :

[“La mort n’est que l’ombre de la vie”, selon la Déesse de la Vie. “Et la paix n’est que l’échec de la guerre. N’avez-vous jamais été quelque chose qui n’ait pas été volé, rendu vide et vil ? Avez-vous déjà fait quelque chose qui n’était pas futile et creux ? Pouvez-vous même exister sans être jeté par un autre ? Regardez comme vous êtes faible, comme vous êtes petit. Suis-je censé avoir peur d’une petite ombre ?”

Rendu pâle et faible par la lumière du jour, l’Ombre se mit à rire et se leva du sol. Ce faisant, sa silhouette engloutit la terre, dévora les cieux et effaça la lumière du soleil. Bientôt, il ne resta plus autour d’eux que les ténèbres. Et de ces ténèbres, un sifflement se fit entendre, faisant trembler la Vie :

“La vie n’est que le prélude de la mort, et la guerre n’est que la clé qui en ouvre les portes. Tout ce que vous chérissez, tout ce que vous nourrissez, tout ce qui naît de vous sera un jour à moi, sera accueilli par moi, avalé par moi, et trouvera la paix en moi. Telle est la miséricorde de l’Ombre. Creuse… futile… vous êtes peut-être arrivée la première, ma sœur, mais lorsque votre cruauté prendra fin… je serai tout ce qui restera…”.]

Sunny frissonna.

Bon sang… le Dieu de l’Ombre a-t-il toujours été aussi effrayant ?

En raison de sa proximité et de son affinité avec les ombres, il n’avait jamais considéré le Dieu de l’Ombre comme terrifiant. Après tout, même les autres dieux n’avaient pas tenu l’Ombre en haute estime, du moins d’après ce que Sunny savait. Ses temples avaient été brûlés et détruits, ses disciples transformés en esclaves… même ses aspects et attributs semblaient pâlir en comparaison des autres.

Dieu de la paix, de la mort, de la consolation et des mystères… cela semblait humble et plutôt discret comparé à quelque chose comme la Déesse des Cieux Noir, le dieu des tempêtes, des profondeurs, des océans, des ténèbres, des étoiles, du voyage, de l’orientation et du désastre.

…Mais les choses qui préféraient rester invisibles et inaudibles étaient souvent les plus dangereuses, n’est-ce pas ?

Un peu comme Sunny.

Il secoua la tête, réfléchit un peu à la description, puis sourit de travers.

Je suppose que le Dieu de la Guerre n’aimait pas du tout le Dieu de l’Ombre… ce n’est pas surprenant. À bien des égards, ils sont diamétralement opposés. Il n’est pas étonnant qu’à chaque fois que je rencontre quelqu’un du camp de la Guerre, je finisse par me faire arracher le cœur ou, pire encore, par être attiré dans un Cauchemar si maudit au point que tous les autres Cauchemars devraient lui faire honte.

Il soupira, puis continua à lire les runes :

Enchantements de la Mémoire : [Portes de l’Ombre].

Description de l’Enchantement : [Cette lanterne dévore la lumière et peut contenir, puis libérer, une quantité infinie d’ombres.]

Sunny cligna des yeux.

Hein ?

L’enchantement ne semblait pas très impressionnant pour une Relique Divine… sauf si l’on réfléchissait vraiment à la signification de ces mots.

Infinie…

Il soupçonnait que dans ce cas, le mot était utilisé pour décrire un infini réel et non un faux infini, comme pour le Printemps Sans Fin. Si c’était le cas… oui, un objet capable de contenir une infinité était en effet digne d’être divin. Il brisait tout simplement toutes les lois de la raison.

En quoi cela pouvait-il aider Sunny ?

Il fronça les sourcils, un peu déçu.

Pourquoi n’était-ce pas plutôt une épée destructrice ?

Il invoqua la Mémoire et vit une petite lanterne se tisser dans sa main à partir des ténèbres. La chose n’était pas très grande, de la taille de sa paume, et faite de noir… quelque chose comme ça. Cela ne ressemblait ni au toucher ni à aucun autre matériau qu’il avait vu, cela ressemblait plus à de la pierre qu’à autre chose.

Le cadre de la lanterne était gravé de façon complexe, donnant ainsi l’impression que ce sont les écailles d’un serpent, et ses parois étaient faites d’un morion noir brillant. Elle était surmontée d’un anneau de métal sombre auquel était attachée une courte chaîne. Elle pouvait être tenue à la main ou attachée à la ceinture, si besoin était.

