Chapitre 1975 – Les Incroyables Aventures et les Faits Étonnants du Rêveur Héroïque Sunless et de sa Courageuse Disciple Rain, Abrégé (Volume VIII)

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Sunny n’avait pas prévu d’avouer la vérité de leur lien à Rain aujourd’hui. Il voulait seulement lui montrer le butin de son raid visant la caravane de ravitaillement, afin qu’elle puisse faire le lien et se rendre compte que son professeur et le Seigneur des Ombres étaient une seule et même personne.

Les deux armées allaient bientôt s’affronter, aussi Sunny avait-il jugé qu’il était temps de commencer à révéler lentement à Rain la véritable nature de la guerre. Elle était directement impliquée dans le conflit entre les Souverains, après tout, et il devait donc lui donner l’occasion de se préparer à sa résolution.

Car cette résolution n’allait pas être celle à laquelle les deux camps s’attendaient. Cependant, Rain réagit d’une manière qui força Sunny à partager plus de vérité qu’il ne l’aurait voulu… et bien qu’il aurait pu éviter sa question poignante malgré les limitations strictes de son Défaut, après y avoir réfléchi pendant quelques instants fugaces, il choisit de ne pas le faire.

Peut-être était-ce à cause de ce qui s’était passé entre lui et Nephis. Sunny avait déjà abandonné la raison et renoncé à se retenir, complètement, abandonnant la prudence pour suivre aveuglément ses désirs. Et puisqu’il avait déjà trahi une inhibition, les autres ne semblaient plus aussi raisonnables et importantes.

Qu’avait-il à perdre ? Il n’avait plus rien.

« G… frère ? »

Entendre ce mot de la bouche de Rain fit tressaillir Sunny.

C’était un moment tellement émouvant. C’était quelque chose qu’il avait voulu entendre… entendre à nouveau… depuis qu’il avait dit au revoir à sa petite sœur dans l’orphelinat délabré, il y a presque vingt ans.

Et pourtant, il ne broncha pas à cause du sentiment puissant, presque écrasant, qui gonflait son cœur à cause de ce mot.

Au contraire, il avait plutôt tressailli par pur embarras.

C’était tellement gênant !

En partie parce que Sunny craignait d’être étranglé par l’émotion, mais surtout parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de grimacer un peu en même temps. Entendre Rain l’appeler « frère » après ces quatre dernières années était tout simplement… anormal.

Il toussa, luttant contre l’envie de se cacher le visage.

Après quelques instants de silence, Sunny reprit :

« …Je retire ce que j’ai dit. Tu peux continuer à m’appeler Professeur. »

Rain l’étudia avec une expression prudente et vulnérable.

Pendant un instant, il craignit que sa réponse ne l’ait blessée…

Mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

« Grand frère ? »

Sunny frémit.

Encore pire !

« Arrête. »

Le sourire de Rain s’élargit.

« Pourquoi… grand frère ? »

Un lourd soupir s’échappa des lèvres de Sunny.

Je n’ai pas bien réfléchi…

***

Sunny conduisit Rain hors du Brillant Emporium. Tous deux restèrent silencieux, ne sachant pas trop comment se comporter l’un envers l’autre maintenant que la nature de leur relation avait été complètement réécrite.

Sunny savait ce que signifiait pour lui le lien familial qui l’unissait à Rain. Elle était la seule famille qu’il lui restait au monde… pendant de nombreuses années, elle avait été la seule personne au monde à laquelle il tenait. Et même s’il y avait d’autres personnes qu’il aimait profondément maintenant, Rain occupait toujours une place singulière dans son cœur.

Mais c’était probablement différent pour elle.

Que signifiait le mot « frère » pour sa sœur ?

Après tout, elle ne se souvenait pas de l’avoir eu comme frère. Pour Rain, quelqu’un d’autre était sa famille — des gens qui l’avaient élevée, qui s’étaient occupés d’elle et qui l’avaient comblée d’affection, sans jamais la laisser se sentir seule ou abandonnée. Des gens qui avaient été à ses côtés aussi longtemps qu’elle se souvenait d’elle-même. Ils avaient partagé toute une vie de précieux souvenirs, contrairement à Sunny et elle.

Pourquoi se languirait-elle de quelque chose dont elle n’avait jamais manqué ?

Pourquoi regretterait-elle quelqu’un qu’elle n’avait jamais connu ?

Alors… Rain devait se sentir un peu mal à l’aise et ne pas savoir quoi dire, elle aussi.

Cependant, elle parla peu après avoir quitté le Brillant Emporium.

C’était parce que Sunny avait déplacé la Mimique Merveilleuse pendant qu’ils parlaient à l’intérieur.

Après avoir tendu une embuscade à la caravane de ravitaillement, il avait fui le champ de bataille aussi vite qu’il le pouvait, sans ménager son essence. C’était une décision prudente, étant donné que la bataille s’était déroulée dans le Domaine de Ki Song — s’il n’était pas parti rapidement, la Reine elle-même aurait pu venir le saluer.

Sunny avait donc réussi à retourner au Temple Sans Nom en un temps record. Il n’avait pas prévu de ramener Rain ici, mais il changea d’avis au milieu de leur conversation. Renvoyant la Mimique dans les Creux sous le camp de guerre de l’Armée du Chant, il la convoqua à nouveau en tant que Seigneur des Ombres à l’intérieur de sa Citadelle.

Rain fut donc très surprise de voir un vaste hall souterrain devant la porte de la Mimique au lieu de l’ancienne jungle des Creux.

