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Chapitre 1871 – L’Ombre de la Mort

 

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

 

Sunny laissa son sens de l’ombre s’étendre comme une marée, enveloppant tout le champ de bataille. La ligne de front établie par les deux contingents militaires précédents couvrait plusieurs kilomètres, si bien qu’une avalanche d’informations se déversa instantanément dans son esprit, menaçant de le submerger.

Il y avait des dizaines de milliers de soldats, chacun utilisant un Aspect unique. Des Éveillés, des Maîtres et des Saints. Il y avait également d’innombrables abominations, allant de monstruosités imposantes à de vastes essaims de minuscules vermines. Sans oublier la jungle en tant que telle — mouvante, grandissante, affamée.

Le choc de tout cela faisait danser une myriade d’ombres dans un ahurissant chaos de mouvements, ce qui fit respirer Sunny à pleins poumons.

Heureusement, il avait appris depuis longtemps à gérer ses sens Transcendants. Rester dans les faubourgs de CSQN avait été une dure leçon, mais ô combien efficace — Sunny savait comment étendre le filet de sa perception, mais ne prêter attention qu’aux détails importants.

La plupart du temps, personne ne se laissait impressionner par une image trop chargée. Ils voyaient simplement ce qu’ils avaient besoin de voir, et filtraient le reste.

Quelques battements de cœur plus tard, il était conscient de ce qui se passait sur l’ensemble du champ de bataille. Cela mettait son esprit à rude épreuve, mais en contrepartie, Sunny possédait un niveau de conscience inégalé — une qualité inestimable pour un commandant militaire.

Le second contingent militaire battait en retraite, le troisième avançait. Chevalier de l’Été et ses Saints se détachaient de l’ennemi et ramenaient leurs troupes à l’arrière. De leur côté, Sunny et ses champions Transcendants étaient censés couvrir leur retraite.

C’est bien. Excellent même…

Sunny sourit derrière son masque.

La vie avait été si compliquée ces derniers temps, mais la bataille… elle, était simple. C’était tué ou être tué, sans rien entre les deux.

Autour de lui, la jungle était en pleine ébullition, animée par une vie abominable. Bien qu’elle ne soit remontée à la surface que depuis peu, le feuillage écarlate était déjà épais, et toutes sortes de créatures se précipitaient dans sa direction.

Son contingent militaire avait du pain sur la planche, mais ce n’était pas à lui de s’occuper de ces horreurs infantiles.

Un peu plus loin, disséminés dans la jungle, les Saints étaient déjà aux prises avec l’ennemi.

Sunny fit un nouveau pas en avant, et ses ombres se séparèrent soudain en trois silhouettes ténébreuses.

Les ténèbres se mirent alors à déferler.

Une gracieuse chevalière de pierre surgit d’une ombre, deux flammes rubis s’allumant froidement derrière la visière de son casque. Elle leva son bouclier rond et frappa calmement son pourtour à deux reprises avec la lame de son épée noire.

Un imposant démon forgé dans l’argent noir surgit d’une autre ombre, sa carapace parsemée de pointes semblables à des lames. Chacune de ses griffes était comme un poignard aiguisé, et des flammes infernales brûlaient de malice affamée dans ses yeux démoniaques.

Et pour finir, un grand serpent sortit de la troisième ombre, son corps ressemblant à un mur d’onyx sans fin. Le serpent tordit son cou, qui était comme une tour noire, et son énorme tête s’éleva au-dessus de la jungle, observant la mer de mousse écarlate et le feuillage dense de très loin.

Un instant plus tard, les trois ombres sortirent du sol, fusionnant avec Sainte, Fiélon et Serpent.

Un changement s’opéra immédiatement. L’armure de Sainte brilla d’un éclat sombre, et des volutes de fumée noire semblèrent jaillir de dessous. Les flammes qui brûlaient dans les yeux de Fiélon s’intensifièrent et prirent une teinte plus sombre et plus sinistre. Serpent, quant à lui, semblait devenir encore plus solide, la surface gemmée de ses écailles d’onyx absorbant vraisemblablement la lumière.

