The Beast Tamed By The Villainess - Chapter 4
Chapitre 4
Traducteur/Checker : Rosie_Alfheim
Team : World Novel
J’en avais déjà vu dans des films, mais c’était la première fois que j’en utilisais une en vrai.
En plus, contrairement à celles qu’on trouve de nos jours, cette plume n’avait même pas de pointe en métal au bout. Elle avait l’air tellement fragile.
Bon, au moins j’ai un stylo…
Ah ! Le flacon d’encre, où est-ce qu’il est ?
Le bruit sourd de mon cœur battant résonnait jusque dans mes oreilles. Plus j’étais tendue, plus mon rythme cardiaque s’emballait. À ce rythme, j’allais vraiment perdre la tête. Je me mis à fouiller frénétiquement les tiroirs du bureau. En les ouvrant et les fermant sans ménagement, les glissières grincèrent dans un son désagréable.
Heureusement, tout en bas, je tombai sur un flacon d’encre noir dont l’ouverture était bien bouchée. Je retirai précipitamment le bouchon en liège et y plongeai l’extrémité de la plume.
« Comme ça, je suppose… »
Habituée aux stylos à bille industriels, la sensation de cette plume me semblait totalement étrangère. Je n’avais vu que de vagues scènes dans des films, alors je n’étais pas vraiment sûre de savoir comment m’en servir. Je fis de mon mieux pour relâcher la pression dans ma main et pris la plume délicatement.
- Magnus s’enfuit à 23 ans. Il rencontre l’héroïne à ce moment-là et vit avec elle pendant six mois. Vers le printemps de ses 24 ans, il retourne à la capitale et assassine ses deux frères aînés.
C’est là que je me posai une question. Pourquoi Magnus a-t-il tué ses deux frères ? C’était pourtant la seule famille qu’il avait retrouvée. L’auteur n’avait jamais vraiment expliqué cette partie, et je me souviens avoir vu beaucoup de commentaires disant qu’il était devenu complètement fou à force d’être enfermé.
Mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’il devait y avoir une raison.
Seuls l’auteur… ou le Magnus du futur connaissent la vérité.
- L’empereur, gravement malade, croit que ses deux fils sont morts dans un accident. Il transmet donc le trône à Magnus avant de mourir. C’était l’hiver de ses 24 ans.
Je notai soigneusement tout ce dont je me souvenais, ligne après ligne.
À force d’écrire avec la plume, je commençais à m’y habituer.
- Devenu empereur, Magnus se met aussitôt à la recherche de ceux qui l’avaient kidnappé. Il convoque l’héroïne qui lui avait sauvé la vie.
- Il organise une réception par mois, obligeant toutes les jeunes femmes de 17 à 26 ans en âge de se marier à y participer.
- Deux ans après son accession au trône, en hiver, Magnus finit par retrouver Ilyana Glayne, alors âgée de 25 ans.
- Au printemps de ses 26 ans, la famille Glayne disparaît de l’histoire. Tous les membres partageant le sang des Glayne sont exécutés sous les yeux d’Ilyana.
- En été, la même année, Ilyana est exilée dans une cabane, après avoir été emprisonnée.
- Après cela, il n’y a plus aucune mention d’Ilyana. Magnus épouse l’héroïne et vit heureux avec elle.
Voilà toute l’histoire d’Ilyana Glayne et Magnus de Claude.
En résumé… je vais mourir dans quatre ans.
Enfin, pas exactement mourir, mais mener une vie qui y ressemble.
Le roman ne décrivait pas comment elle vivait après avoir été enfermée.
Mais tant que je reste dans ce corps, tous les péchés d’Ilyana Glayne me seront imputés.
« Voilà ce qui m’attend. »
Alors il me reste un peu de temps, deux ans pour fuir. Il faut que je libère son esprit, que je désintoxique son corps et que je le ramène à la capitale dans ce délai.
Et moi ensuite…
Comment faire pour qu’on ne me soupçonne pas ?
Il me fallait un moyen de m’éloigner des gens sans que ça paraisse bizarre, même si je changeais soudainement.
« Ah, ce monde est si pourri que j’ai envie de tout quitter et d’entrer dans un monastère. »
« Tu crois en Bouddha ? »
« Non, c’est pas vraiment ça. »
Je me rappelai soudain une scène d’un drama où un personnage râlait auprès du héros.
J’avais bien rigolé à l’époque.
« Êtes vous croyant ? »
Ce n’est pas une mauvaise idée. Voilà pourquoi il faut toujours regarder de tout.
Il n’y a sûrement pas de Bouddha ou de temples ici, alors…
Dans ce monde, l’équivalent serait… une Sœur ?
Je hochai la tête.
« Faisons pénitence. »
Dans le roman, Ilyana Glayne était quelqu’un de terriblement avide et insensible à la douleur des autres quand elle était face à Magnus. Mais dans les cercles mondains, elle avait une image tout à fait opposée : douce, généreuse. Elle ne se salissait jamais les mains mais manipulait les autres par ses mots.
Elle savait parfaitement dire des choses comme : « J’ai entendu des rumeurs à ce sujet… »
Autrement dit, une vraie manipulatrice sociopathe, très influente en société. Elle se délectait parfois de la souffrance des autres. Et elle était intelligente, fascinée par la façon dont les gens réagissaient dans certaines situations.
Fille unique d’un marquis, elle n’avait jamais manqué de rien.
Chacun de ses gestes semblait empreint d’une noblesse naturelle, et les gens l’admiraient pour cela.
