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6480-chapitre-2

« Quoi ? Euh… Vous voulez que je rende vos lances et vos boucliers plus solides… ? »

« C’est ça ! Si vous ne le faites pas, ces salauds du village à l’est vont tous nous tuer ! »

Tous les hommes du village étaient agenouillés devant moi, le regard désespéré.

À côté d’eux se trouvaient des lances d’apparence émoussé, qui n’étaient en fait que des couteaux plantés dans des bâtons de bois, et des couvercles de casseroles qui semblaient mieux adaptés à garder la nourriture au chaud, empilés de façon désordonnée comme des ordures.

Les rendre super solide ? Bon…

« Hum, c’est une tâche un peu ardue… »

« Nous vous en supplions ! Nous avons appris que cette affreuse bande du village à l’est a fait appel à une sorcière pour qu’elle rende leurs armes superpuissantes ! Nous ne pourrons jamais les combattre comme ça ! »

Je ne comprenais pas vraiment la situation. Apparemment, ce village de l’ouest ne s’entendait pas très bien avec ses voisins de l’est. Récemment, les choses avaient tellement empiré que les gens s’étaient demandé : « Pourquoi ne pas régler cela par la force ? »

Mais pour ce qui est des armes dont ils disposaient… il n’y avait pas grand-chose. Ils se sont donc mis en tête que demander à une sorcière d’enchanter leurs armes était la solution.

C’est par malchance que je les ai rencontrés à ce moment-là. Ce qui nous ramène au présent.

« Hmm… Eh bien, ce n’est pas impossible, vous savez ? De rendre les armes plus puissantes. »

« Nous ne voulons pas qu’elles soient ‘plus fortes’ ! Nous voulons que vous en fassiez les plus fortes ! » Cria l’homme qui semblait être leur chef.

D’accord avec lui, les quelques dizaines d’hommes rassemblés autour hochèrent la tête et reniflèrent violemment. Ils empestaient la sueur.

« C’est aussi simple que d’en faire les plus puissantes—mais il y a un problème. »

« Quel est-il ? »

« Pouvez-vous payer pour cela ? Cela ne me dérange pas de fabriquer des armes pour vous, mais cela va coûter beaucoup d’argent. »

« J’ai entendu dire que la sorcière qui est allée dans l’autre village fabriquait ses armes gratuitement ! Alors nous aussi… »

« Devrions-nous faire comme si cette conversation n’avait jamais eu lieu ? »

« …… »

« Qu’est-ce que ce sera ? »

« …C-combien ça va coûter exactement ? »

« …… »

J’ai silencieusement levé l’index.

« Wow ! Seulement une pièce de cuivre ! C’est raisonnable ! »

« J’enchanterai vos armes pour une pièce d’or. »

« Vous les enchanterez toutes pour une pièce d’or ! C’est un prix très raisonnable ! »

« Une pièce d’or par arme. » « Hé, ce n’est pas raisonnable du tout… »

« Je vous avais dit que ce serait cher, n’est-ce pas… ? »

En regardant la pile de déchets qu’ils voulaient que j’enchante, je pensais pouvoir gagner environ quatre-vingts pièces d’or.

…Eh bien, regardez-moi ça. Le tas d’ordures brille soudain comme de l’or. Oh, oh, oh.

Bien sûr, si c’étaient les meilleures armes que les villageois avaient pu trouver, ils n’étaient probablement pas très riches. Je pouvais voir le désespoir se répandre sur les visages des hommes agenouillés autour de moi.

« Vous ne pouvez pas nous faire une réduction, Madame la Sorcière… ? » « Non, j’ai bien peur de ne pas pouvoir faire moins cher que ça. »

« …Oh, je sais ! Dans ce cas, laissez-nous vous payer plus tard, s’il vous plaît ! Vous fabriquerez des armes très puissantes, puis nous irons piller l’argent du village à l’est ! Qu’en dites-vous ? ! »

« Oh, je suis désolée. Je demande le paiement intégral de tous les enchantements d’armes à l’avance. »

« …Pourquoi ? »

« Cela affecte ma motivation. »

« Mais nous n’avons aucun moyen de vous payer maintenant… » Haussant la tête, l’homme qui semblait être leur chef dit : « Pourriez-vous accepter quelque chose d’autre à la place de l’argent ? »

« Ça dépend de ce que c’est. »

« Vraiment ? ! Très bien, les gars ! Apportez-le ici ! »

« D’accord ! Les hommes qui semblaient être ses laquais se sont dispersés et ont disparu.

