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Chapitre 100 – Conscience Limpide

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Le Chevalier Noir resta immobile pendant plusieurs minutes, observant silencieusement les cadavres de ses ennemis. Des gouttes de sang tombaient de la lame de sa redoutable épée, se rassemblant en une flaque sous ses pieds. Les pensées de la cruelle créature étaient un mystère. Pour être honnête, Sunny n’était même pas sûr que cette montagne d’acier noir meurtrier soit sensible.

À cet égard, les habitants monstrueux de la cité maudite étaient un peu étranges.

Habituellement, les Créatures du Cauchemar de classes plus élevées possédaient une forme d’intelligence perverse, qui était souvent comparable à celle des humains, et parfois même la surpassait. Cette règle ne s’appliquait cependant pas à tous les monstres de cet endroit sinistre.

D’après les observations de Sunny, les habitants de la cité en ruines pouvaient être divisés en deux groupes. Le premier groupe était constitué de diverses créatures venues de l’extérieur du mur, que ce soit du Labyrinthe ou des profondeurs de la mer noire. Ces choses abominables suivaient plus ou moins les lois contre nature du Sortilège que tout Éveillé connaissait.

Le second groupe était différent. Ces créatures, il le soupçonnait, avaient été créées à partir des restes des anciens résidents de la ville ou, de manière effrayante, avaient été eux autrefois. Les spectres, comme il les appelait, étaient beaucoup plus insondables et dangereux. Leurs pouvoirs et leur comportement refusaient de se plier à toute forme de sens ou de logique.

Le Chevalier Noir était l’un de ces sinistres revenants. C’est pourquoi Sunny avait du mal à prédire ses actions.

La plupart du temps, le fléau royal se contentait de patrouiller dans le grand hall de la cathédrale en ruines et de tuer tout ce qui osait y pénétrer.

Tout comme il avait tué ces pauvres fous.

Avec un soupir, Sunny s’allongea sur la poutre porteuse et, sans prêter attention à la hauteur mortelle de son lieu de repos improvisé, ferma les yeux. Il voulait respirer un peu avant de poursuivre ses courses nocturnes.

Bientôt, le bruit de pas lourds l’informa que le bâtard avait repris son interminable patrouille.

Bon débarras.

Malgré le fait que plus rien ne vienne troubler sa tranquillité, Sunny se sentait toujours étrangement agité. Sa voix intérieure était d’humeur à discuter.

Euh, Sunny. Tu n’oublies pas quelque chose ?

Il fronçait les sourcils. Qu’y avait-il à oublier ? Il reprenait juste son souffle avant de sortir à nouveau. Il devait aussi attendre le bon moment pour fouiller dans les affaires de ces chasseurs morts…

Tu viens de tuer six personnes. Tu ne te sens pas coupable ?

Sunny fut un peu surpris par cette question. Curieux, il écouta ses émotions et est arrivé à la conclusion que non, il ne se sentait pas du tout coupable.

C’était la troisième fois qu’il tuait un être humain. Certes, la première fois s’était déroulée dans un Cauchemar, où les gens étaient censés être de simples illusions. Cependant, Sunny n’était pas sûr de croire à cette théorie. L’angoisse du vieil esclavagiste lui avait semblé bien réelle pour n’être qu’un produit de son imagination.

La deuxième fois… eh bien, il ne voulait pas y penser. C’est arrivé au château, de toute façon, et cette partie de sa vie était révolue.

La troisième fois était la plus propre de toutes. Ces voyous allaient le voler et le tuer, de toute façon. Sunny avait vu clair dans leurs intentions bien avant de tirer sur la corde invisible et d’envoyer leur chef dans la froide étreinte de la mort.

Il aurait pu essayer de s’enfuir, mais… ils étaient très grossiers. Si les voyous n’avaient insulté que lui, Sunny aurait pu essayer de mettre fin à la confrontation sans effusion de sang. Mais ils insultèrent Nephis. Ces salauds méritaient de mourir.

Malgré le fait que sa relation avec l’Étoile Changeante était devenue tendue, il tenait encore beaucoup à elle. Quitter le château ne signifiait pas qu’il avait oublié leur amitié. C’est juste que… il y avait plus de raisons de partir que de rester.

Sunny soupira et fit apparaître la belle bouteille en verre bleu. C’était le cadeau d’adieu que Cassie lui avait offert avant leur séparation. Il chérissait beaucoup cette Mémoire.

Portant la bouteille à ses lèvres, Sunny prit plusieurs gorgées d’eau froide et délicieuse et ouvrit les yeux.

Il ne voulait plus se reposer. Mieux vaut se bouger…

***

Avant de s’aventurer à nouveau dehors, Sunny retourna dans sa chambre et se dirigea vers un grand coffre en fer posé dans l’un des coins. Exerçant une certaine force, il souleva le lourd couvercle et admira sa pile de trésors.

À l’intérieur du coffre, plus d’une centaine de magnifiques éclats d’âme brillaient doucement dans l’obscurité. Leur vue remontait toujours le moral de Sunny.

Malgré le fait qu’il n’avait lui-même aucune utilité des éclats d’âme, ils restaient une ressource précieuse. Ici, sur le Rivage Oublié, les éclats d’âme étaient une forme de monnaie parmi les Dormeurs. Une centaine d’entre eux était une quantité inimaginable.

Après avoir passé sa vie à être pauvre, Sunny était enfin riche !

“De l’argent, j’ai tellement d’argent…”

Si une personne voulait vivre à l’intérieur des murs du château, elle devait payer un tribut correspondant à un éclat d’âme chaque semaine. Ceux qui ne pouvaient pas se le permettre étaient forcés de rester dehors, vivant dans un campement de fortune juste au-delà des portes, qui était souvent attaqué par les monstres. Même ainsi, ils devaient payer pour la nourriture ou aller chasser eux-mêmes, ce qui les conduisait le plus souvent à la mort.

Avec tout ce que Sunny avait récolté en trois mois, il aurait pu vivre dans le confort du château pendant des années… s’il le voulait. Ce qui, bien sûr, n’était pas le cas. Pourquoi payerait-il pour un logement alors qu’il avait déjà son propre palais ?

Sans voisins bruyants et avec un gardien redoutable protégeant les lieux, rien que ça.

Plaçant deux nouveaux éclats d’âme dans le coffre, Sunny jeta un dernier coup d’œil à son trésor de dragon et referma le coffre avec un sourire satisfait.

Peut-être était-il temps de visiter à nouveau le château et d’acheter quelques objets… non, non. Il avait déjà acheté tout ce dont il avait besoin la dernière fois. Dépenser trop d’éclats ferait croire aux gens qu’il était aussi pathétique que tout le monde le pensait.

De tous les Dormeurs du château, seules trois personnes savaient qu’il n’était pas seulement bon à se cacher dans l’ombre et à éviter le danger. Il s’agissait de Nephis, Cassie… et Caster.

Ce satané bâtard…

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