Donc… Je deviendrai une fidèle croyante.
Même sans être sœur, tant que j’ai la foi, je peux être croyante.
« Je dois apprendre à désintoxiquer son corps. Trouver un moyen de briser son lavage de cerveau aussi. »
Je ne pense pas que je ne pourrais jamais finir comme Ilyana dans le roman. Je ne suis pas capable d’aller aussi loin.
Et puis, même si je me retrouvais enfermée dans une cabane, qui sait ce qui m’attendrait ?
Vivre toute une vie enfermée dans une cabane…
Certes, mon objectif est de retourner dans mon monde, mais il faut tout de même prévoir le pire. Rien que d’y penser, c’est terrifiant.
Knock knock. Quelqu’un frappa à la porte.
Je pliai en deux la feuille que j’écrivais, la rangeai avec l’encre dans le tiroir et me levai pour aller m’asseoir sur le lit.
« Entrez. »
Je n’aimais pas devoir forcer ma voix à paraître plus douce. Peut-être qu’à force de la forcer, ma gorge allait s’abîmer pour de bon.
« Vous êtes réveillée, mademoiselle Ilyana ? »
« Oui, que se passe-t-il ? »
Je fis de mon mieux pour paraître naturelle. Étant toujours du côté des subordonnés, je n’étais pas à l’aise à l’idée de donner des ordres.
« Aujourd’hui a lieu le thé chez les Marquis Daisy. Si vous ne commencez pas à vous préparer maintenant, cela risque d’être un peu juste. »
« Ah, annule-le, s’il te plaît. »
« Pardon ? »
« Annule tous les rendez-vous de la semaine. »
Sans montrer la moindre surprise, la domestique s’inclina aussitôt. Son attitude me laissa un goût amer dans la bouche. Je supposais qu’Ilyana n’était pas non plus une bonne maîtresse à leurs yeux.
« Que dois-je dire comme raison ? »
« Que je ne me sens pas bien. »
« Très bien, je le transmettrai ainsi. »
Son ton respectueux et ses gestes mesurés me crispèrent un peu plus.
« Souhaitez-vous prendre votre repas dans la salle à manger ou dans votre chambre ? »
« Dans ma chambre. »
« Très bien. »
La domestique commença à remettre les draps en ordre, et je me replongeai dans mes pensées. Je me souvenais qu’il y avait un grand temple dans la capitale.
Je pourrais m’y inscrire comme croyante, prier tous les matins… Non, tous les jours, et montrer ma piété.
« Je vais y aller. »
Elle s’inclina profondément, ayant terminé son travail.
« Attends. »
« Oui, mademoiselle. »
« Trouve quelqu’un de discret, qui s’y connaît un peu en poisons et en plantes médicinales. Amène-le-moi en toute discrétion. »
Juste d’imiter la façon de parler d’Ilyana me donna la chair de poule. Je ne m’y faisais pas.
Nous venions de deux mondes bien trop éloignés.
« Je m’en occuperai. »
« Le plus vite possible. »
« Bien. Je vous ferai aussi monter votre repas. Et si vous avez d’autres obligations, je vous aiderai à vous préparer. »
C’était étrange d’être servie ainsi par une femme qui semblait avoir vingt ans de plus que moi.
« Merci. »
Je fis semblant de ne rien ressentir, mais au fond, je savais que je devrais petit à petit me détacher de ce genre de vie. Et puis, ce rôle de pieuse croyante était très pratique.
Une excuse pour mener une vie austère et s’éloigner des mondanités.
Seigneur, pardonne-moi.
Je paierai tout une fois rentrée dans le monde réel…
Je murmurais une prière intérieurement tandis que la domestique m’aidait à me préparer.
Je n’aimais pas vraiment qu’on me touche autant, mais bon.
« Peut-être pourriez-vous prendre un bain en attendant que le repas soit prêt ? »
« D’accord. »
En entrant dans la salle de bain, une autre domestique nous rejoignit. L’une d’elles commença à remplir la baignoire, tandis que l’autre m’aida à retirer ma nuisette.
Ce corps n’était pas le mien, et pourtant il semblait tout se rappeler. Mes bras se levaient d’eux-mêmes, comme si chaque geste avait été ancré dans cette chair. Le contact physique ne me gênait même pas. Et pourtant, je n’avais jamais supporté qu’on me touche dans ma vraie vie.
Pas de miroir dans la salle de bain ?
C’est bizarre, normalement, il y en a toujours un ici, non ?
Je penchai un peu la tête, intriguée. Les domestiques baissaient les yeux.
« L’eau est prête. Appelez-nous quand vous aurez fini. »
D’habitude, les domestiques assistent au bain du début à la fin, non ?
Mais là, elles quittèrent précipitamment la pièce, comme si elles fuyaient.
Je fronçai les sourcils, perplexe, et me penchai pour mettre un pied dans l’eau.
C’est alors que mon visage se figea.
« C’est quoi, ça… ? »
Mes cuisses étaient couvertes d’ecchymoses d’un bleu profond. Elles devaient dater d’un moment déjà. Certaines étaient en train de se résorber, perdant leur couleur. Il y avait aussi des égratignures plus anciennes. Je scrutai alors le reste de mon corps. Mes bras n’étaient pas en reste.
Je comprenais mieux pourquoi Ilyana portait toujours des manches longues, même en été.
Et ce genre de détails… n’étaient jamais mentionnés dans le roman.