Elle regarda autour d’elle avec intérêt.

« …C’est le Temple Sans Nom, c’est ça ? La Citadelle du Seigneur des Ombres ? »

Sunny acquiesça.

« Oui. »

Rain inspira profondément.

« Tu as donc bien une Citadelle, après tout ! »

Il lui jeta un regard amusé.

« N’ai-je pas dit que j’en avais une ? »

Elle s’attarda un instant.

« Eh bien, oui… mais tu mens sans arrêt, alors je n’y ai pas vraiment cru. Je veux dire, tu as vécu dans mon ombre pendant quatre… quatre… quatre ans… »

La voix de Rain s’éteignit lentement, comme si elle commençait à réaliser quelque chose.

Sunny se moqua.

« Je ne mens jamais. Ne t’ai-je pas aussi dit que j’étais la personne la plus honnête du monde ? Des deux mondes, même. »

Les yeux de sa sœur s’écarquillèrent lentement.

Il pouvait deviner à quoi elle pensait.

La blague sur le fait d’être mon frère s’est avérée vraie. L’histoire de la domination d’un ancien temple s’est avérée vraie. Attends, attends, attends ! Attends, attends, attends ! Si ces histoires sont vraies… alors qu’est-ce qui est également vrai ?!

Rain le regarda avec une expression craintive.

Quelques instants plus tard, elle demanda d’une petite voix :

« Alors… cette histoire de tuer une version maléfique de toi-même ? »

Sunny acquiesça.

« Ah, oui. C’est arrivé. C’était un bâtard tellement détestable, odieux et insupportable ! Bon débarras. »

Rain hésita.

« Et de naviguer sur une rivière du temps qui coule à l’intérieur du cadavre d’un Titan Impur ? »

Il haussa les épaules.

« Bien sûr. C’était mon Troisième Cauchemar. »

Ses yeux tremblèrent un peu.

Rain déglutit, puis prit une profonde inspiration.

« …Et le fait d’avoir vingt-six ans, quatre ans et plusieurs milliers d’années en même temps ? »

Sunny lui jeta un coup d’œil et sourit nonchalamment.

« La rivière du temps, tu te souviens ? Tu ne croirais pas le genre de manigances auxquelles j’ai survécu là-bas. C’est aussi la raison pour laquelle j’ai vingt-six ans alors que je suis née il y a vingt-cinq ans, et que j’ai cinq ans de plus que toi alors que je n’en avais que quatre auparavant. Oh, et la partie concernant l’âge de quatre ans — c’est l’âge de mon incarnation. Je suis devenu un Saint pendant la Chaîne des Cauchemars. »

Rain le regarda en silence, abasourdie.

« Comme si ces absurdités avaient un sens ! »

Sunny eut un sourire radieux.

« Je te l’accorde. Le Tombeau d’Ariel était un peu déroutant… »

La jeune femme ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois, comme si elle essayait de se forcer à poser la question suivante, mais n’osait pas le faire.

Finalement, elle réussit à s’exprimer :

« Et que tu étais une célébrité, un héros de guerre et immensément riche ? »

Sunny sourit.

« J’ai été tout cela à un moment ou à un autre. Maintenant que j’y pense, je suis redevenu les trois à la fois ! »

Rain prit une profonde inspiration, resta silencieuse un moment, puis demanda faiblement :

« Connais-tu vraiment… quelqu’un qui est devenu un Saint alors qu’il était bébé ? »

Il haussa les sourcils.

Huh. Elle s’en souvient aussi ?

Son harcèlement semblait avoir été très marquant.

« Bien sûr ! Tu as aussi entendu parler de lui, en fait… Petit Ling, le fils de Sainte Athena. Bien sûr, tu n’étais pas là quand il est né et tu ne l’as pas nourri de glaces toutes les semaines, contrairement à moi. Oh, et c’est aussi grâce à moi qu’elle a rencontré son mari… »

Rain resta silencieuse plus longtemps cette fois, puis se mit soudain à hurler :

« Et le sang d’un ancien démon qui coule dans tes veines ?! Qu’en est-il de la consommation des os d’une déité nébuleuse ? Et de régner sur un fragment de royaume divin ?! »

Sunny se gratta l’arrière de la tête, embarrassé, et dit humblement :

« …Tout est vrai. »

Rain chancela.

Au bout d’un moment, elle demanda d’une voix calme et engourdie :

« Est-ce que Maîtresse des Bêtes t’a vraiment demandé de t’enfuir avec elle une fois ? »

Il rit, ce qui incita Rain à lui lancer un regard furieux.

Je devrais probablement baisser d’un ton…

« Eh bien… oui. Techniquement, elle nous a proposé de fuir ensemble une Créature du Cauchemar Supérieur — mais il y avait d’autres candidats, ce fut moi qu’elle a choisi. Je suppose qu’elle m’aime bien… un peu. »

Sa sœur ferma les yeux et se tut. Elle finit cependant par demander d’une voix tremblante :

« …Dame Nephis est-elle vraiment ta petite amie ? »

Sunny trébucha. Il ne répondit pas pendant un moment, puis toussota et dit d’un ton neutre :

« Ne commence pas à l’appeler Belle-sœur tout de suite… mais oui, c’est vrai. »

Il marqua une pause, et ajouta avec un sourire rêveur :

« En fait, je suis dans sa chambre en ce moment même… »

L’instant d’après, Sunny fut surpris de voir un poing voler vers son visage.