6067-chapitre-2
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C’était le début de la période intersaison, ni tout à fait le printemps, ni tout à fait l’été.
Fendant l’air frais et sec, je volais parmi les feuillus d’une forêt. La forêt semblait très vaste ; je m’y frayais un chemin depuis un certain temps déjà, mais je n’en voyais pas la fin.
Alors que je maniais mon balai de droite à gauche pour éviter les arbres qui surplombaient le chemin extrêmement étroit, les branches gênantes ne cessaient de se heurter contre moi.
De là où j’étais, je ne voyais pas le ciel. Au loin, je distinguais à peine quelque chose qui scintillait de l’autre côté du maillage vert. Les arbres étaient trop envahissants pour que je puisse voir quoi que ce soit d’autre.
« …Oupsi. »
Parce que j’avais regardé en l’air au lieu de regarder devant moi, une branche d’arbre avait arraché mon chapeau pointu. Je me suis arrêté, je suis revenu en arrière, je l’ai récupéré et j’ai repris mon chemin dans la forêt étriquée.
Ces bois sont si denses. J’aurais juste dû les survoler, pensai-je avec regret, mais il était déjà trop tard. J’avais parcouru suffisamment de chemin pour que faire demi-tour prenne trop de temps. Je pouvais essayer de me frayer un chemin vers le haut et la sortie, mais j’avais le sentiment que mon chapeau ne serait pas la seule victime.
D’une certaine manière, j’avais l’impression d’être toujours en retard ces derniers temps. Quant à savoir qui en était responsable, c’était… eh bien, entièrement de ma faute, et alors ? J’ai continué à voler, en me plaignant mentalement à personne en particulier.
Je ne sais pas quelle distance cela représentait, mais au bout d’un moment, le chemin s’est soudainement ouvert.
« Whoa… », ai-je murmuré.
Là dans la clairière, il y avait un champ de fleurs.
En m’approchant, j’ai vu des fleurs rouges, bleues, jaunes et d’autres couleurs s’étaler en dessous de moi. Chacune d’entre elles se tenait debout et fière, tendue vers le soleil. Lorsque la brise de mon balai frôla les fleurs, des pétales s’éparpillèrent dans le vent, accompagnés d’un arôme rafraîchissant.
Le parfum, assez doux pour purifier les profondeurs de mon âme, s’élevait tandis que les fleurs aux couleurs vives dansaient dans la brise. Tenant mon chapeau d’une main pour qu’il ne s’envole pas, je ralentis mon balai.
Il y avait un autre monde au milieu de la forêt. Mon cœur était captivé.
« …Ça alors. »
Dans le champ de couleurs vives, j’ai vu une forme humaine.
Je me demande si c’est le responsable de cet endroit. J’ai tourné mon balai dans cette direction.
« Hum, excusez-moi ? »
Lorsque j’ai interpellé la personne du haut de mon balai, elle est restée assise mais s’est retournée pour me faire face. C’était une jolie fille d’à peu près mon âge. « Oh, bonjour. »
« Bonjour. Vous êtes la responsable de ce champs ? »
Elle secoua la tête. « Non. Il n’y a pas de responsable ici. Je suis juste là parce que j’aime les fleurs. »
« Pas de responsable… ? Tu veux dire que ces fleurs sont sauvages ? » « Oui, c’est ça. »
Wow.
Je pensais que les champs de fleurs ne poussaient que sous la supervision des humains. Bien que je suppose que les fleurs existaient avant les humains, donc ce n’est pas comme si elles avaient besoin de nous pour pousser. Mais penser qu’un paysage aussi magnifique puisse exister par la seule force de la nature, sans l’aide d’une main humaine…
C’est incroyable.
