Chapitre 397 – La Sagesse de Mongrel

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

En l’absence de toute nouvelle information, les gens n’eurent d’autre choix que de se pencher sur les enregistrements existants de Mongrel. Fascinés par ce mystérieux guerrier démoniaque, ils décortiquèrent chacune de ses actions et chacun de ses mots, essayant de trouver un indice sur son identité, son passé et sa position.

Bien qu’il n’y ait pas grand-chose à apprendre, ils en vinrent progressivement à percevoir ses paroles comme étant plutôt significatives.

…En fait, les gens finissaient par y trouver trop de sens, même s’il n’y en avait aucun. Ce n’était que des mensonges maladroits que Sunny avait inventés sur le moment pour remplir les conditions de [Simple Tour]. Il n’avait jamais eu l’intention de dire quelque chose de profond.

Mais depuis quand les bonnes intentions empêchent-elles les gens de compliquer les choses ?

Sans que Sunny n’en sache rien, Mongrel avait acquis une… philosophie.

“Vous êtes nouveau au Colisée ?”

“…Je suis né au Colisée.”

Assis dans une cafétéria d’école, deux étudiants fixaient un communicateur bon marché, leurs yeux brûlant d’enthousiasme.

L’un des garçons fronça les sourcils, puis demanda avec confusion :

“Je ne comprends pas… qu’est-ce qu’il veut dire ? Le Colisée n’est-il pas juste une arène de Dreamscape ? Comment une personne pourrait-elle y naître ?”

Son ami secoua la tête avec dédain :

“Idiot ! Tu ne comprends pas ? Mongrel ne veut pas dire qu’il est né dans le Dreamscape ! Il veut dire qu’il est né dans la bataille. Ces anciens gladiateurs étaient des esclaves forcés de se battre à mort contre leur volonté. Les Éveillés ne sont-ils pas pareils ? Ils sont infectés par le Sortilège et n’ont d’autre choix que de combattre les Créatures du Cauchemar pour survivre. En un sens, tous les Éveillés sont nés dans le Colisée…”

Quelque part dans les faubourgs, plusieurs ouvriers s’étaient rassemblés pendant leur courte pause.

“Es-tu au moins un humain ?”

“Qu’est-ce qu’un humain ? Je ne suis pas, et je n’ai jamais été, un humain.”

L’un des ouvriers frissonna.

“Effrayant… penses-tu que Mongrel est en fait une Créature du Cauchemar qui s’est infiltrée dans le monde réel ?”

Un autre secoua la tête.

“Non, bien sûr que non.”

Le premier soupira :

“Alors pourquoi dit-il qu’il n’est pas humain ?”

Le second ouvrier regarda le tunnel sale de l’échappement du filtre à air industriel qu’ils nettoyaient, puis ses propres mains calleuses.

“Mais qu’est-ce que ça veut dire, être un humain ? Penses-tu que toi et moi sommes vraiment des humains ? Non, espèce d’idiot. Ce bâtard a plus de cervelle que toi, je le jure. Il comprend au moins que le fait d’avoir deux jambes et deux mains ne fait pas de toi un humain. Il comprend ce que c’est…”

Le troisième écouta leur conversation et grimaça.

“Et alors ? Oui, il comprend, mais je ne le vois pas se plaindre. Ce type a pris la main qu’on lui a donnée et s’est transformé en… un maudit démon de l’épée. Qu’est-ce que tu as fait ? C’est la leçon qu’il essaie de nous donner, je pense. Personne ne vous traitera comme un humain si vous ne vous comportez pas comme tel…”

Très loin de là, dans le complexe des Dormeurs de l’Académie, un groupe de jeunes hommes et de jeunes femmes regardaient un écran.

“C’est une grande épée que tu as là. Est-ce que tu sais au moins comment l’utiliser ?”

“Non.”

“Non ? Tu ne sais pas comment utiliser ton épée ? Eh bien, tu veux que je t’apprenne ?”

“Non.”

Un des Dormeurs se gratta l’arrière de la tête, et demanda :

“Je ne comprends pas. Pourquoi Mongrel a-t-il menti en disant ne pas savoir se servir d’une épée ? C’est manifestement un combattant très expérimenté. Peut-être même un Héritier ! Essayait-il de tromper Leo en le sous-estimant ?”

Une fille debout près de lui gloussa.

“Il n’a pas menti. Pourquoi Mongrel aurait-il besoin de tromper Leo ? Il gagnerait contre lui à la loyale, de toute façon. Non, il y a un sens plus profond dans ses paroles.”

L’autre Dormeur leva les sourcils :

“Quel sens ?”

La fille sourit d’un air entendu.

“Seul un duelliste vantard comme Leo Striker peut prétendre savoir manier l’épée. Un vrai maître, celui qui combat les Créatures du Cauchemar dans le Royaume des Rêves au lieu de jouer avec des Éveillés choyés dans le Dreamscape, saurait qu’il a encore beaucoup plus à apprendre que ce qu’il sait déjà. C’est ce que Mongrel voulait dire. Aussi bon qu’il soit, il comprend que dans le grand schéma des choses, ses compétences et sa puissance sont comme celles d’un enfant.”

Son ami resta silencieux pendant un moment, et demanda :

“Si c’est le cas, alors pourquoi a-t-il dit qu’il ne voulait pas en apprendre plus ?”

La jeune fille secoua la tête.

“Il n’a pas dit qu’il ne voulait pas apprendre. Il a dit qu’il ne veut pas que Leo lui enseigne. Le véritable ennemi d’un Éveillé est le Sortilège, pas les autres humains. C’est pourquoi Mongrel ne veut pas être enseigné par des combattants humains… même s’il le doit. Et aussi, si quelqu’un est fort comme Mongrel, il peut mettre fin à un combat en un seul coup. Mais la vraie force… la vraie force c’est de ne pas avoir besoin de frapper du tout. C’est peut-être ce que veut Mongrel. Devenir assez puissant pour ne plus jamais avoir à sortir son épée…”

Et à quelques centaines de mètres d’eux, sur le chemin du complexe hospitalier de l’Académie, une jeune femme en fauteuil roulant fixait son communicateur avec une expression amusée sur le visage.

“Que fais-tu ici, dans cette arène d’amateurs ?”

“Je suis ici pour désapprendre.”

Cette citation, surtout, était devenue un sujet de discussion animé sur le réseau. Parmi les duellistes, elle provoqua toute une tempête philosophique. D’innombrables Éveillés débattaient passionnément de sa signification. Personne ne savait ce que voulait dire exactement Mongrel, mais tout le monde avait au moins une théorie.

La seule chose sur laquelle tout le monde était d’accord était que sa courte déclaration cachait une sagesse profonde et fondamentale sur la nature du combat et les moyens d’en devenir un maître.

…Pas Effie, en revanche.

Regardant son communicateur, elle secoua la tête et dit :

“Désapprendre ? Huh, ce type a dû se cogner la tête une fois de trop. Quel crétin.”

Puis, elle regarda l’image une fois de plus, et ajouta :

“Et aussi, qu’est-ce qui se passe avec cette armure ? Elle me semble si familière. Pendant un moment, j’ai pensé que l’Écho de Sunny s’était déchaînée. Ha, quelle idée amusante… le regard sur son visage aurait été impayable !”

Après quoi, elle secoua la tête, désactiva le communicateur et poursuivit son chemin.

Effie avait des choses plus importantes à faire que de perdre son temps à penser à Mongrel…

Mais le reste du monde, apparemment, n’en avait pas.