Chapitre 456 – Ne Rien Laisser Derrière Soi

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Pendant les jours suivants, la vie de Sunny devint plutôt monotone. Il méditait tout en faisant circuler l’essence d’ombre à travers les bobines du Serpent Noir pour accélérer sa récupération, puis la versait dans l’arche d’obsidienne… et répétait le processus.

À chaque cycle, les runes entourant le portail devenaient de plus en plus brillantes. Le portail prenait lentement vie, ressentant pour Sunny un espoir si intense qu’il avait du mal à le contenir. Il n’avait aucun doute sur le fait qu’il serait capable d’activer l’arche.

Et ensuite… il irait à la Tour d’Ivoire, trouverait un moyen de redescendre aux Îles Enchaînées, d’une manière ou d’une autre, et retournerait au monde réel.

Et il achèterait un nouveau réfrigérateur.

Et le remplir de toutes sortes de nourritures !

Assis sur le sol de pierre du plus haut niveau de la Tour d’Ébène, Sunny regardait le Coffre de la Convoitise, qui se trouvait à proximité, avec une certaine rancœur. Il savait pertinemment qu’il n’y avait plus de viande là, ni aucune autre sorte de nourriture.

Qui aurait cru que la chair infâme de la Mimique Mordante lui manquerait un jour ?

Je suppose qu’il ne faut jamais dire jamais…

Sunny était sur le point de reconstituer complètement l’essence d’ombre, alors ses pensées ont commencé à errer.

Par ennui, il plongea dans sa Mer de l’Âme, fixa les ombres pendant un certain temps, puis fit les cent pas, invoqua certaines de ses Mémoires et lut leurs descriptions pour la centième fois, puis fixa les soleils noirs de ses Noyaux d’Ombre, puis fit les cent pas, et invoqua d’autres Mémoires.

Ennuyeux… c’est tellement ennuyeux…

Après un moment, quelque chose attira finalement son attention.

Les runes du Masque de Weaver… avaient apparemment un peu changé.

Avant, il y avait un [???] à la place du nom de son troisième enchantement. Après que Sunny ait activé cet enchantement… lui faisant presque frire le cerveau dans le processus… le nom a changé, en revanche.

Il a cligné des yeux plusieurs fois, puis a regardé les runes à nouveau.

Est-ce que… est-ce que j’ai bien lu ?

Mais non, il n’y avait pas d’erreur. Les deux premiers enchantements étaient les mêmes qu’avant, [Manteau de Mensonges] et [Simple Tour]. Le troisième enchantement, cependant, avait maintenant de nouvelles runes qui le décrivaient…

Enchantement de Mémoire : [Où est mon œil ?].

Description de l’Enchantement [Où est mon œil ?] : « Aide celui qui le manie à regarder la tapisserie du Destin. »

Sunny regarda les runes avec une expression impassible pendant quelques instants, puis rit si fort qu’il fut projeté hors de sa Mer de l’Âme.

Oh… oh dieux… où est mon œil ! Incroyable !

Le temps qu’il ait fini de rire de l’étrange sensibilité de Weaver en matière de dénomination, le cycle de restauration de l’essence d’ombre était terminé.

Sunny secoua la tête, sourit, puis se leva et invoqua le Regard Cruel.

À présent, le cercle de runes brûlait d’un éclat blanc furieux, transformant la sombre salle noire en une tapisserie austère d’obscurité et de lumière. Il semblait que l’air à l’intérieur de l’arche ondulait légèrement, embrouillé par la chaleur.

Il se dirigea vers l’arche d’obsidienne et, sans perdre de temps, la toucha avec la pointe de la lance d’argent. Une fois de plus, son essence d’âme fut dévorée à une vitesse terrible.

Cette fois-ci, cependant, seule la moitié fut consommée.

Quand une lumière vive frappa soudainement Sunny dans les yeux, il fit un pas en arrière involontaire et leva une main pour les protéger. Une brise fraîche caressait son visage, et il pouvait soudainement sentir… l’écorce, l’herbe, la terre.

La vie.

Lorsque ses yeux s’adaptèrent à la luminosité, Sunny baissa lentement sa main et regarda l’arche avec une expression déconcertée.

C’est comme si une faille dans la réalité était apparue à l’intérieur de la Tour d’Ébène.