« Es-tu une sorcière ? » Remarquant ma poitrine, la jeune fille inclina la tête. « En effet, je suis en voyage. »
« Comme c’est merveilleux—Oh, en fait, dans ce cas, j’ai une requête. » « Bien sûr, si c’est quelque chose que je peux faire. »
La jeune fille a cueilli quelques fleurs, a enlevé sa veste, les a enveloppées dans celle-ci et me les a tendues. C’était un bouquet improvisé. « Si vous êtes d’accord, j’aimerais que vous apportiez ce bouquet dans le pays où vous allez. »
« Y a-t-il quelqu’un à qui vous voulez que je les donne ? » demandai-je avec confusion en acceptant le bouquet.
« Personne en particulier. Je demande seulement qu’ils soient donnés à quelqu’un qui puisse apprécier leur beauté. C’est ce qui compte. »
Ce qui veut dire, je suppose, que tu veux faire connaître ce champ de fleurs.
Je comprenais certainement le désir de montrer ce magnifique paysage à quelqu’un. « En d’autres termes, vous voulez que je passe le mot concernant ce champ de fleurs, n’est-ce pas ? »
« Tu ne veux pas ? »
« Non, ça ne me dérange pas du tout. En fait, j’en suis plus que ravie », ai-je répondu. La jeune fille a souri avec un profond soulagement et a dit : « Dieu merci. »
Pendant un court moment après ça, nous avons eu une conversation légère mais animée. Du moins, je crois que c’est le cas. Je lui ai parlé des endroits que j’avais visités jusqu’à présent, et elle m’a parlé de ses fleurs préférées.
Après avoir passé un moment agréable ensemble, j’ai dit « Bon, je vais y’aller, donc je donnerai tes fleurs à quelqu’un dans le prochain pays, d’accord ? »
« Je compte sur toi, Mlle La voyageuse. » Elle m’a serré la main en souriant. « …… »
Quelque chose me gênait. « Tu ne peux pas quitter cet endroit, n’est-ce pas ? »
« Non, en effet », me dit-elle sans détour. « Je vais bien, vraiment, tant que je reste ici, dans ce champ de fleurs. » Je passe toute la journée avec les fleurs. Je suis heureuse d’être ici, à la lumière du soleil. N’est-ce pas merveilleux ? »
La fille ne s’est jamais levée de sa place.
[ … ]
« Arrêtez-vous ici, jeune fille. Hé, j’ai dit arrêtez-vous ! »
Après avoir volé sur mon balai à plusieurs heures du champ de fleurs et être arrivée dans un autre pays, un garde vêtu de noir est sorti pour me saluer d’un ton peu accueillant.
Il n’a aucune raison de me crier dessus comme ça, et pourquoi m’appelle-t-il « jeune fille » ?! Même la personne la plus aimable du monde aurait du mal à se faire traiter de la sorte. Naturellement, je me suis un peu énervée.
Mais je n’ai rien laissé paraître. Je suis une adulte, après tout. « z’êtes une voyageuse ? »
« Oui. Ça ne se voit pas ? »
« C’est quoi ce bouquet ? »
« Oh, ce n’est rien vraiment. »
« …… »
« Quoi ? »
« Fais voir ça. » Il s’est précipité vers moi et m’a arraché le bouquet des mains.
« Qu’est-ce que… ? Hé ! » Trop c’est trop, et je n’allais pas le laisser me traiter de la sorte. Je suis descendue de mon balai, j’ai saisi les fleurs et j’ai essayé de les reprendre. Mais le garde écarta mes mains et fixa les fleurs avec une telle intensité qu’on aurait pu croire qu’il essayait d’y faire un trou. Mes protestations n’ont eu aucun effet.
Pour ne rien arranger, l’homme s’est contenté de grimacer et de marmonner : « Attends une minute… Est-ce qu’elles viennent de—? », mais je n’avais aucune idée de ce dont il parlait.
…Ce garde est vraiment un abruti.
« Où tu les as eues ? » il a demandé.
