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Chapitre 2197 – Chaudron en Ébullition

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Rain ne put voir le prisonnier que Sainte Seishan était censée escorter. Elle entrevit la belle princesse elle-même, dont la présence était toujours aussi apaisante toutefois, une étrange escorte de pèlerins au regard vide se trouvait sur le chemin, de sorte qu’il était difficile de voir qui avait été capturé par la fille de la Reine.

Rain resta dans l’ombre, adossée au mur d’une armurerie parmi d’autres soldats désœuvrés. Son frère resta silencieux jusqu’à ce que l’étrange convoi de prisonniers disparaisse, se dirigeant vers le donjon de pierre où, selon les rumeurs, résidait la Reine en personne.

Après quoi, il se détacha brusquement de son ombre.

« Je vais aller fouiner un peu. Ne t’attire pas d’ennuis pendant mon absence. »

Rain se moqua.

« Qui suis-je, une gamine ? Pourquoi aurais-je des ennuis ? »

Il resta silencieux quelques instants, avant de dire d’un ton dubitatif :

« Ouais… »

Ce disant, l’ombre s’éloigna furtivement.

Rain soupira, étira son corps fatigué et se remit au travail. Elle passa un peu de temps à obtenir des rations d’eau et à remplir la Gourde Verte, puis attendit encore un peu pour obtenir un lot de fagots de chauffage synthétique pour leur feu de camp.

Au bout d’un moment, elle retourna dans la partie du camp attribuée à la Septième Légion Royale et retrouva sa cohorte. Ils firent un feu, l’allumant avec une Mémoire, et firent bouillir de l’eau pour préparer du café en poudre la boîte presque vide était un luxe que Ray avait gagné d’un officier lors d’une partie de cartes. Ensuite, ils mirent une marmite sur le feu pour préparer le ragoût habituel de l’Armée du Chant.

Rain regardait distraitement les emballages en papier d’aluminium estampillés des briques de combustible synthétique, tandis que le vent les faisait glisser sur la surface de l’os du dieu mort. Le contraste entre le banal et le mystique était assez évocateur… mais elle n’était pas sûre de savoir ce que c’était.

Finalement, elle soupira et regarda Tamar.

« J’ai vu la Princesse Seishan pendant que j’allais chercher de l’eau. »

Tamar se contenta de regarder le feu.

« Oh. »

Le Saint de Sorrow avait déclaré qu’il parlerait à la princesse une fois qu’elle serait de retour au campement. Par conséquent, ils allaient sans doute bientôt quitter cet endroit épouvantable.

Rain se sentait… en conflit avec cette perspective. Bien sûr, elle ne souhaitait rien de plus que la fin de cette horreur. Mais d’un autre côté, elle se sentait mal à l’aise à l’idée de laisser ses compagnons d’armes derrière elle et de s’enfuir en lieu sûr simplement parce que son amie avait des relations au sommet de la hiérarchie.

Tout le monde n’avait pas un père Transcendant. Qu’allait-il arriver aux innombrables jeunes soldats qui n’en avaient pas ?

Elle avait une assez bonne idée de ce qui leur arriverait à des milliers d’entre eux, du moins et ne savait pas ce qui la hanterait le plus. Le siège éprouvant ou le fait de s’enfuir comme une lâche ?

C’est comme ça que ça marche.

Les autres membres de la cohorte semblaient être en proie aux mêmes pensées, si bien que personne ne dit rien pendant un long moment. Cependant, leur silence était une réponse en soi. En fin de compte, l’instinct de conservation semblait l’emporter sur le sens erroné de la dévotion.

Ce n’était pas très surprenant. De nombreuses personnes étaient des idéalistes lorsqu’elles s’étaient engagées dans l’Armée du Chant. Mais après avoir connu les horreurs de la guerre, leur vision du monde avait irrémédiablement changé, et leur cœur aussi… la dévotion était une monnaie rare à Godgrave de nos jours. Du moins, la dévotion envers les symboles qui leur avaient fait défaut, et envers les chefs qui les avaient conduits en enfer.

Rain et ses amis avaient déjà beaucoup combattu et saigné pour le Domaine du Chant. Devaient-ils vraiment insister pour rester alors que quelqu’un leur disait… leur ordonnait de partir ?

Elle se noyait encore dans le doute, et le ragoût bouillonnait toujours dans la marmite quand une sorte d’agitation sembla se produire autour d’eux. Levant les yeux, Rain remarqua qu’il y avait plus de mouvement que d’habitude dans la vaste cour de la forteresse du Grand Croisement.

