2658-chapitre-483
Chapitre 483 – Deux Cents Secondes
Traducteur/Checker : Gray
Team : World Novel
Le problème était qu’il n’en connaissait pas assez pour prendre une bonne décision. Et même… était-il qualifié pour le faire ?
Sunny avait beaucoup d’expérience pour faire face à diverses situations, il avait l’esprit vif, il était intelligent et avait un réel talent pour tuer des choses et rester en vie.
Sans perdre de temps en fausse modestie, il pouvait admettre qu’il excellait dans de multiples domaines.
Mais les choses dans lesquelles il excellait étaient-elles applicables à l’entraînement d’une jeune fille pour le Sortilège du Cauchemar ? Après tout, ce qu’il voulait lui donner n’était pas des compétences de combat ou des tactiques de survie… celles qu’on lui enseignait déjà, dans une école d’élite que quelqu’un comme lui n’aurait jamais pu fréquenter.
Ce qu’il voulait lui donner, c’était un état d’esprit qui lui permettrait de survivre dans l’enfer impitoyable du Royaume des Rêves. Et l’esprit… l’esprit était une chose délicate.
S’il s’y prenait de la mauvaise façon, il pourrait faire plus de mal que de bien.
Sans compter que tout le monde était différent, et que ce qui fonctionnait pour lui n’était pas garanti pour quelqu’un d’autre. Prenons ses propres amis, par exemple… ils avaient tous des mentalités très différentes, mais chacun d’entre eux avait réussi à s’épanouir même dans un endroit aussi sinistre et éprouvant que le Rivage Oublié.
Alors… qu’est-ce que je fais ?!
Sunny se massa les tempes, puis soupira.
D’abord… il devait observer davantage et comprendre davantage. Peu importe ce qu’il voulait décider, il était stupide d’essayer de baser cette décision sur l’observation de Rain pendant une seule journée alors qu’elle vaquait à ses occupations.
Peut-être que je serai inspiré. Ou mon intuition me donnera un indice…
Sur cette pensée, il fronça les sourcils, termina son thé et rentra.
***
Le lendemain matin, Sunny quitta sa maison tôt et utilisa le système de transport en commun pour atteindre le quartier où se trouvait l’école de Rain.
Maintenant qu’il connaissait l’endroit, il n’avait plus besoin de suivre sa sœur. Il prit les devants, retourna au café où il s’était caché la dernière fois, et envoya une de ses ombres surveiller l’entrée de l’école en attendant l’apparition de la jeune fille.
Une demi-heure plus tard, il remarqua sa silhouette et ordonna silencieusement à l’ombre de suivre Rain à l’intérieur.
Je vais devoir continuer à étudier son comportement pendant un certain temps… quelques semaines, au moins. D’ici là, je saurai si ma première impression était juste, ou si je dois reconsidérer mon évaluation. Je comprendrai aussi beaucoup mieux ses forces et ses faiblesses.
Sunny dut s’empêcher de gémir.
Quelques semaines… ça allait vraiment lui prendre du temps. Tant la chasse aux fragments d’ombre que son entraînement avec Effie et Sainte allaient en pâtir. Ce qui était vraiment dommage. Récemment, il commençait à ressentir une certaine confiance dans le maniement du Regard Cruel sous sa forme de lance.
Auparavant, Sunny avait considéré à tort que la lance était une arme plutôt statique, capable de réaliser uniquement des attaques directes. Et en apparence, c’était le cas… plus que cela, c’était en fait l’une de ses meilleures caractéristiques.
N’importe qui pouvait utiliser une lance avec un niveau d’efficacité décent. C’est pourquoi elle régna sur le champ de bataille pendant des milliers d’années — contrairement à l’épée, une personne n’avait pas besoin d’interminables heures d’entraînement pour devenir un amateur compétent avec elle.
Mais dans les mains d’un maître… dans les mains d’un maître, la lance était une bête complètement différente. Elle était rapide, mortelle et imprévisible, capable d’une grande variété d’attaques à des distances très variées. C’était une arme vraiment polyvalente, capable d’infliger des dégâts dévastateurs à quiconque osait s’approcher de son manieur. Ce que Sunny aimait le plus, par contre, c’était à quel point une lance pouvait être trompeuse.
Le Regard Cruel, en particulier, était particulièrement flexible grâce à sa longue lame, qui pouvait à la fois découper et trancher. Sans oublier le fait que la longueur de son manche pouvait être modifiée à volonté.
…Sunny était quand même beaucoup plus à l’aise avec les épées. Surtout celles qui lui étaient familières, comme l’Éclat de Minuit de la grande forme odachi du Serpent Noir. Il appréciait de plus en plus la capacité de garder ses ennemis plus loin de son corps que lui donnait le Regard Cruel, néanmoins.
Il était donc vraiment dommage qu’il doive réduire considérablement le temps d’entraînement. Ce n’était même pas la principale raison pour laquelle il se sentait mécontent à l’idée de passer des semaines à observer Rain à l’école, cependant.
La raison principale était… les adolescents.
Sunny se souvenait clairement du traumatisme mental qu’il avait subi après avoir été forcé de regarder les jeunes élites fréquentant la prestigieuse école rendre la vie difficile à la fois pour eux-mêmes et pour les enseignants. Même après avoir dû tomber dans un abîme sans fin en mangeant la viande pourrie d’un fléau et en brûlant dans l’océan de flammes divines, il préférait répéter tout cela plutôt que de connaître à nouveau la vie scolaire…
Enfin, presque.
Pas vraiment…
Avec un soupir, Sunny se concentra sur la pâtisserie devant lui et se prépara à une longue et pénible journée. Cette pâtisserie à elle seule le mettait de meilleure humeur, simplement parce qu’elle ne venait pas de la Mimique.
Les jeunes élites étaient les mêmes — venimeuses, incroyablement malavisées et exaspérantes. Heureusement, Rain était pareille — elle étudiait tranquillement et évitait tout drame, ce qui faisait d’elle une paria.
Bonne fille, Rain… c’est ça, ignore toutes ces bêtises et apprends autant que tu peux. Le savoir est un privilège… tes camarades de classe sont trop stupides pour l’apprécier, mais pas toi…
Ce n’était pas non plus comme s’ils étaient des délinquants. La réussite scolaire était la pierre angulaire de la hiérarchie sociale dans cette école d’élite, la compétition entre les élèves était donc féroce. C’est juste que la plupart d’entre eux voyaient l’apprentissage comme un outil pour gagner un statut, plutôt que comme un but.
Non pas que leurs priorités soient les affaires de Sunny.
Les heures se succédèrent et, à un moment donné, il décida de quitter le café et de faire une promenade pour chasser l’ennui.
Mais avant qu’il ne puisse le faire, quelque chose se produisit.
Son communicateur émit soudainement un son grinçant, un écho et une sonnerie. Une seconde plus tard, le son se répéta.
…Et ce n’était pas seulement lui. Chaque personne dans le café, des clients aux membres du personnel, recevait la même notification.
La poitrine de Sunny se refroidit.
Il connaissait ce son, bien sûr. Le monde entier le connaissait et le redoutait.
Baissant les yeux, il vit le texte familier apparaître sur l’écran de son communicateur.
Non…
La notification se lisait ainsi :
AVERTISSEMENT
AVERTISSEMENT
ACTIVITÉ D’UNE PORTE DÉTECTÉE À PROXIMITÉ
ETA : 201 SECONDES
ÉVACUEZ IMMÉDIATEMENT !