« Qu’est-ce que ça peut te faire ? Rends-les-moi. »
« Ne me dis pas que tu les as ramassés dans un champ de fleurs ? »
« Qu’est-ce que ça peut te faire ? » Tu me sous-estimes vraiment, tu sais. Comment devrais-je m’y prendre pour te punir ? Je devrais peut-être te réduire en cendres.
J’ai sorti ma baguette.
« Hé, tu fais quoi là ? »
Je m’apprêtais à lancer une rafale de vent lorsque j’entendis une nouvelle voix derrière moi—et celle-ci avait encore plus d’autorité.
Mais qu’est-ce qui se passe punaise ? Est-ce que ce pays est juste rempli de machos avec un sale caractère ? Je me suis retournée, furieuse.
« Cela appartient à la voyageuse. Rendez-les-lui. »
Un homme d’âge moyen, vêtu des mêmes vêtements noirs que le jeune garde, se tenait là. Il ne regardait pas moi, mais son jeune collègue.
Je me suis retourné vers le jeune garde pour le trouver en train de serrer le bouquet de fleurs, manifestement contrarié d’avoir été pris en flagrant délit. « Mais, monsieur, c’est… c’est… »
« Je le saurai quand je l’aurai regardé. Je m’occupe du reste, alors retire toi. »
« Non, c’est— »
« Retire. Toi. Tu ne m’as pas entendu ? Va faire une pause. »
« …Tch. » Le jeune garde claqua sa langue, et après m’avoir jeté un autre regard méchant, il se tourna pour partir.
« Ah, mon bouquet, si tu veux bien. »
« …… »
Le jeune garde s’est retourné, rayonnant de protestation de tout son corps. « … Tiens. » Il me tendit les fleurs.
« Merci beaucoup. »
Il n’a pas répondu, mais il est finalement parti. Tout ce qu’il faisait était irritant. J’étais contente d’être débarrassée de lui.
Si on se rencontre à nouveau, il n’aura pas autant de chance que cette fois-ci.
Après s’être assuré que le jeune garde n’était plus en vue, le garde plus âgé à qui l’on s’était adressé en tant que « monsieur » se tourna vers moi avec une expression d’excuse.
« Mes excuses, madame la sorcière. Sa jeune sœur a récemment disparu, et il agit de la sorte depuis. Pardonnez-le, s’il vous plaît. »
« Cela ne m’a pas dérangé tant que ça. » Un mensonge, évidemment.
« Quoi qu’il en soit, en ce qui concerne ces fleurs… Je suis désolée, mais pourriez-vous me laisser m’en débarrasser ? En apporter dans ce pays est strictement interdit. »
« Interdit ? Vous voulez dire, ces fleurs en particulier ? »
Je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire ou ce qu’il essayait d’accomplir.
Inconsciemment, j’ai serré les fleurs fermement dans mes bras.
« Ces fleurs sont maudites », dit-il objectivement sans essayer de me les arracher des mains.
« Elles sont inoffensives pour une sorcière comme vous, mais apparemment elles contiennent un sort qui rend les non-mages fous. Je ne connais pas tous les détails, mais c’est l’information que nous avons pour l’instant. »
« …Maudites ? »
Il acquiesça. « Les gens qui sont séduits par ces fleurs sont attirés vers l’endroit où elles poussent, puis deviennent leur nourriture. On ne les revoit jamais. C’est pourquoi ces fleurs sont interdites. »
« …… »
« Quelque chose ne va pas ? »
« …Nan. »
Si nous supposons qu’il y a vraiment une malédiction sur ces fleurs—et je soupçonne que ce soit le cas—pourquoi la fille qui m’a offert ce bouquet n’a-t-elle pas essayé de se lever, pas même une seule fois ? Et pourquoi était-elle assise dans le champ de fleurs ? J’avais réfléchi à ces questions tout au long du trajet.
Et si ce n’était pas qu’elle n’essayait pas de se lever, mais qu’elle ne le pouvait pas ?
Et si la moitié inférieure de son corps ne lui appartenait plus ?