Le camp tout entier semblait en ébullition, à l’image du ragoût.

Hein ? Il va y avoir un autre assaut ?

Cela n’avait pas beaucoup de sens. La bataille venait de s’achever, et même si l’Armée de l’Épée avait décidé d’attaquer deux fois en une journée, cela n’aurait pas causé autant d’activité. Ceux qui devaient garder le mur étaient déjà sur les remparts, après tout, puisque tout le contingent travaillait à la défense de la forteresse par roulement.

Qu’est-ce qui se passe ?

Au moment où Rain pensait cela, Tamar attrapa un soldat qui passait par là et lui demanda d’un ton incrédule :

« Que se passe-t-il  ? »

Il la regarda avec des yeux écarquillés.

« Q-Quoi ? Dame Tamar, vous n’avez pas entendu ? »

La Septième Légion Royale avait subi de lourdes pertes au cours du siège comme toutes les autres légions de l’Armée du Chant de sorte qu’il y avait des trous béants dans la chaîne de commandement. Les nouveaux ordres ne parvenaient plus aux soldats aussi rapidement qu’auparavant.

Certes, Tamar était une officière, mais c’était un peu étrange qu’elle ne soit pas au courant.

« Entendu quoi ? »

Le soldat la fixa d’un air hébété pendant quelques instants.

Ce dernier semblait à la fois excité et terrifié… mais surtout terrifié.

Finalement, il prit une grande inspiration et parla fort, une lueur fébrile apparaissant dans ses yeux.

« Une attaque ! Nous attaquons ! »

Tamar fronça les sourcils, avant de demander en mettant l’accent sur le mot « nous » :

« Quoi… que veux-tu dire par, nous attaquons ? »

Il eut un sourire noir.

« C’est exactement ce que j’ai dit ! L’ordre vient d’être donné par la Reine. Nous abandonnons la forteresse, traversons le gouffre et prenons d’assaut le camp de l’Armée de l’Épée toutes les légions, toutes les troupes auxiliaires, même les Saints. C’est une offensive totale ! »

Tamar laissa partir le soldat, stupéfaite. Il s’éloigna précipitamment, disparaissant peu à peu de son champ de vision.

Rain, Tamar, Ray et Fleur se regardèrent mutuellement.

Finalement, Ray ouvrit la bouche et dit d’une voix tremblante :

« Donc… je suppose que nous ne deviendrons plus les escortes des caravanes ? »

Rain pinça les lèvres.

« L’ordre semble avoir été donné presque immédiatement après le retour de la Princesse Seishan. Donc, le Saint de Sorrow n’a peut-être pas encore eu l’occasion de régler les choses avec elle. Ou bien il l’a fait, mais le transfert s’est perdu dans le chaos. Quoi qu’il en soit, si nous voulons partir… nous le pouvons encore. »

L’assaut du camp de siège de l’Armée de l’Épée… une offensive totale… les Saints se joignent au combat.

C’est fou ! Cela semblait fou !

Mais à quoi diable pense la Reine ?

Rain regarda Tamar.

« Alors, on part ? »

Tamar croisa son regard sans expression.

Elle resta silencieuse quelques instants, puis dit d’un ton égal :

« Je n’ai pas reçu l’ordre de transfert. J’ai donc bien l’intention de rester. »

Rain soupira.

Évidemment. C’était sûr qu’elle resterait.

Foutus Héritiers…

Secouant la tête, elle tourna la tête et regarda le ragoût bouillonnant avec regret.

« Pourquoi restons-nous là à attendre, alors ? Nous devons commencer à rassembler nos affaires. Même si nous allons marcher vers la bataille au lieu de nous enfuir, nous abandonnons quand même le camp. Alors, rassemblez vos affaires rapidement ! »

…Quelque temps plus tard, son frère se faufila à nouveau dans son ombre. Il s’y installa, resta silencieux un moment, puis demanda avec incrédulité :

« Je ne t’ai pas dit de ne pas t’attirer d’ennuis ? »

Rain haussa les sourcils.

« C’est le cas, non ? »

Il soupira.

« Regarde autour de toi. »

Tout autour d’eux, l’Armée du Chant bouillonnait alors qu’elle se préparait à partir au combat… peut-être la dernière bataille de cette guerre infernale. Les légions se rassemblaient en colonnes de marche, les Créatures du Cauchemar envoûtées, rugissaient avec frénésie, et les Saints invoquaient leurs Mémoires de combat, prêts à mener la charge.

Son frère inspira lentement, puis grogna :

« …Ça ressemble à des ennuis pour moi ! »

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