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Chapitre 1965 – Brûlure Lente

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Ils finirent par s’asseoir à une table face à face. Nephis se délectait du repas que Sunny avait préparé, le savourant avec un sourire satisfait sur ses lèvres captivantes. Elle se montrait calme et posée, mais son visage était encore un peu rougi. Ses yeux brillaient dans l’étendue ensoleillée de la spacieuse salle en pierre.

Sunny, quant à lui, se délectait de regarder Nephis manger. Il restait assis tranquillement, suivant ses mouvements du regard et souriant faiblement. Il se sentait satisfait, et son cœur était en paix…

En fait, non. Au contraire, il battait la chamade, et il avait l’impression que tout son corps était en feu. Il lui fallut toute sa volonté pour rester immobile, garder son sang-froid et empêcher la faim profonde et charnelle d’atteindre ses yeux.

Il avait vraiment besoin d’une douche froide… une douche très, très froide.

Honnêtement, c’était trop cruel. Nephis était inexpérimentée, et donc irresponsable lorsqu’il s’agissait de lui montrer de l’affection physique… s’attendait-elle vraiment à ce qu’il aille se rafraîchir après avoir été enflammé par son toucher, son parfum et ses lèvres ? Bien sûr, elles avaient un goût plus sucré qu’il ne pouvait le décrire — mais Sunny était un homme, et les hommes n’étaient généralement pas rassasiés par cette petite douceur. En fait, il se sentait plutôt insatiable en ce moment.

Sa présence, qui inspirait naturellement des désirs passionnés, n’arrangeait pas la situation.

Sunny était prêt à la dévorer comme une bête.

Mais il ne pouvait pas.

Malédiction. Pourquoi ai-je donné cette image douce et galante ? J’aurais dû faire semblant d’être un commerçant sauvage et effréné à la place !

Un soupir silencieux s’échappa de ses lèvres.

Qu’est-ce que cette douce torture ?

Pourtant, il n’était pas pressé. Il appréciait beaucoup la lenteur de leur étrange romance. Le flirt, les tendres moments de proximité, l’exaltation de la passion physique… il voulait en savourer chaque seconde.

Et, au fond de lui, il hésitait déjà un peu à passer à l’étape suivante.

Sunny et Nephis étaient des adultes, et ils savaient tous deux ce qu’ils voulaient. Cependant… il était très conscient de la différence de perception qu’ils avaient l’un de l’autre. Nephis était amoureuse de lui, c’est certain. Elle appréciait beaucoup sa compagnie, et il y avait une attirance physique indéniable entre eux.

Elle avait peut-être même commencé à développer un lien émotionnel, apprenant à se soucier de lui et à dépendre de lui. Elle lui accordait sans doute une grande confiance.

Mais en fin de compte, Sunny était toujours un étranger pour Nephis. Elle ne le connaissait que depuis quelques mois, après tout… et même si certaines des expériences qu’ils avaient partagées étaient assez intenses, elles ne pouvaient jamais se comparer au lien de toute une vie qui demeurait dans le cœur de Nephis.

Un lien dont Nephis ne se souvenait pas.

Alors… au fond de lui, Sunny espérait qu’elle apprendrait au moins à l’apprécier davantage avant que leur relation n’évolue vers quelque chose de plus significatif et irréversible.

Avant que cela n’arrive, il devait se contenter de ce qui existait entre eux maintenant. C’était bien… il avait attendu d’être avec elle pendant de nombreuses années, et il pouvait bien attendre encore un peu. Ces petits moments de douceur étaient suffisamment précieux, et il n’allait pas se précipiter.

Alors que Sunny pensait à cela, Nephis le regarda en souriant et… et lui fit un clin d’œil innocent.

Son corps frissonna.

Non, je retire ce que j’ai dit.

Quel était l’intérêt d’être lent et régulier ? La fortune sourit aux audacieux ! Il avait déjà attendu près de dix ans, il n’y avait donc aucun mal à se précipiter !

Si Nephis lui faisait signe du doigt, il n’hésiterait pas à franchir la ligne d’arrivée sur-le-champ.

Les meubles de la chambre de Neph risquaient de ne pas survivre.

Regardant ses yeux s’assombrir de quelques nuances, Nephis gloussa.

« Vous êtes très amusant. »

Sunny resta silencieux quelques instants, puis demanda d’une voix un peu rauque :

« Oh ? Comment ça ? »

Elle porta un raisin à sa bouche, le savoura pleinement, et haussa les épaules en souriant.

« C’est juste que… vous êtes si intense, mais vous ne pouvez pas non plus vous empêcher de bâiller. C’est tellement mignon… Je veux dire, quel contraste ! »

Elle attrapa un autre raisin, puis sembla changer d’avis.

« Vous ne vous êtes pas reposé dernièrement ? »

Sunny cligna des yeux plusieurs fois.

Est-ce que j’ai bâillé ?

Il ne l’avait pas remarqué.

Soudain, il se sentit gêné.

Je ne bâillais pas… avant… n’est-ce pas ?

Pas seulement embarrassé, mortifié !

Sunny toussota.

« Oh… oui. Pour être honnête, je n’ai pas dormi depuis quelques semaines. J’ai travaillé sur ma sorcellerie depuis la bataille du Lac Disparu. C’est vrai ! J’ai créé quelques Mémoires pour m’entraîner. Laissez-moi vous montrer… »

Il s’apprêtait à invoquer le Havresac, mais se figea aussitôt.

« Euh… avant ça… »

Ce disant, il transforma l’ombre lugubre en avatar.

Une seconde plus tard, un second Sunny se tenait près de la table, enveloppé dans des vêtements faits d’ombres. Nephis le regarda avec surprise, et à ce moment-là, l’avatar vacilla, se serra la poitrine avec une grimace, et tomba à genoux.

La blessure que lui avait infligée la flèche noire refusait de cicatriser. D’ordinaire, un Saint se remettait assez rapidement d’une blessure non mortelle, mais celle-ci s’était révélée exceptionnellement têtue. Même si la situation ne s’aggravait pas, elle ne s’améliorait pas non plus.

Ce qui était vraiment dommage, car Sunny aurait pu tisser beaucoup plus rapidement avec l’aide d’un avatar supplémentaire.

« Qu’est-ce qui s’est passé ? »

La voix de Neph était pleine d’inquiétude.

Sunny supporta la douleur, leva les yeux vers elle, le visage pâle, et sourit faiblement.

« Eh bien, comment dire… J’ai visité le Royaume de l’Ombre et j’ai reçu une flèche en plein cœur… »

Elle écarquilla les yeux.

Nephis resta immobile un court instant, et repoussa les raisins.

« Et vous ne me dites ça que maintenant ?! »

Alors qu’une douce radiance blanche enveloppait ses mains, Sunny toussota — cette fois-ci parce qu’il se noyait dans le sang, et non par embarras — et lui adressa un sourire d’excuse.

« Je ne voulais pas… vous faire souffrir… »

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