……
« Hum, à propos de la petite sœur de ce jeune garde… »
« Oh. Il y a quelques jours, elle est allée dans la forêt où poussent les fleurs, et n’a pas été revue depuis. »
Il baissa son regard. Il regardait le bouquet. « Dites, mademoiselle… quelqu’un ne vous les aurait pas donnés ? Peut-être— »
« Non. » Je l’ai interrompu. « Je les ai cueillis moi-même. Le vêtement qui entoure les fleurs est une de mes chemises de rechange. »
Je ne sais donc rien à propos de la sœur du garde.
J’ai coupé court à ses questions par un mensonge sans vergogne.
[ … ]
Après ça, je suis rentrée dans le pays, pour découvrir qu’il n’y’avait pas grand-chose à visiter, donc je me suis dirigée vers une auberge. J’ai loué une chambre pour seulement une nuit, pris un bain et j’ai cogité à propos du champs de fleurs et de la fille assis là-bas.
Il y’a un livre que j’avais lu il y’a longtemps, Les Aventures de Niche,
Dans le quel il y’avait une histoire sur une autre plante étrange. Autant que je m’en rappelle, dans une partie de l’histoire, il y’avait une plante avec une mutation qui causait l’absorption de l’énergie magique plutôt que de l’exsuder comme le fait les autres plantes, elle devenait sentiente et au finale violente.
D’abord, je devrais clarifier que la substance qu’on connait comme « énergie magique » découle librement de partout dans le monde naturel. Fleurs, arbres, et autre flore produisent surtout de l’énergie magique via la photosynthèse. Honnêtement, je ne comprends pas vraiment la théorie derrière tout ça. Enfin bref, typiquement le corps humain n’est pas capable d’absorber cette énergie, cependant il y’a certaines personnes qui peuvent l’exploiter malgré tout, et même l’utiliser selon leur volonté. On les appelle des mages.
C’est pourquoi notre pouvoir magique atteint leur plein potentiel dans le milieu d’une forêt débordant d’énergie magique pure. Quand j’étais toujours en train d’étudier pour devenir une sorcière, l’endroit que ma professeure m’entrainait était aussi une forêt.
On peut dire que nous, les mages, ressemblons à cette plante mutée dans Les Aventures de Niche.
Nous sommes devenus capable de faire des choses que les humains ordinaire ne peuvent pas.
…Ou bien est-ce que ce sont les gens qui ne savent pas faire de la magie qui sont rares ?
Je ne sais pas lequel est lequel. J’ai l’impression que ce n’est peut-être pas une bonne idée de réfléchir trop profondément à ces choses-là. De plus, s’asseoir et essayer de réfléchir ne sert pas à grand-chose au bout du compte. C’est comme essayer de savoir qui est arrivé en premier, la poule ou l’œuf. Absolument pas productif.
« …Baille. » J’ai couvert ma bouche et me suis frottée les yeux.
Je ne suis pas encore fatiguée. Je vais bien. Pas fatiguée, pas fatiguée—le champ de fleurs.
Peut-être que le champ de fleurs avait évolué d’une manière étrange parce qu’il y avait trop de magie. Comme les plantes sentientes de l’histoire. En y réfléchissant, la forêt autour du champ de fleurs était tellement encombrée d’arbres qu’on ne pouvait pas voir le soleil à travers le feuillage. L’énergie magique produite dans un tel endroit pouvait créer les conditions nécessaires.
Ce ne serait pas si étrange que le champ de fleurs mute à cause de la surabondance d’énergie magique.
Et ainsi, le champ de fleurs commença à attirer les humains avec des murmures de poison doux comme du nectar. Qu’est-ce qui avait bien pu naître là-bas au juste ?
« …… »
Il ne serait pas si étrange que le champ de fleurs mute en raison de la surabondance d’énergie magique.