Dès que la lanterne apparut, l’obscurité de la nuit qui entourait Sunny devint instantanément plus profonde et plus froide, oppressante et impénétrable. La moindre lueur d’étoile fut dévorée, rendant l’intérieur de la cabine complètement noir. Lui, bien sûr, pouvait encore voir à travers cette obscurité, mais n’importe qui d’autre aurait probablement beaucoup de mal.

Soudain envahi d’un agréable sentiment de confort, Sunny tourna la belle lanterne et remarqua une petite porte sur l’un de ses côtés. Il hésita, puis ordonna à la porte de s’ouvrir.

Celle-ci glissa instantanément vers l’avant, révélant un carré de néant derrière elle. Un instant plus tard, Sunny sentit ses cheveux se hérisser et ses cœurs chanceler dans sa poitrine. Il avait soudain froid, était envahi par le malaise et… terrifié. Comme un animal face à quelque chose de tellement plus grand que lui que la différence de taille ne pouvait tout simplement pas être comprise.

Il expira lentement, le souffle s’échappant de sa bouche comme un brouillard glacial.

…C’est ainsi que l’on ressent l’infini.

La lanterne était vide, il ne pouvait donc pas ordonner à des ombres de s’en échapper. Il jeta donc un coup d’œil à l’ombre joyeuse et haussa un sourcil.

Tu veux entrer ?

L’ombre le regarda avec crainte, puis secoua énergiquement la tête. Sunny roula des yeux, puis se tourna vers l’ombre effrayante.

Et toi ?

Cette dernière le fixa un moment, puis haussa les épaules d’un air indifférent… et disparut par la petite porte, comme s’il n’avait jamais été là.

Sunny pouvait encore vaguement sentir leur connexion, mais pas comme il en avait l’habitude. Il ne pouvait ni voir, ni entendre, ni sentir ce que l’ombre voyait, entendait et sentait. Tout ce qu’il savait, c’est qu’elle existait toujours, ailleurs, dans un endroit terriblement vaste, sombre et froid.

Son visage s’assombrit et il ordonna à l’ombre effrayante de revenir.

Celle-ci sortit de la lanterne, haussa à nouveau les épaules et se replaça sur le sol.

…Puis, pensant que personne ne regardait, l’ombre trembla et s’étreignit un instant.

Quelle étrange Mémoire…

Quelle en était l’utilité ?

Sunny convoqua Sainte et tenta de répéter l’expérience, mais en vain. La chevalière ténébreuse resta immobile lorsqu’il lui demanda d’entrer dans la belle lanterne noire, ne montrant aucun signe indiquant qu’elle savait comment se conformer à l’ordre.

Je suppose que ça ne marche pas avec les Ombres…

Il fronça les sourcils, puis abaissa la lanterne au sol et la rapprocha des ombres sauvages qui se cachaient dans les coins de la cabane. Puis, se sentant extrêmement stupide, Sunny réfléchit à voix haute :

Euh… voulez-vous entrer ?

Les ombres se déplacèrent légèrement, s’approchant de la lanterne, puis se glissèrent rapidement à travers la porte noire.

Un sourire se dessina sur le visage bestial de Sunny.

Ah… maintenant nous parlons. C’est… c’est avec ce genre de choses que je peux travailler…

Satisfait, il referma la porte de la lanterne, puis la renvoya.

Sunny était encore un peu triste que la Relique ne se soit pas révélée être une arme destructrice, mais sa déception s’estompa. Bien qu’elle ne soit pas immédiatement utile, la lanterne lui permettrait de transporter des ombres amicales… une quantité infinie d’entre elles, rien de moins… avec lui à tout moment. Cela compenserait en grande partie la principale faiblesse de son Aspect — le fait que la plupart de ses Capacités ne fonctionnent que dans le voile de l’obscurité.

Et, sans aucun doute, au fur et à mesure que ses pouvoirs grandiraient et que le nombre de ses Capacités augmenterait, avoir un essaim d’ombres profondes à portée de main deviendrait de plus en plus utile.

De plus, il avait l’impression qu’il n’avait pas encore découvert tous les secrets de la Lanterne Fantôme…

Mais il était maintenant temps d’étudier sa dernière récompense, et la plus importante.

Il était temps de rencontrer un vieil ami.

L’Ombre du cheval noir qui s’appelait Cauchemar…