Chapitre 293 – Le Défi

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Un silence retentissant s’abattit sur la grande salle de l’ancien château. Les mots fatidiques avaient été prononcés, et maintenant il n’y avait plus de retour en arrière.

Pour le meilleur et pour le pire.

Gunlaug inclina la tête et resta silencieux pendant quelques instants. Puis, le son de son rire se répandit dans la foule.

“Le droit de contestation ? Oh, cette vieille chose. Tu es terriblement attachée à cette tradition, on dirait. Cela ne fait même pas une année complète que tu es arrivée sous mon toit, et j’ai eu le plaisir de t’entendre prononcer ces mots deux fois. Insolente…”

Il s’arrêta quelques instants, puis se pencha en avant. Sa voix devint soudainement froide, pleine de nuances sombres.

“Pour être honnête, je suis très fatigué de ton insolence, Étoile Changeante.”

Avant que Nephis ne puisse répondre, le Seigneur Radieux se leva soudainement de son trône, dominant la foule comme une statue en or pur. Puis, il s’avança d’un pas tranquille et commença à descendre les marches de l’estrade. À chaque pas, le son de sa voix serpentine résonnait, devenant de plus en plus grave, jusqu’à se transformer en un grognement diabolique et courroucé.

“Tes petits jeux étaient amusants au début, mais plus j’observais tes tentatives maladroites de jouer les héros, plus j’étais dégoûté. Je n’arrivais pas à croire à quel point tu étais naïve, moralisatrice et stupide. Ça m’a rendu malade. Ça m’a donné envie de faire des choses que je m’étais promis de ne plus jamais faire. Ah, j’attendais mieux de la fille de la Flamme Immortelle ! Me décevoir à ce point…”

Son grognement se répercuta dans la grande salle avant de disparaître brusquement. Un instant plus tard, Gunlaug rejeta soudainement la tête en arrière et se mit à rire aux éclats.

“Oh, mais j’ai compris ! J’étais un vrai idiot. Tu m’as berné de façon si belle ! Brillamment fait, Étoile Changeante. Je t’en prie, accepte mon compliment ! Après avoir vu la vraie toi, ah, c’était une telle joie de regarder tes performances.”

Il quitta les escaliers et posa le pied sur le sol en marbre de la salle du trône. Les habitants du château se séparèrent devant lui, les gens se pressant pour s’éloigner le plus possible de l’aura oppressante de l’armure dorée.

Le Seigneur Radieux soupira.

“C’est tellement dommage que toute cette volonté doive s’arrêter maintenant. Tu vois… même si je ne peux m’empêcher d’applaudir tes efforts, au final, tu t’es quand même avérée n’être qu’une idiote de plus.”

Il jeta un coup d’œil à Effie et demanda, sa voix pleine de moquerie :

“Un défi ? Je ne pense pas que ce soit à toi d’exiger une telle chose. Ce n’est pas toi qui es accusé du crime, après tout. Si quelqu’un doit invoquer le droit de contestation, ça devrait être Effie elle-même. Tu ne crois pas ?”

Nephis serra les dents, luttant pour rester en équilibre sous l’assaut de la pression psychique. Refusant de se détourner du miroir poli du visage du Seigneur Radieux, elle dit :

“…C’est comme l’a dit l’un de tes sous-fifres. Je suis responsable des actions de mon peuple. Tout crime qu’ils commettent… est mon crime.”

Gunlaug la regardait, son expression cachée. Le visage pâle de Neph se reflétait dans son masque, la fixant de ses yeux gris sans pitié. Après un moment, il parla :

“Une logique saine. Qui vas-tu défier, alors ?”

Elle hésita pendant quelques instants, puis dit fermement :

“Celui qui a rendu le verdict final.”

Le Seigneur Radieux gloussa.

“Oh ? Mais par la même logique… ce serait moi.”

Elle sourit sombrement et le fixa, des flammes blanches dansant dans ses yeux.

“Alors c’est toi que je défie !”

Ses mots résonnèrent dans la grande salle, plongeant les centaines de personnes rassemblées dans un état de choc stupéfiant.

***

Alors, ça y est.

Sunny regarda la foule de personnes stupéfaites, les séparant mentalement en deux groupes. Ceux qui allaient être une menace et ceux qui ne l’étaient pas.

Quelle que soit l’issue du combat entre Nephis et Gunlaug, la petite enclave d’humains vivant dans la Cité Noire allait sombrer dans le chaos le plus total. Si l’Étoile Changeante était tuée, ses partisans en feraient une martyre et deviendraient fous. La Horde ne les laisserait pas s’en tirer comme ça. Si le Seigneur Radieux tombait…

Gunlaug avait beau être un salaud, il était aussi le ciment de cet endroit. Sans un tyran pour faire régner un semblant d’ordre, aussi macabre soit-il, les choses deviendraient très vite horribles. Qui allait empêcher les Créatures du Cauchemar d’exterminer les humains ?

Dans tous les cas, il y aurait un bain de sang.

Mais il avait fini de s’inquiéter à ce sujet. Dans le chaos à venir, les objectifs de Sunny étaient très simples.

Rester en vie. Protéger Nephis. S’assurer qu’elle devienne le nouveau tyran de la Cité Noire.

…Pour qu’elle puisse ouvrir le chemin du retour à la réalité pour quelques survivants chanceux. Si elle ne meurt pas ici et maintenant, bien sûr.

Dans le silence qui enveloppait la grande salle, le Seigneur Radieux rit et inclina la tête, fixant l’Étoile Changeante derrière son masque doré. Puis, il dit :

“Quelle audace ! Je me demande ce qui te donne la confiance nécessaire pour oser me défier. Plusieurs personnes ont essayé de me tuer, tu sais. J’ai un petit hobby, en fait — collectionner leurs crânes. En y réfléchissant, ta jolie tête irait très bien dans ma collection.”

Soudain, il leva une main et fit un geste vers son front :

“Ne me dis pas… ne me dis pas que c’est à cause de ce petit jouet que tu as pris sur le cadavre du Premier Seigneur ? Oh, non ! Ce serait terrible. Tu ne pensais pas vraiment qu’une seule Mémoire suffirait à me vaincre ?”

Nephis s’attarda un moment, fixant Gunlaug du regard. Puis, elle dit d’un ton posé :

“Mes mains nues seraient suffisantes pour vaincre un ver comme toi. La Mémoire n’est là que pour accélérer les choses.”

Gunlaug la regarda un instant, puis gloussa.

“C’est génial ! C’est génial ! Quel esprit ! Je vais vraiment aimer te briser, Étoile Changeante. Une fois pour toutes.”

Il fléchit les épaules et dit, sa voix envoyant des frissons dans le cœur des centaines de personnes rassemblées dans la salle :

“Très bien. J’accepte ton défi.”