6601-chapitre-2196
Chapitre 2196 – Vérité et Fortune
Traducteur/Checker : Gray
Team : World Novel
De retour dans la salle du trône, Seishan fit un pas en avant et se plaça à l’endroit où Cassie s’était agenouillée. Elle ne s’abaissa pas pour autant et resta droite en regardant sa mère.
La Reine la regarda d’un air distant. Au bout d’un moment, elle soupira.
« Je pense que tu as une idée de ce qu’il faut faire maintenant. »
Seishan acquiesça sèchement.
« Oui, mère. »
Ki Song la regarda et sourit ironiquement.
« N’essaie pas de me tromper avec cette expression raffinée, ma fille. Tu n’as pas du tout changé par rapport à l’époque où tu étais petite comme une souris… allez, viens-en au fait. Je vois que tu as des questions. Ce que j’ai dit était-il si surprenant ? »
Seishan hésita quelques instants, avant de s’incliner légèrement et de dire d’un ton réservé :
« Alors, je vais demander. J’ai en effet des questions… deux, pour être précise. »
La Reine attendit en silence. Seishan releva la tête et regarda sa mère avec un soupçon d’émotion sombre dans les yeux.
« Tu as dit qu’il fallait s’occuper d’Étoile Changeante… sans autre raison qu’une logique froide. Que tu ne laisserais pas l’enfant de ton ennemi en vie, sachant qu’il pourrait revenir se venger un jour. C’est vrai ? »
Ki Song haussa les sourcils.
« Tu devrais être au courant de nos efforts passés pour effacer le clan de la Flamme Immortelle de l’existence depuis un moment déjà. Ah, je vois… ce n’est pas l’acte lui-même qui a éveillé ta curiosité, mais la motivation. Je suppose que c’est vrai. Cela dit, je n’ai pas l’habitude d’éliminer des enfants. Ce ne sont pas tous les ennemis qui doivent être effacés sans laisser de traces. »
Elle soupira.
« …Mais la petite Nephis oui. Parce qu’elle est la fille d’Épée Brisée et de Sourire du Ciel, l’héritière de Flamme Immortelle — une enfant comme elle n’aurait jamais pu devenir une moins que rien. La laisser en paix était trop dangereux. »
Seishan resta silencieuse un moment. Après quoi, elle demanda d’un ton égal :
« Alors, est-ce que moi et mes sœurs seront éliminées pour la même raison, si tu succombes lors de la bataille contre le Roi des Épées ? »
Les jeunes morts se mirent à rire, et Ki Song elle-même sourit d’un air amusé.
« Pourquoi ? Tu n’as pas confiance en ta mère ? »
Seishan s’attarda sur la réponse.
Finalement, elle regarda la Reine avec une expression inébranlable.
« Je… Je crois que tu gagneras. »
Ki Song gloussa.
« Pourquoi ? »
Seishan fronça les sourcils et resta silencieuse quelques instants. Elle reprit ensuite d’un ton ferme :
« Parce que nous sommes du clan Song. Le Roi des Épées a reçu son royaume et sa Lignée d’autres personnes… mais tu les as gagnés toi-même. Il avait tout, alors que toi, tu es partie de rien. Tu t’es battue, tu as luttée pour obtenir la moindre parcelle de ce qu’il avait reçu gratuitement. Il est arrogant, tandis que tu es prudente. Mais surtout… »
Elle marqua une pause.
« Tu as trop de choses à perdre, alors que lui n’a rien. Il n’a rien à protéger, parce qu’il a déjà tout perdu… et donc, il n’a que de la détermination — pas de désir. Il ne veut pas gagner. Mais toi, tu le veux désespérément. »
Les jeunes morts rirent doucement.
« Alors… tu traites ta mère de désespérée ? »
L’expression de Seishan changea légèrement.
« Ce n’était… pas ce que je voulais dire. »
Les marionnettes rirent à nouveau, tandis que Ki Song secoua la tête.
« Non, tu as raison, ma sage fille. Cet homme a la Volonté… mais n’a rien d’autre que celle-ci. Au fond, il ne se soucie pas vraiment de gagner — il ne se soucie de rien. Un homme qui n’a rien à perdre est dangereux, mais aussi pitoyable. »
Elle secoua légèrement la tête.
« Cependant, tu te trompes aussi en pensant que j’ai tout réussi par moi-même. Que je n’ai eu aucune aide et que personne ne m’a rien donné. En fait, j’ai reçu de nombreux cadeaux… l’amour de ma mère, la gentillesse d’étrangers, la foi et la loyauté de ceux qui m’ont suivie, l’attention de mes filles. C’est juste que j’étais jeune et naïve à l’époque, pleine de ressentiment et de colère. C’est ainsi que je suis devenue assez impitoyable pour survivre dans ce monde, et que j’ai vécu assez longtemps pour devenir plus sage et reconnaître ma fortune. Alors qu’Anvil… ce pauvre homme a eu bien moins de chance que moi. »
Elle soupira et détourna le regard.
« N’est-ce pas amusant ? Je suis une descendante du Dieu Bête, la déesse du cycle de la mort et de la renaissance — et pourtant, je suis incapable de donner naissance, et je ne peux pas non plus mourir. Quant à Anvil, il est le descendant du Dieu de la Guerre, la déesse de la vie. Et pourtant, il s’est transformé en cadavre vivant. Quelle ironie amère est-ce là ? »
Ki Song s’attarda un moment, puis se tourna vers Seishan.
« Tu avais une autre question, n’est-ce pas ? »
Seishan acquiesça.
« Oui. »
Elle attendit un peu, avant de demander avec hésitation :
« À ce moment-là… pourquoi as-tu accepté de répondre aux questions de Cassia ? Tu n’en avais nullement besoin. »
La Reine sourit doucement et détourna le regard, ses marionnettes ne parlèrent pas pendant un moment, mais finalement, l’une d’entre elles répondit d’un ton légèrement mélancolique :
« Son vrai nom est Chant des Déchus. Les Noms sont l’expression de la vérité de chacun, ainsi que de son destin. Son destin est d’être témoin… de se souvenir. Alors… »
Ki Song s’attarda un instant.
« L’histoire est écrite par les vainqueurs, Seishan. Quel que soit le vainqueur de cette guerre, la vérité de ce qui s’est passé sera transformée en arme et déformée. Mais je voulais que quelqu’un se souvienne de la vérité — de ma vérité, du moins — dans sa forme la plus pure, quoi qu’il arrive. Même s’il ne s’agit que d’une seule personne. Pardonne à ta mère cette petite indulgence… mais je voulais qu’on me témoigne. »
Seishan resta silencieuse.
Finalement, elle acquiesça.
« Je comprends. »
Ki Song poussa un long soupir.
« Dans ce cas… »
Son expression changea, devenant froide et royale. Elle se redressa sur son trône, et sa belle silhouette parut soudain imposante et dominatrice.
Les jeunes morts parlèrent solennellement :
« Seishan du Clan Song. Écoute les ordres de ta Reine… »