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Chapitre 2031 – Les Bénédictions des Maudits

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny se demandait quelle était la marche à suivre.

Il espérait une conclusion différente — mais bien sûr, le vrai problème devait être la seule chose que Cassie n’était pas capable de voir. Rien n’était jamais facile.

Le Défaut de Rain…

Il soupira.

En soi, avoir un Défaut n’était pas une mauvaise chose. Certes, la plupart des gens considéraient les Défauts comme des malédictions que le Sortilège du Cauchemar leur conférait pour contrebalancer les formidables pouvoirs qu’ils recevaient. Mais il avait vécu assez longtemps et avait vu assez de choses pour savoir que ce n’était pas tout à fait vrai.

Tout d’abord, les Défauts ne venaient pas du Sortilège — il aidait simplement les Éveillés à les trouver, tout comme il aidait les Éveillés à desceller leurs Aspects.

Deuxièmement, les Défauts étaient la manifestation d’une des lois absolues de l’existence, la loi de l’imperfection, qui avait été créée par les dieux pour en faire l’une de leurs armes — peut-être la dernière — dans leur guerre contre le Vide.

Bien que cruelles, les imperfections étaient censées aider ceux qui acceptaient leur fardeau à grandir. La vie était un combat, après tout, et les choses parfaites ne pouvaient jamais s’améliorer. Elles étaient immobiles et ne changeaient pas, ce qui n’était pas différent de la mort.

C’était ce qu’avait dit Ananke, et malgré son désir de protester contre ces mots, Sunny ne pouvait pas être en désaccord avec cette affirmation en raison de sa propre expérience.

Ainsi, les Défauts étaient plus bénins que malins par nature… ou du moins, c’est ce qu’ils étaient censés être.

Elles n’étaient cependant pas différentes d’une malédiction pour les personnes qui souffraient de leur cruauté.

Sunny se souvint de certains des plus terribles Défauts qu’il avait rencontrés. Nephis, Cassie, et lui-même… ces Défauts étaient bien assez terribles, mais n’étaient même pas les plus épouvantables.

Il se souvenait de l’apparence de Caster juste avant de mourir. Ce Défaut était assez funeste, mais aussi très facile à éviter — tout ce que la personne maudite avait à faire était de renoncer à ses pouvoirs d’Aspect.

Bien sûr, si Caster avait été prêt à renoncer à sa fierté et à son sens du devoir envers son clan, il n’aurait pas eu à subir un tel Défaut.

Sunny se souvint également de Dorn, dont le corps en perpétuelle croissance aurait fini par le tuer, s’effondrant sous son propre poids.

Il se souvenait de Jet.

Et bien d’autres encore…

Son expression devint sombre.

Oui, du point de vue d’un dieu, un Défaut n’est pas une malédiction. Mais du point de vue d’un humain, cela pouvait très bien l’être.

Le fait de savoir que Rain avait trouvé le sien de façon inattendue n’aidait en rien à calmer ses nerfs.

Qu’est-ce que ça peut être ?

Sunny essaya de ne pas laisser son imagination donner des réponses terrifiantes et reporta son attention sur quelque chose de plus important — trouver un moyen d’apprendre ce qu’était le Défaut de Rain.

Ce n’était pas insoluble.

Les Défauts n’étaient jamais le fruit du hasard, somme toute. Ils étaient en outre profondément liés à l’identité des personnes qui en étaient affectées, à quelque chose de fondamental en eux.

Parfois, un Défaut s’opposait directement au cœur même de l’identité d’une personne. Parfois, il prenait une chose à laquelle la personne tenait et la déformait de façon hideuse. Parfois, un Défaut n’avait rien à voir avec la personnalité d’une personne, mais était plutôt lié à la nature de son pouvoir, ou même à son destin…

Quoi qu’il en soit, ce n’était pas impossible de déduire simplement un Défaut, à condition de bien connaître la personne.

Et peu de personnes au monde connaissaient Rain mieux que Sunny.

Il l’étudia quelques instants, avant de reprendre d’un ton pensif :

« Raconte-moi exactement ce qui s’est passé là-bas. Comment ça s’est passé de ton point de vue, je veux dire. »

Rain sembla soudainement embarrassée. Son expression vive s’estompa et elle détourna le regard

« Eh bien… »

Sa voix était hésitante.