Que sont devenus les humains attirés par ce champ de fleurs ? Un mauvais pressentiment s’installa dans mes pensées et je n’arrivais pas à m’en défaire
[ … ]
« Re-bonjour, Madame la sorcière. Vous partez déjà ? »
C’était le lendemain matin, et le garde plus âgé que j’avais rencontré la veille se tenait à la douane. Il semblait se souvenir de moi et m’accueillit avec un sourire enjoué.
Je lui ai rendu son sourire et lui ai dit : « Oui, ce n’était pas un très grand pays, alors j’ai vu tout ce que je voulais voir en une journée. »
« Oui… cet endroit n’est pas des plus excitants. »
« Pas du tout. C’était très plaisant. »
« Ha-ha, très bonne blague. » Il a vu clair dans mon jeu.
« Au fait, qu’est-il arrivé au jeune garde d’hier ? »
« Hmm ? Il n’est pas là aujourd’hui. Il a quitté le pays hier soir et n’est pas encore revenu. Vous aviez une affaire à régler avec lui ? »
« Juste une autre blague. » J’ai demandé parce que j’essaie de l’éviter.
« De toute façon, il a dit qu’il reviendrait ce soir, alors vous pouvez attendre si vous voulez le voir »
« ça ira. »
« Mmh. Vous partez donc ? »
« Oui. Je ne suis pas particulièrement pressé d’arriver au prochain endroit, mais si je ne quitte pas le pays où je séjourne le matin, je ne peux généralement pas atteindre le suivant avant le coucher du soleil. » De plus, il y a un arrêt que je veux faire.
J’étais plus préoccupé par cet endroit que par tout ce qui se passait ici. « Ah bon ? Eh bien, prenez soin de vous. »
« Je le ferai. Merci. »
Et j’ai franchi la porte.
Puis… je pouvais voir la forêt au loin. J’ai regardé vers la zone d’où j’etais venue la veille et je me suis élancée sur mon balai.
Quelques arbres éparpillés ouvraient la voie, comme s’ils avaient été jetés de la forêt, donnant une teinte différente à la mer de vert qui s’étendait devant moi. Le vent frais soufflait sauvagement, me faisant virevolter et refroidissant la terre. Des nuages flottaient dans l’air, bloquant la lumière du soleil. Le ciel gris avait déjà commencé à prendre la teinte du plomb.
Il va bientôt pleuvoir.
[ … ]
Dans la forêt, j’ai évité les arbres grinçants qui me frôlaient les épaules et j’ai trouvé la clairière.
Il y avait le champ de fleurs.
Il avait l’air aussi sombre que le ciel, et les couleurs ternies étaient complètement différentes du tableau vibrant de la veille.
« …… »
Et les fleurs n’étaient pas seulement de la mauvaise couleur, mais aussi de la mauvaise forme.
Pour autant que je sache, j’avais refait le chemin de la veille, je n’aurais donc pas dû me retrouver dans un endroit aussi différent malgré ses similitudes. Cependant, il y avait un certain malaise que je n’arrivais pas à dissiper.
Je descendis de mon balai et me dirigeai vers la source de mon malaise. Mon pied fit un bruit désagréable en touchant le sol, et je pouvais sentir les pétales de fleurs mourir en dessous.
Une odeur agréable flottait dans l’air au-dessus du champ de fleurs.
Devant moi, il y avait une personne. La véritable source de mon malaise était là—Elle était le malaise.
« …… »
C’était la jeune fille qui m’avait remis le bouquet de fleurs, et maintenant il y avait aussi un homme en face d’elle. Il portait des vêtements différents de ceux d’hier, mais je me souvenais de son visage. Il était assis dans le champ de fleurs et souriait à la jeune fille.
C’était le jeune garde.
« Re-bonjour. »
« Ah, la voyageuse d’hier. Bonjour. » Il m’a donné une réponse très simple. « Est-ce que cette…chose est ta petite sœur ? » demandai-je.