J’ai attendu.

Puis ils revinrent, le « quelque chose » à la main.

Ils m’ont présenté cérémonieusement une cargaison de légumes, si nombreux qu’une seule personne n’aurait pas pu les tenir tous. Il y en avait tellement qu’il était facile d’imaginer qu’une personne pouvait en vivre pendant un mois entier.

« Ces légumes ont été cultivés par tous les habitants de ce village. Acceptez-les en guise de paiement s’il vous plait ! »

« …Hum, je ne sais même pas ce que je ferais avec autant de légumes. » Je n’aurais jamais pu les finir avant qu’ils ne commencent à pourrir.

« Acceptez-les s’il vous plaît ! »

« …… » Je pousse un long soupir. « Faisons comme si cette conversation n’avait jamais eu lieu. Si vous ne pouvez pas me payer avec de l’argent et que vous ne pouvez offrir que cela, alors je ne ressens aucune obligation d’enchanter vos armes pour vous « , dis-je platement.

« Un instant, Madame la sorcière. » Sur le côté, la femme de l’homme qui semblait être le chef est intervenue. Jetant un regard froid aux hommes qui s’enfonçaient dans le désespoir, la femme prit la parole. « Nous avons préparé un banquet spécial pour vous. Accepteriez-vous cela en guise de paiement cette fois-ci ? »

« Hmm. »

« Quand a-t-elle—? Ohhh, je savais que je pouvais compter sur ma femme ! » Le leader apparent avait l’air ravi.

« …… » Après lui avoir jeté un autre regard sévère, elle me sourit. « Qu’en dites-vous, Madame la Sorcière ? »

J’ai répondu : « Ça dépend de ce que c’est. »

Dans le seul but d’inspecter les offrandes, je me dirigeai vers la salle d’assemblée du village, sous la conduite de la femme du chef du village. L’extérieur du bâtiment était vieux et usé. Assez pour que j’appréhende d’entrer à l’intérieur.

Mais la femme qui me guidait n’était pas prête à me laisser filer. « Entrez, s’il vous plaît », dit-elle, me forçant à moitié à entrer.

« …… »

Alors, à quoi ressemble l’intérieur, à votre avis ?

La réponse est : une salle de banquet incroyablement somptueuse. Des fruits et des légumes fraîchement récoltés garnissaient les tables. Des odeurs parfumées emplissaient le bâtiment. Il semble que les préparatifs ne soient pas tout à fait terminés, car on pouvait voir de nombreuses épouses s’affairer dans la salle.

Pour rendre le bâtiment délabré un peu plus agréable, les murs intérieurs avaient été recouverts de rideaux. Les rideaux, qui étaient tous faits de motifs et de matériaux différents, semblaient tous provenir d’un foyer différent, et j’étais touchée par tous leurs efforts, aussi pitoyables qu’ils soient.

Mais il y avait un problème.

Aucune des casseroles n’avait de couvercle, si bien que si nous ne nous dépêchions pas d’engloutir les plats, la nourriture qu’ils avaient eu tant de mal à préparer allait refroidir. En fait, la nourriture commençait déjà à refroidir lorsque je suis arrivée. Sérieusement ?

La situation exigeait que l’on se dépêche.

« Allons enchanter vos armes tout de suite. »

Je retournai vers le groupe et me suis mise rapidement au travail.

Ignorant les hommes qui sautaient de joie, je sortis ma baguette et saupoudrai de magie la montagne d’armes inutiles.