Finalement, Rain soupira et haussa les épaules.

« C’était comme un cauchemar. Je n’avais jamais tué personne, tu sais ? Du moins… je ne pense pas l’avoir fait. Mais j’ai affronté cette fille, Telle de la Plume Blanche, c’était elle ou moi. »

Elle se tut et détourna le visage.

« Finalement, j’ai réussi à la dominer, et il ne me restait plus qu’à l’achever. Mais j’étais un peu… perdue, et je ne comprenais pas très bien pourquoi. Pourquoi dois-je la tuer ? C’est ce que je me disais. En fait, je me sentais profondément dégoûtée par… tout cela. »

Rain grimaça et secoua la tête.

« C’était stupide et lâche, je le sais. Si j’avais été dans un meilleur état, je me serais souvenue qu’épargner sa vie signifiait risquer non seulement la mienne, mais aussi celle de Tamar… et d’autres. Mais ce n’était pas le cas. Tout ce que je savais, c’est que je ne voulais pas la tuer, et j’ai donc choisi de ne pas le faire. »

Elle soupira à nouveau.

« Et, pour être honnête, j’ai eu l’impression que c’était le bon choix. Et ça l’est toujours. Bien sûr, c’est peut-être juste parce que Dame Nephis est arrivée avant que je puisse payer pour mon erreur. »

Sunny la regarda fixement, réfléchissant.

Il avait été témoin du combat entre Rain et Telle. De plus, il avait embrassé Rain comme une ombre tout au long de la bataille, et avait donc ressenti tout ce qu’elle avait ressenti.

Il avait donc sa propre impression de ce qui s’était passé.

Sunny connaissait Rain. Il savait quel événement était devenu le catalyseur de son Défaut.

Et il savait aussi comment le monde fonctionnait habituellement.

Alors, s’il imaginait le pire résultat possible en tenant compte de tout cela…

Son regard s’assombrit.

Un germe d’idée très inconfortable prenait racine dans son esprit.

Sunny hésita quelques instants, puis jeta un coup d’œil à Rain et dit :

« Invoque ton arc. »

Elle sembla confuse, mais tendit la main et invoqua la Bête de Proie. Cassie pencha légèrement la tête, comme troublée par sa demande.

Pendant ce temps, les ombres aux abords de la clairière s’agitaient.

Un bourdonnement se fit aussitôt entendre, et un abominable insecte ressemblant à un moustique surdimensionné s’envola vers la clairière, comme s’il essayait d’échapper à quelque chose.

Cependant, il ne parvint pas à s’envoler bien loin.

Une main noire comme de l’encre surgit du sol et l’attrapa entre ses doigts. Des griffes acérées coupèrent les ailes de la créature et transpercèrent son corps — juste assez profondément pour empêcher la vermine de s’échapper, mais pas pour la tuer.

C’était le travail de Rain.

Sunny la regarda, s’attarda un instant, puis dit :

« Vas-y, tire. »

Elle étudia le moustique qui se débattait désespérément, puis encocha une flèche sur la corde de son arc.

Elle se figea, sans rien faire.

Sunny fronça les sourcils.

« Qu’est-ce que tu fais ? Dépêche-toi de le tuer ! »

Mais Rain restait immobile, tenant simplement son arc et regardant l’abominable chose.

Finalement, elle baissa le regard.

« …Je ne peux pas. »

Sunny fronça davantage les sourcils.

« Qu’est-ce que tu veux dire par “tu ne peux pas” ? Tu n’es toujours pas dans ton assiette à cause de la bataille ? Écoute, je comprends que tu aies épargné Telle… Je suis même content que tu l’aies fait. Mais c’était une personne. Là, c’est une abomination. »

Rain le regarda, le visage terriblement pâle.

« Non, tu ne comprends pas. Je ne peux pas. »

Elle tremblait.

« Ma main ne bouge pas. Je lui dis de tirer la corde, mais rien ne se passe. »

Un instant plus tard, elle déplaça l’arc sur le côté, le tendit et envoya la flèche en l’air — elle passa à côté de la vermine sans la blesser et disparut dans la jungle.

Rain regarda sa main, effrayée et confuse.

Sunny regarda sa sœur avec des yeux écarquillés.

Son visage plongea ensuite dans le vide.

« …Merde. »

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