Sunny fit un geste avec son odachi noir.

« Allez-y. »

Sainte se dirigea silencieusement vers le côté gauche du front. Serpent se dirigea vers le côté droit comme un torrent de ténèbres. Fiélon resta sur place, exhalant deux jets de flammes rouges de ses narines — dans la bataille à venir, il serait la pièce maîtresse de toute l’offensive.

Sunny, quant à lui, se dissolvait dans les ombres.

Il n’avait pas d’emplacement particulier en tête. Au lieu de cela, conscient de la totalité du champ de bataille et capable de se téléporter, il se déplaçait d’un péril à l’autre et assistait les autres Saints.

Huit heures…

Huit heures de combat acharné, c’était un peu trop, même pour lui. Cela aurait été bien si c’était la fin, mais la poussée vers le Passage du Sternum ne faisait que commencer. Les deux prochaines semaines seraient une épreuve infernale… qui viendrait s’ajouter à sa collection d’épreuves ignobles.

Là.

Il le sentit à travers les ombres — une présence particulièrement désastreuse traversant à toute allure les sous-bois écarlates en direction de la formation éparse du contingent militaire, pas très loin de lui.

Les abominations de Godgrave étaient des créatures étranges. Elles naissaient faibles, mais devenaient incroyablement puissantes et féroces en quelques jours, voire quelques heures, en se battant et en se dévorant entre elles.

Les plus féroces, les plus impitoyables et les plus chanceuses d’entre elles devenaient assez fortes pour descendre dans les Creux, loin de l’éclat anéantissant du ciel, et rivaliser avec les terribles abominations qui y habitaient pour se faire une place dans le crépuscule nourricier. Si les Creux étaient si dangereux, c’est parce qu’il n’existait aucune limite naturelle à l’espérance de vie des Créatures du Cauchemar qui y vivaient — seulement leur propre instinct sauvage et leurs capacités de chasse.

La jungle de la Première Côte avait été brûlée récemment avec l’aide de Sainte Tyris, aussi la plupart des abominations qui faisaient face au corps d’expédition étaient-elles encore relativement faibles. Cependant, il y avait toutefois des cas exceptionnels. Les Créatures du Cauchemar les plus dangereuses étaient les anciennes Créatures du Cauchemar qui avaient perdu la compétition pour la nourriture et les ressources dans les Creux.

Poussées par la faim et le désespoir, elles remontaient parfois à la surface pour assouvir leur faim en s’attaquant aux abominations les plus faibles.

Leur situation était peut-être désespérée, mais leur puissance et leur expérience ne pouvaient être sous-estimées. Les soldats Éveillés n’avaient aucun espoir de s’opposer à ces vieux monstres, il fallait donc les éliminer à tout prix.

La créature que Sunny avait sentie était l’un de ces prédateurs aguerris.

Sortant de l’ombre, il barra la route à l’ignoble créature. D’un seul coup d’œil, l’expression de Sunny devint sombre.

Un Monstre Supérieur.

Le Monstre Supérieur était décharné et affaibli, son corps couvert de plaies suppurantes. Sa puissance semblait grandement diminuée, et honnêtement, il donnait l’impression d’être sur le point de s’écrouler, mort. Les Creux n’avaient pas dû être tendres avec cette effroyable créature au cours des dernières années — ou peut-être même des dernières décennies.

Mais une bête mourante était souvent la plus dangereuse. Il y avait une lueur fiévreuse dans les yeux injectés de sang de l’abomination, et un soupçon de ruse prédatrice dans son regard dément.

Sunny, quant à lui, n’était pas au mieux de sa forme. Ses trois ombres étaient sur le terrain, accompagnant Sainte, Fiélon et Serpent, ce qui le privait de toute augmentation. Tout ce qu’il avait, c’était sa force brute de Terreur Transcendante.

Et son habileté.

Et, bien sûr…

Ma volonté.

Il était l’ombre de la Mort, après tout. S’il voulait que quelque chose meure, sa détermination devait valoir quelque chose.

Alors, meurs.

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