Chapitre 1917 – Promotion Éclair

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Une fois que la plate-forme eut franchi la grande largeur de la pierre poreuse, ils furent entourés de vide de toutes parts. Le vaste Creux s’étendait sous eux, noyé dans les ténèbres. Ici et là, des piliers de lumière rayonnante tombaient des fissures présentes dans le dôme et éclairaient l’ancienne jungle…

Personne ne savait quelles horreurs indicibles se cachaient sous cette impénétrable voûte écarlate, aussi les soldats frissonnèrent-ils, essayant de s’éloigner le plus possible des bords de la plate-forme.

Rain s’assit simplement sur le bois grinçant, essayant de reprendre son souffle. Elle regarda le paysage étranger en contrebas, mais seulement pendant un court instant — les chasseurs chevronnés comme elle savaient qu’il ne fallait pas regarder le Royaume des Rêves de trop près.

De peur que quelque chose ne la regarde en retour.

Elle regarda Ray.

« Comment va ta blessure ? »

Le jeune homme était pâle et inhabituellement silencieux. Fleur le soignait, mais vu son manque d’essence, le processus prenait du temps.

Le jeune homme esquissa un sourire peu convaincant.

« Je survivrai. »

Il baissa ensuite les yeux et pâlit encore plus.

« …Jusqu’à ce que nous atteignions le sol, du moins. »

Tamar retira son casque et s’assit près de Rain, essuyant ses cheveux trempés de sueur. Elle se renfrogna et le regarda avec mépris.

« Pourquoi t’inquiètes-tu ? Tu t’es déjà échappé des Creux — en tant que simple Dormeur et complètement seul. Tu es un Éveillé maintenant, et nous sommes entourés d’une armée. »

Ray la regarda d’un air sombre.

« Ne me le rappelle pas ! Je fais encore des cauchemars de ce jour-là… Je veux dire, je l’aurais fait si j’avais pu rêver… »

Les autres soldats entendirent leur conversation et se retournèrent, regardant le jeune homme avec incrédulité.

« …C’est vrai, Ray ? Tu as survécu aux Creux en tant que Dormeur ? »

Ray sembla surpris par la question.

« Qu’est-ce que… attendez, je ne vous ai pas raconté l’histoire étonnante de notre terrifiant solstice d’hiver ? Si c’est le cas, alors… oui ! Écoutez-moi bien… cela s’est passé par une nuit sombre et lugubre… »

Il se lança dans l’histoire, ce qui fit grimacer Rain — elle l’avait entendue contée une bonne douzaine de fois, après tout, et chaque fois, elle était plus lourde que la précédente.

Pourtant, elle ne put s’empêcher de remarquer que les expressions des soldats s’atténuaient un peu en écoutant Ray parler. Ils étaient tous effrayés, et le fait d’apprendre que trois Dormeurs s’étaient échappés vivants des Creux leur apportait le réconfort dont ils avaient tant besoin, et peut-être même un peu d’espoir.

C’était probablement la raison pour laquelle Tamar avait évoqué le solstice d’hiver à ce moment-là. Ray avait également été distrait de sa blessure.

Comme c’est sournois.

Cette fille savait aussi être subtile.

Peu après, la plate-forme atteignit le sol, et tous descendirent, regardant autour d’eux avec une appréhension méfiante.

De toutes parts, les soldats meurtris du corps d’expédition s’étalaient sur le sol, se reposant ou dévorant à la hâte leurs rations. Les blessés étaient traités, les morts et les disparus étaient recensés et pleurés.

« Septième Légion ? Votre position est juste devant ! »

Ils furent rassemblés dans une zone particulière et laissés à eux-mêmes pendant un certain temps. Personne ne savait combien de temps durerait ce repos, aussi les soldats ne perdirent pas de temps et se laissèrent tomber, déballant leurs provisions et écartant leurs armures pour panser leurs blessures superficielles.

La cohorte de Tamar n’était pas différente.

« Que pensez-vous que les commandantes vont faire maintenant ? »

La voix de Fleur paraissait discrète… mais en rien faible. Rain avait d’abord pensé que la délicate jeune fille était vraiment tendre, mais après avoir appris à mieux la connaître, elle s’était rendu compte que leur douce guérisseuse avait plus de cran que la plupart des Éveillés.

Elle haussa les épaules et plongea son regard dans l’obscurité.

« Nous le saurons bientôt. »

Ils n’étaient pas encore vraiment dans les Creux. La fissure que l’armée avait empruntée pour descendre jusqu’ici était si vaste que le soleil s’y déversait librement, et donc, l’infestation écarlate dans une large zone n’était pas plus ancienne qu’à la surface. Elle avait déjà été anéantie par le détachement précurseur mené par Dame Seishan, rendant la zone d’atterrissage relativement sûre.

Mais pas paisible.

Les bruits des combats ne parvenaient guère jusqu’ici, mais d’autres sons parvenaient au camp de fortune depuis quelque part dans les ténèbres — Dame Seishan et Chante-Mort s’y trouvaient actuellement, affrontant les vieux monstres des Creux dans une bataille sanglante afin de dégager un chemin pour l’armée.

Des Créatures du Cauchemar mortelles devant eux, une vaste horde d’abominations derrière eux…

Le corps d’expédition se trouvait dans une position périlleuse.

Eh bien… il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire.

Tout ce qu’ils pouvaient faire, c’était se remplir l’estomac, reconstituer leurs forces et se préparer au combat.

C’est exactement ce qu’ils firent.

Une demi-heure plus tard, un adjudant fatigué s’approcha des profondeurs du camp et donna quelque chose à Tamar, puis s’enfuit après avoir prononcé quelques mots. La jeune Héritière resta immobile quelques instants, puis soupira et se rassit.

Elle attacha ensuite une épingle en forme de goutte de sang à son armure et en lança une autre, bien plus petite, à Rain.

« Félicitations, Rani. Je suppose que tu es mon bras droit maintenant, ce qui techniquement fait de toi une officière subalterne. »

Rain attrapa l’épingle, haussa les sourcils et demanda d’un ton amusé :

« Bonté divine. Je suis tellement honoré que je pourrais pleurer. Bon… qu’est-ce que ça fait de toi, alors ? »

Tamar la regarda d’un air sombre.

« Une capitaine. Non, attends… une centurion, techniquement, puisque nous sommes dans une Légion Royale. »

Ray siffla.

« Toujours plus loin dans l’accomplissement. »

La composition de l’Armée du Chant était un peu désordonnée. Il y avait des brigades et des divisions, qui suivaient la structure d’unité empruntée aux armées mondaines, mais aussi les sept Légions Royales, qui ne la suivaient pas.

Les légions étaient composées de centuries, qui étaient censées être composées d’une centaine de guerriers Éveillés, mais qui étaient en fait plus nombreuses que cela. Quoi qu’il en soit, ces unités d’Éveillés étaient généralement dirigées par un officier Ascendant, appelé centurion.

Tamar n’était pas la première Éveillée de l’Armée du Chant à se voir confier le commandement d’une centurie, mais elle était sans conteste la plus jeune.

C’était un véritable exploit.

La jeune Héritière ne semblait toutefois pas très impressionnée. Au lieu de cela, elle grimaça et demanda d’un ton grincheux :

« Peu importe. Le repas est-il prêt ? »

Fleur sourit.

« Ça arrive très bientôt ! »

Ils mangèrent tranquillement un repas simple mais rassasiant. Un autre messager arriva peu après, déposant devant eux des cristaux scintillants.

Les yeux de Rain brillèrent.

Enfin !

Les cristaux étaient, bien sûr, des éclats d’âme.