Shadow Slave - Chapitre 2230

Chapitre 2230 – Cadeau du Seigneur

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Effie bougea légèrement, déplaçant son poids loin de la lance afin de pouvoir la relever rapidement, si nécessaire.

Regardant Mordret calmement, elle dit :

« En fait, je suis aussi curieuse. Pourquoi perds-tu encore ton temps ici ? Ne sais-tu pas que votre père est en train de combattre Ki Song ? Si tu ne te dépêches pas de t’éclipser, elle le tuera toute seule. Ce serait plutôt triste, non ? Enfin, puisque tu es obsédé par la vengeance à un point démentiel. »

Le sourire de Mordret s’élargit un peu.

« Oh, je te remercie pour ton inquiétude. Pour être honnête, je serai assez inconsolable si quelqu’un le tue avant moi. Furieux, même… et très, très en colère contre la personne qui m’a privé du plaisir de le tuer moi-même. Mais ne t’inquiète pas, je partirai en direction de Godgrave dès que j’en aurai terminé ici. »

Il regarda Effie avec une expression ouvertement dédaigneuse.

« …Ça ne devrait pas me prendre beaucoup de temps pour tout mettre en ordre, de toute façon. »

Elle sourit.

« Tu dis ça, mais pendant toutes ces années, tu n’as jamais osé essayer de te glisser dans mon âme. Tout le monde a peur de Son Altesse Royale, le Prince Mordret de Nulle Part, mais je me suis toujours doutée que tu n’étais qu’un beau parleur… enfin, au sens figuré du terme. Tu sais, nombres d’entre nous chassaient des Créatures du Cauchemar et luttaient pour leur survie chaque jour pendant que tu restais assis dans une cellule de prison parfaitement sécurisée, à ne rien faire. »

Effie ricana.

« Même Morgan est meilleure que toi — et elle porte littéralement sa cuillère d’argent partout où elle va, remarque. Elle a été assez courageuse pour laisser son âme grande ouverte, au moins… et pourtant, qu’as-tu fait en dépit d’une invitation aussi effrontée ? Rien du tout. Pendant tous ces mois, tu ne l’as pas défiée en duel d’âmes. Pourquoi ? Parce que cela aurait mis ta vie en danger ? Les autres doivent prendre ce risque tout le temps, tu sais. N’es-tu donc qu’un lâche ? »

Mordret continua à la regarder avec un sourire agréable, ses étranges yeux en miroir semblaient briller dans l’obscurité avec le pâle éclat de la lumière de la lune qui s’y reflétait, ce qui lui donnait un air assez sinistre.

« Quelle éloquence inattendue. Serais-tu par hasard en train de gagner du temps, Sainte Athena ? »

Effie sourit sombrement.

« …Oups. Tu m’as démasqué. »

Il secoua la tête.

« C’est une tentative plutôt maladroite. Quel est ton plan, d’ailleurs ? Tu n’as certainement pas l’intention de te battre seule contre moi et ma collection d’atours Transcendants. Ce serait un peu trop, même pour quelqu’un d’aussi peu avisé que toi. »

L’heure de vérité avait sonné.

La lune devait déjà avoir atteint une certaine hauteur au-dessus du Bastion illusoire.

Effie prit une profonde inspiration.

« J’ai eu le sentiment que tu m’as traitée d’idiote. Mais si un fou traite quelqu’un d’idiot, c’est un compliment, non ? Oh, au fait, Altesse… je voulais te poser une question. Te souviens-tu du Seigneur des Ombres ? »

Le sourire de Mordret se fit un peu forcé.

« Le Seigneur des Ombres ? Ah oui, je m’en souviens… Il m’a fait très peur, la dernière fois que nous nous sommes rencontrés. Un homme pour le moins inhabituel. Que sait-on de lui ? »

Effie secoua lentement la tête.

« Eh bien, il semble que tu aies laissé une impression, toi aussi. Assez pour qu’il veuille t’envoyer un petit cadeau. »

Entouré par les figures imposantes de ses vaisseaux Transcendants, Mordret se permit de froncer légèrement les sourcils.

« Un cadeau, dis-tu ? Il n’aurait pas dû. »

Tandis que ses vaisseaux se déplaçaient, Mordret demanda agréablement :

« Quel est donc ce cadeau ? »

Effie recula d’un pas tandis qu’elle activait le Médaillon de la Bête Noire et invoquait ce qu’il cachait dans le monde.

Je n’arrive pas à croire que j’ai laissé ce salaud m’entraîner là-dedans…

Son médaillon contenait la Ferme des Bêtes et servait parfois de base mobile pour l’Armée des Loups.

En ce moment, cependant, quelque chose d’autre y avait élu domicile.

Quelque chose qui lui donnait la chair de poule et des sueurs froides le long de la colonne vertébrale. Comme si elle était assise sur une bombe.

Effie adressa un large sourire à Mordret.

« Oh, pas grand-chose… eh bien, vois par toi-même. »

Dans l’instant qui suivit, quelque chose d’énorme apparut sur les décombres entre elle et Mordert, masquant ce dernier de toute visibilité.

C’était une imposante montagne de chair grise envahie de mousse écarlate, d’où partaient une centaine de membres répugnants comme une effroyable forêt.

Dès que cette chose s’échappa du médaillon, Effie se trouva soudain dans l’incapacité de respirer.

Une présence terrifiante s’écrasa sur elle, la plaquant au sol. Ses yeux s’écarquillèrent et un gémissement involontaire s’échappa de ses lèvres.

Elle ne pouvait même pas regarder directement la créature, craignant que son esprit ne soit blessé par ce qu’elle voyait — ce qui n’était pas le cas, puisqu’elle était déterminée à éviter de la regarder à tout prix.

Ce n’était pas tous les jours que l’on se retrouvait à quelques pas d’un Démon Maudit.

Un Démon Maudit qui se réveillait d’un sommeil artificiel, bercé en quelque sorte par le Seigneur des Ombres.

La forêt de membres répugnants s’agita, et d’innombrables yeux monstrueux s’ouvrirent subitement sur l’étendue grise du corps informe de l’être terrifiant.

…Effie détalait déjà, se dirigeant vers le point des ruines où le vrai Bastion et sa copie illusoire étaient reliés.

Mordret, quant à lui, réagit quelques instants trop tard. Il lui avait fallu tout ce temps pour se rendre compte de ce qu’il regardait.

Mais il était déjà trop tard, justement parce qu’il avait regardé.

Car il existait dans le Royaume des Rêves des créatures capables de sentir le regard de quelqu’un, et de lui rendre la pareille.

Le Démon Maudit prit conscience de Mordret en même temps que Mordret prenait conscience de lui.

Effie sentit les ruines trembler et un bruit assourdissant l’envahir alors qu’elle courait.

…Ne te retourne pas.

Soit le Démon Maudit tuait Mordret, soit il ne le faisait pas. Quoi qu’il en soit, le Prince de Rien serait préoccupé pendant un certain temps — avec un peu de chance, jusqu’à la fin de la bataille de Godgrave.

Déchaîner un Maudit au cœur du Domaine de l’Épée était… un choix pour le moins sous-optimal. Toutefois, Effie serait en mesure d’inverser le véritable Bastion et sa version illusoire après avoir conquis la Citadelle, faisant ainsi du premier une prison pour la terrifiante créature et la contenant à l’intérieur du Grand Miroir.

Ils étaient suffisamment désespérés pour prendre le risque, et Mordret était suffisamment dangereux pour ne prendre aucun risque.

Utilisant toutes ses incroyables prouesses physiques, Effie traversa les ruines en un éclair.