Le résultat ne se fit pas attendre. Une douce lumière scintillante enveloppa les armes et changea leur forme. Lorsque la lumière avait complètement disparu, elles sont apparues complètement refaites.

« C’est… c’est incroyable, Madame la Sorcière ! »

Les hommes furent submergés par l’émotion en voyant leurs armes transfigurées.

Les ‘lances’ qui n’étaient rien d’autre que des couteaux collés à des bâtons de bois furent transformer en longues lances avec de belles pointes en forme de stalactites à leur extrémité. Les simples couvercles de casseroles s’étaient transformés en boucliers à l’aspect brutal qui semblaient suffire à écraser un ennemi à eux seuls.

Oui, la montagne d’ordures était devenue une montagne de trésors. Il était normal qu’ils soient choqués.

« Au fait, vous pouvez sans doute vous en rendre compte en les tenant, mais ils sont beaucoup plus légers et résistants qu’ils n’y paraissent. Cependant, ils ont bien une faiblesse—»

« Yahoo ! Avec ça, on est sûrs de gagner ! Yeaaahhh ! »

Ah, ils n’écoutent pas du tout.

« Hum… »

« Messieurs ! Nous allons attaquer ces bâtards dans le village de l’est tout de suite ! Venez avec moi ! »

Ils ont tous pris les armes. « Hum… »

« Tout le monde, prenez une arme ! Profitez au maximum de la générosité de Madame la Sorcière ! »

Ils se dirigèrent vers la porte.

« …… »

« Mademoiselle la Sorcière ! Merci beaucoup ! Nous reviendrons après notre victoire certaine ! »

Après s’être inclinés devant moi, ils ont sprinté en direction du village à l’est. « …… »

J’avais été laissée seule dans cet endroit. C’était un développement inattendu. « Hmm… »

J’avais espéré qu’ils se conduiraient au moins un peu plus prudemment en manipulant les lances et les boucliers surpuissants.

En fonçant comme ça, ils étaient sûrs de mal les utiliser. Je devrais peut-être aller les arrêter.

J’ai hésité.

« Madame la sorcière, nous avons fini de préparer la salle de banquet. »

« Ah, j’arrive tout de suite. »

Ah, he bien.

Je suppose que tout se passera comme prévu si je laisse tomber pour l’instant.

[ … ]

« Madame la Sorcière. Du fond du cœur, nous vous remercions pour votre aide. Notre village va enfin connaître la paix. »

« Inutile de le mentionner. » J’ai secoué la tête en continuant d’empiler de la nourriture dans mon assiette. « Ce n’était rien, vraiment. »

Tout ce que j’avais fait, c’était de modifier un peu les armes. Je n’avais pas besoin de remerciements.

« Au fait, voici votre vraie récompense. La femme du chef du village m’a tendu un paquet.

« Merci. »

« Il y a dix pièces d’or là-dedans. C’est la somme de nos paiements et des leurs. »

J’ai jeté un coup d’œil dans le paquet. Il y avait dix pièces d’or scintillantes à l’intérieur.

Oh-ho-ho !

J’ai enlevé mon chapeau pointu et me suis inclinée. « Merci beaucoup. »

« C’est moi qui devrais vous remercier. La tranquillité va enfin revenir dans nos deux villages. »

« En effet. »

« Maintenant, mangez, s’il vous plaît. »

« C’est vrai—nous n’avons probablement pas beaucoup de temps. »

C’est pourquoi je voulais vraiment tout leur expliquer avant qu’ils ne partent. Eh bien, ce n’est pas grave.

J’ai pris mon couteau et ma fourchette et j’ai commencé à manger.

Les hommes revinrent peu de temps après-juste après que j’eus quitté la salle de réception, sur mon balai, l’estomac plein.

Ils sont revenus, manifestement d’une humeur différente de celle qu’ils avaient eue en quittant le village.

Ils étaient deux fois plus nombreux qu’avant, mais aucun ne tenait les lances et les boucliers que j’avais préparés pour eux.

Ils me regardèrent, en train de balancer mes jambes sur mon balai, et hurlèrent leurs plaintes.