Tout autour du portail, le hall était exactement comme il l’avait été — sombre, sinistre, taillé dans une pierre noire sans éclat.

…À l’intérieur du portail, cependant, il y avait un ciel bleu clair. La lumière du soleil avait soudainement envahi la Tour d’Ébène après des milliers d’années passées dans l’obscurité la plus totale, et apportait avec elle le son du vent et le bruissement des feuilles.

Sunny pouvait voir les cieux, mais aussi le sol. Une belle prairie verte continuait là où le sol d’obsidienne se terminait, pleine de vie et de vitalité. L’ombre d’un grand arbre ombrageait la proximité du portail, et un chemin de pierre blanche menait de celui-ci vers…

À une certaine distance, un mur blanc immaculé s’élevait plus haut que ce que Sunny pouvait voir à travers le portail. Entouré d’un ciel bleu, de nuages et d’une herbe d’un vert éclatant, il semblait être le summum de la beauté et de la tranquillité.

Toute cette vue était comme un paradis.

Il déglutit.

La… la Tour d’Ivoire. Mordret avait raison !

De plus, à en juger par la douceur avec laquelle l’herbe se balançait sous le vent et la paresse avec laquelle les branches de l’arbre bougeaient, l’île céleste était vraiment… elle n’était vraiment pas affectée par l’Écrasement.

À cet égard, au moins, elle était en sécurité.

Oui !

Soudainement tendu, Sunny jeta rapidement un coup d’œil au cercle de runes. Comme il s’y attendait, il s’assombrissait déjà. Le portail brûlait la maigre quantité de flamme divine que Sunny avait pu charger ces derniers jours, et allait bientôt se fermer.

« Merde ! »

Bon… ce n’était pas comme s’il n’avait pas été préparé à franchir l’arche dès son ouverture. Il avait fait tout ce qu’il voulait faire dans la Tour d’Ébène, étant donné les circonstances. Il n’y avait pas grand-chose à faire ici, pour commencer. Le temps avait détruit tous les trophées qu’il aurait pu trouver, et les trésors les plus précieux — le Tissu Osseux et la connaissance de la carte laissée par le Prince du Monde Souterrain — étaient déjà en sa possession.

Maintenant, il ne lui restait plus qu’à s’échapper vivant.

Faisant fi de toutes ses Mémoires, Sunny enroula ses deux ombres autour de son corps… et s’élança vers la lumière.

S’il te plaît, s’il te plaît, ne sois pas une illusion !

Il apparut près du portail, plongea à l’intérieur… et trébucha, tombant à genoux.

Ses doigts touchèrent l’herbe douce et, grâce à son sens tactile amélioré par le Tissu Osseux, Sunny sentit chaque petit détail de sa texture, de la terre riche en dessous, de la chaleur du soleil sur sa peau.

Tout cela était réel.

C’était merveilleux !

Lorsque le portail se referma derrière lui, Sunny ferma les yeux et poussa un petit cri silencieux. Trop d’émotions bouillonnaient dans son cœur pour qu’il puisse les exprimer avec des mots.

Il avait réussi. Il s’était échappé du vide.

Il n’avait rien laissé derrière lui…

***

Alors que Sunny ressentait la joie de s’échapper du ciel inférieur, quelque chose d’autre se produisit.

Quelque part au loin, ou peut-être tout près, il y avait une pièce construite en pierre froide, pleine d’un silence assourdissant. Elle était sombre et vide, disposée en forme d’heptagone, avec sept coins noyés dans des ombres profondes.

Il y avait sept miroirs sur chacun des sept murs de la pièce, pointant vers son centre.

Il n’y avait rien.

…Cependant, dans chacun des sept miroirs, se reflétait la silhouette d’un jeune homme, assis sur le sol de pierre, les mains enchaînées derrière le dos.

Le jeune homme était immobile et inerte, presque comme s’il n’était qu’une statue et non un être vivant.

Mais ensuite, quelque chose changea.

Quelques instants après que Sunny ait traversé le portail et soit apparu sur l’île de la Tour d’ivoire…

Un coin des lèvres du jeune homme se retroussa légèrement, formant un soupçon de sourire.

Mordret était, lui aussi, heureux de voir Sunny s’échapper.