Il pencha la tête. « Oui, je l’ai enfin retrouvée. Je ne pouvais pas croire qu’elle se trouvait dans un tel endroit. »
Toujours avec la même expression de douceur, il a pris la main de la jeune fille.
Plus je regardais, plus cela devenait étrange—d’une certaine manière, je ne pouvais plus qualifier d’humaine la fille qui tenait la main du jeune homme. Des taches vertes parsemaient sa peau, des lianes de lierre s’enroulaient autour de son corps, et ses yeux vides fixaient l’air stagnant sans cligner. Sa bouche était ouverte, béante comme une grotte, et de la bave suintait de ses commissures.
Mais le plus étrange, c’était sa partie inférieure. À partir de la taille, elle était enveloppée d’énormes pétales de fleurs rouges, comme si un humain avait poussé à partir d’une énorme fleur. La fleur et l’humaine ne formaient plus qu’un seul, étrange tableau.
Le garde la regarda, envoûté. « Elle est si jolie. Qui aurait cru qu’elle était aussi loin, devenant si belle ? »
« …… »
« Quelque chose ne va pas ? »
J’ai secoué la tête, « Ce n’est rien. Je suis juste surprise parce qu’elle est très différente de celle d’hier. »
« Ah, hier. Je suis désolée pour tout ça. Je ne me sentais pas dans mon assiette parce que je ne savais pas où était passée ma sœur. »
J’ai légèrement baissé mon regard et j’ai vu que sa jambe était entourée de lierre. Je suis sûre qu’il ne pouvait pas plus bouger que sa sœur. Ou plutôt, il pouvait, mais il avait probablement perdu toute envie de le faire.
« …… »
Il ne tenait nullement compte de ma présence. Si je ne lui parlais pas, il se retournerait bientôt vers elle et continuerait à lui parler avec des yeux vides.
« …Je n’arrive pas à croire que tu aies gardé cet endroit incroyable pour toi toute seule. »
« …Ah, c’est vrai. Dis, pourquoi ne pas ramener tous les gens de chez nous ici ? Si nous leur montrons, ils seront tellement contents. »
« …Je veux surtout qu’ils te voient, maintenant que tu es si belle. »
« …Hé, c’est d’accord, hein ? »
« …Je vois. Merci. »
Je soupçonnais qu’il entendait des mots que je ne pouvais pas entendre. Pour moi, cela ressemblait juste à une conversation unilatérale avec la chose qui avait été sa sœur.
La petite sœur avait été capable de discuter avec moi la jour d’avant, mais maintenant elle ne pouvait même plus cligner des yeux. Elle ne pouvait certainement pas exprimer quoi que ce soit verbalement. Ses émotions, son corps physique, son être tout entier avaient été perdus quelque part dans le champ de fleurs. Elle ne pouvait plus rien faire d’autre qu’être admirée.
Exactement comme une fleur.
[ … ]
J’étais en train de survoler un champ d’herbe.
Heureusement, lorsque je suis remontée sur mon balai, la pluie avait cessé. J’aimerais atteindre le prochain pays avant qu’il ne recommence à pleuvoir, mais nous verrons bien.
« …Oh nan. »
Sous le ciel cendré, j’ai vu quelque chose bouger dans la direction où je me dirigeais. Au fur et à mesure que je me rapprochais, et que la forme floue devenait plus claire, je pouvais dire qu’il s’agissait d’une personne. Sans ralentir, je suis passé à côté d’eux.
« …… »
Je ne pouvais pas dire s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Leur âge était un mystère. Tout ce que je pouvais dire, c’est qu’il s’agissait d’un être humain. La personne marchait vers une destination inconnue ; si elle continuait tout droit, elle finirait peut-être par atteindre un autre pays.
Tous leurs traits s’étaient vaguement estompés, à l’exception d’une chose, quelque chose qu’ils tenaient soigneusement dans leurs deux mains. J’avais bien vu ce que c’était, mais j’aurais souhaité que ce ne soit pas le cas.
Ils portaient un bouquet de fleurs.
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