« Qu’est-ce que cela signifie, Madame la Sorcière ? ! »

« Les lances et les boucliers se sont tous brisés la première fois que nous les avons utilisés ! »

« Quelle plaisanterie ! Vous êtes une fraude ! »

« Rendez-nous notre argent ! »

« Rendez-nous nos couteaux et nos couvercles de casseroles ! »

« Et nos bâtons ! »

« Qu’est-ce que c’est que ça ? Expliquez-vous ! »

He bien, he bien.

« Comme vous l’avez demandé, j’ai enchanté vos armes pour qu’elles soient super fortes. Vous n’êtes pas satisfaits ? »

« Si ce n’était pas le cas, nous ne ferions pas tant d’histoires ! Alors que nous nous apprêtions à nous battre, nous avons vu que les autres villageois utilisaient exactement les mêmes armes », s’écria le chef du village de l’ouest.

« Vous nous avez trompés, pas vrai, sorcière ?! Les armes avaient l’air bonnes, mais elles étaient incroyablement fragiles ! Dès que la lance et le bouclier se sont heurtés, ils se sont brisés en morceaux ! » Le chef de l’autre village éleva la voix.

Ho, voilà qui est bien malheureux.

« Vous savez que les matériaux les plus solides peuvent être les plus fragiles, non ? N’est-ce pas le cas des pierres précieuses ? » dis-je. « Bien sûr, une lance super solide va se briser si elle entre en collision avec un bouclier super solide. Il en va de même dans le cas contraire. Elles sont toutes les deux très fortes, après tout. »

Je les taquinais, et le chef de ce village m’a dit : « Mais, Mademoiselle la Sorcière, vous ne nous avez jamais dit que nos armes devaient être manipulées avec précaution, n’est-ce pas ? ! ».

« Je n’en ai pas eu l’occasion. Vous vous êtes dépêchés sans m’écouter. »

A l’origine, le plan avait été de mener les deux villages dans une bataille décisive après leur avoir expliqué que leurs armes étaient toutes très fragiles. Mais ils ont filé sans réfléchir, et je me suis retrouvé dans la situation délicate de devoir terminer mon repas à la hâte. Et si vous en preniez la responsabilité ?

« Ce qui veut dire, mademoiselle la sorcière, que vous êtes la sorcière qui a fabriqué des armes super résistantes pour le village de l’est, c’est le cas ? »

« Hmm ? Je pensais vous l’avoir dit. »

Bien sûr, la veille, j’avais utilisé la même astuce pour transformer un tas d’ordures semblable en armes pour le village adverse à l’est.

Enfin, c’est comme ça.

« À ce stade, je considère que mon travail ici est terminé. J’ai reçu un paiement suffisant, après tout. Maintenant, si vous le voulez bien, je vais m’en aller. »

J’avançai lentement sur mon balai.

Leurs paroles furieuses se firent encore plus violentes, et certains essayèrent même de me jeter des pierres. Mais aucun ne m’a touchée.

« Bon, j’y vais. »

En vérité, le travail pour lequel j’avais été engagée n’était pas simplement la tâche moralement discutable d’enchanter des armes. En même temps, il ne serait pas exagéré de dire que ce n’était qu’une étape dans la réalisation de mon véritable objectif.

Ma véritable tâche consistait à soustraire ces armes aux hommes de nos deux villages rivaux.

J’avais donc utilisé un peu de magie pour leur enlever leurs armes. Et en me faisant l’ennemi commun des deux villages, je semblais avoir amélioré les relations entre eux, faisant d’une pierre deux coups. Et tout ce que cela leur avait coûté, c’étaient leurs couteaux et leurs couvercles de casseroles.

Mais si on les considère comme des sacrifices pour mettre fin au conflit de manière pacifique, c’est un prix peu élevé à payer.

Des plaintes me parvenaient encore de la foule qui s’éloignait peu à peu.

Les personnes qui m’avaient engagé dans les deux villages se tenaient à côté de la salle de banquet et agitaient leurs mains, à peine visibles derrière la foule d’hommes en colère.

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