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Chapitre 98 – Invités Indésirables

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny jeta un regard sinistre au cadavre du Dévoreur Sanguinaire, puis dans la direction des bruits de pas qui se rapprochaient.

Qui était assez fou pour rester dans cette ville maudite pendant la nuit ? Seul un fou furieux ferait quelque chose d’aussi stupide. Toutes les personnes saines d’esprit avaient disparu des rues depuis longtemps, sans compter que très peu d’entre elles étaient prêtes à entrer dans les ruines pour commencer.

Une ombre noire s’écoula de la pointe de la lame de l’Éclat de Minuit. S’accumulant sur le sol, elle le fixait avec sarcasme.

Sunny la fixa en retour.

“Quoi ?”

L’ombre secoua la tête et ne répondit pas, le forçant à se détourner avec un haussement d’épaules confus.

“Peu importe. Ah, il semble que nous ayons des invités. Que faire, que faire ? C’est le bazar ici !”

Regardant autour de lui, Sunny soupira, jeta un coup d’œil au cadavre du monstre une fois de plus, et invoqua le kunai. La meilleure chose à faire était de s’enfuir. Qui savait exactement ce qui produisait ces bruits de pas ? Peut-être était-ce un groupe de personnes, peut-être était-ce une Créature de Cauchemar avec beaucoup de pieds. C’était mieux de ne pas le découvrir.

Mais il n’avait pas encore fini de chasser. Il devait encore obtenir ses trophées…

“Va jeter un coup d’œil.”

Renvoyant l’ombre, Sunny s’agenouilla et commença à couper la chair coriace de la créature morte. Sans l’effet de l’ombre, découper le Dévoreur Sanguinaire n’était pas aussi facile. Toutefois, il réussit quand même à trouver le premier éclat d’âme assez rapidement. Plus qu’un…

Pendant ce temps, l’ombre avait découvert les visiteurs indésirables. Six humains marchaient prudemment le long du chemin étroit dans les ruines de pierre, éclairant leur chemin avec une lanterne bleue fantomatique.

C’étaient tous des hommes robustes, portant des armures dépareillées et armés jusqu’aux dents. Leurs yeux étaient froids et sévères.

Sunny haussa les sourcils.

“Mon Dieu, oh mon Dieu. Ce sont vraiment des gens. Qu’est-ce que font les hommes de main de Gunlaug devant les murs du château au milieu de la nuit ?”

Gunlaug était le propriétaire du château et le roi autoproclamé de cet endroit odieux. Chaque Dormeur du Rivage Oublié était obligé de le servir ou de lui payer un tribut. Et encore, ces derniers ne vivaient généralement pas longtemps.

Laissant de côté l’Éclat de Minuit et le Rocher Perroquet, Sunny se concentra sur la recherche du second éclat d’âme. Il voulait quitter la rue avant l’arrivée de ces messieurs.

Mais le cercle de lumière bleue approchait trop vite…

Apercevant enfin le cristal lumineux, Sunny l’attrapa et le cacha dans son armure. Puis il laissa tomber le kunai sur le sol et fit plusieurs pas en arrière.

Mais il était trop tard. Ils l’avaient déjà vu.

“Faites attention ! Il y a un monstre !”

Alors que Sunny reculait, plusieurs armes étaient pointées dans sa direction. Sentant que les choses étaient sur le point de devenir hors de contrôle, il se racla la gorge et dit d’une voix tremblante :

“Oh, oh ! Ne me faites pas de mal ! Je suis un humain !”

En disant cela, il se regarda mentalement.

Avec sa peau d’une pâleur fantomatique et ses cheveux sales, son armure en lambeaux couverte de couches de sang séché et frais, Sunny était en effet facile à prendre pour une Créature du Cauchemar. Il ne faisait pas vraiment attention à son hygiène personnelle et à son apparence ces derniers temps.

Avec un peu de chance, parler dans une langue humaine prouverait son identité. Levant les mains pour montrer qu’il n’était pas armé, Sunny fit un pas en arrière.

Les six Dormeurs étaient vraiment surpris de voir un autre humain aussi loin des murs du château, surtout la nuit. Profitant de leur confusion momentanée, il s’éloigna encore davantage.

“Ne bouge pas !”

Enfin capable de comprendre la situation, l’un des habitants du château siffla un ordre menaçant. Sunny se figea docilement, veillant à ne pas faire de mouvements brusques.

Les invités inattendus se rapprochèrent, jetant un coup d’œil au cadavre du Dévoreur Sanguinaire en passant devant lui. L’un d’entre eux était plus grand et mieux équipé que les autres. Transperçant Sunny d’un regard menaçant, il s’approcha de lui et s’arrêta à un ou deux pas.

L’homme était plus âgé que Sunny de quelques années. Il était grand et musclé, avec une barbe inégale couvrant la partie inférieure de son visage et un regard méchant dans ses yeux bleus larmoyants. D’après son comportement et ses Mémoires, il était facile de dire que le chef du groupe avait passé pas moins de trois ans sur le Rivage Oublié. Il avait de l’expérience et du temps pour devenir plus fort que la plupart des Dormeurs ici.

Mais il était également évident qu’il n’était pas vraiment haut placé dans les rangs de l’armée de Gunlaug. Sinon, son équipement aurait été bien plus impressionnant.

Pourtant, la lourde hache de guerre qui reposait sur l’épaule de l’homme avait l’air bien aiguisée. Il ne lui faudrait qu’une seconde pour abattre cette chose sur la tête de Sunny…

“Qui es-tu ?! Que fais-tu ici ?”

Sunny cligna des yeux plusieurs fois, puis déglutit et répondit prudemment :

“Euh… Je m’appelle Sunless. Je vis ici.”

Le chef du groupe de chasseurs — si c’est ce qu’il était — plissa les yeux.

“Quoi… tu vis ici ? Tu me prends pour un idiot, mon garçon ?! Personne ne peut survivre dans la ville !”

Les autres Dormeurs étaient du même avis — sauf un, qui regardait Sunny avec hésitation. Fronçant les sourcils, il fit un pas en avant et dit d’un ton incertain :

“Attendez, chef. Il pourrait dire la vérité. J’ai entendu dire qu’il y a un jeune fou qui vit seul dans les ruines.”

L’homme le plus grand se renfrogna.

“Comment est-ce possible ?”

Son subordonné jeta un coup d’œil à Sunny et haussa les épaules.

“D’après ce que j’ai entendu, son Aspect permet au garçon de se cacher dans l’ombre. Je suppose qu’il rampe comme un rat et ramasse les restes après que les monstres aient fini de manger. Je ne sais pas vraiment, mais quelqu’un parlait de lui au château. Je pensais que c’était juste une histoire.”

Sunny fronça les sourcils. Fou, garçon, rat… pourquoi est-ce que tout le monde se sentait obligé de l’appeler par son nom ?

Pendant ce temps, le Dormeur serviable réfléchit un peu et ajouta :

“Je pense qu’il est venu en ville avec cette salope, l’Étoile Changeante.”

Le froncement de sourcils de Sunny se transforma en une grimace. Baissant les yeux, il chuchota à son ombre :

“Ces types sont vraiment très grossiers, tu ne trouves pas ?”

Bien sûr, son chuchotement fut facilement entendu par tout le monde. Les Dormeurs le regardèrent avec confusion.

Sunny inclina un peu la tête et ouvrit grand les yeux, comme s’il était choqué par quelque chose.

“Quoi ? Tu penses que je devrais tous les tuer ? Je veux dire… ce n’est pas un peu exagéré ? Je devrais leur donner une chance de s’excuser, au moins.”

Le chef du groupe de chasseurs fit un pas en avant et dit d’une voix basse et grondante :

“Qu’est-ce que tu marmonnes, le rat ?”

Sunny le regarda avec mépris et mécontentement.

“Hé, je parlais à mon pote. Tu pourrais ne pas m’interrompre ?”

Un large et dangereux sourire apparut sur le visage du grand homme. Avec un soupir, Sunny se tourna vers lui et dit :

“D’accord, si tu insistes. Les gars, vous avez offensé ma plus chère amie, Nephis du clan de la Flamme Immortelle. Elle et moi sommes très, très proches. Je vous donne donc une chance de vous excuser pour l’avoir traitée de… eh bien, vous savez. Si vous ne le faites pas, dites adieu à vos vies.”

L’homme plus âgé le fixa pendant plusieurs secondes, puis releva soudain la tête et se mit à rire..

“Oh, elle est bonne celle-là ! Vous avez entendu, les gars ? Cette petite fouine va nous donner une chance. Quelle générosité ! Devrions-nous être généreux nous aussi, hein ? Qu’est-ce que vous en dites ? Le garçon est malade dans sa tête, après tout.”

Les cinq autres Dormeurs ne partageaient pas son enthousiasme. L’un d’eux sourit sombrement et dit :

“Non, chef. Je pense que nous devrions juste le tuer. Mettre fin à la misère de ce pauvre idiot, vous savez.”

Pendant ce temps, le Dormeur qui avait collaboré à l’histoire de Sunny auparavant fronçait à nouveau les sourcils.

“Attendez, les gars… c’est l’un des membres de l’Étoile Changeante, vous vous souvenez ? Le groupe original, je veux dire. Ils avaient survécu à deux mois entiers dans le Labyrinthe par leurs propres moyens. Nous ne devrions pas les sous-estimer…”

Toutefois, le chef l’interrompit avec une moquerie méprisante.

“J’ai entendu dire que la Sainte Nephis a porté deux sacs de merde inutiles sur son dos jusqu’au château. Cette salope aime s’occuper des faibles, non ? Sa délicieuse petite amie est aveugle, pour l’amour de Dieu ! Je suis sûr que celui-ci n’est pas mieux.”

Puis, il se tourna vers Sunny et sourit.

“Je vais te dire, rat. Donne-nous tous tes Mémoires, et nous serons assez généreux pour te laisser vivre. ”

Si un Éveillé mourait, ses Mémoires disparaissaient avec lui. Le seul moyen d’obtenir les Mémoires était d’obliger le propriétaire à les transférer de son plein gré. Cependant, que cette volonté soit affectée ou non par la coercition ou la torture n’avait pas vraiment d’importance. Du moins, pas pour des gens comme eux.

Sunny cligna des yeux.

“Alors tu ne vas pas t’excuser ?”

Le grand homme sourit.

“Je ne pense pas.”

Sunny soupira.

“Ah bon. Alors tu veux mes Mémoires, hein ? J’en ai quelques-uns. Laisse-moi réfléchir… euh… que penses-tu de celui-là ?”

Baissant une main, il invoqua le Rocher Perroquet. Il apparut immédiatement dans sa paume, aussi ennuyeux et ordinaire que d’habitude.

Le chef du groupe de chasseurs fronça les sourcils, ne quittant pas des yeux le visage de Sunny. Malgré son apparence grossière, il était paranoïaque et prudent. Des années d’expérience lui avaient appris à ne jamais baisser sa garde.

Un moment plus tard, le rocher parla :

“Derrière toi !”

C’était le plus simple des tours…

Le grand homme grimaça, tout en continuant à regarder Sunny dans les yeux.

“Tu penses vraiment que je me laisserais prendre à…”

Malheureusement, avant qu’il n’ait fini de parler, la lame du kunai le frappa par derrière, pénétrant l’arrière du crâne de l’homme et le tuant sur le coup.

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