5902-chapitre-1866
Chapitre 1866 – Supprimer les Formalités Administratives
Traducteur/Checker : Gray
Team : World Novel
CSQN était plongé dans le chaos.
Les dommages infligés à la ville suite à l’effusion de sang dans les forteresses de la Maison de la Nuit étaient minimes, même si certaines batailles avaient brièvement débordé dans les rues.
En revanche, le moral des citoyens fut durement touché.
La nouvelle de ce qui venait de se passer mettait du temps à se répandre, et cette fois, même la machine de propagande du gouvernement ne savait pas comment gérer cet événement sans précédent et de mauvais augure. C’est pourquoi les rumeurs les plus folles se répandaient, rendant la population, déjà anxieuse, encore moins rassurée.
La vérité, il est vrai, était, à bien des égards, nettement plus grave que les rumeurs.
Les rues de la ville étaient étrangement désertes. Les personnes qui s’aventuraient à l’extérieur marchaient d’un pas pressé. Les transports publics étaient enveloppés d’un silence tendu… les incendies avaient été éteints, mais des volutes de fumée s’élevaient encore dans le ciel.
Dans cette atmosphère feutrée, un cortège de VTP blindés s’arrêta devant le siège du gouvernement, et une jeune femme aux yeux vermillon étranges et vifs sortit de l’un d’entre eux.
Habituellement, Morgan aurait revêtu une tenue appropriée pour une visite officielle, mais perdre du temps sur les apparences était un luxe qu’elle n’avait pas aujourd’hui. Elle portait par conséquent son armure de combat, sa cape rouge bougeant légèrement au gré du vent.
Ses mains étaient enveloppées dans des gantelets forgés dans de l’acier noir. La qualité de l’exécution était excellente, mais ces derniers étaient tout de même encombrants lorsqu’il s’agissait d’effectuer des tâches plus délicates. Malheureusement, elle ne pouvait pas y faire grand-chose.
Morgan déplorait l’absence de ses gants en cuir moulé.
Une petite armée de gardes se déversa des VTP blindés — la plupart étant des serviteurs ordinaires du clan, leur présence était purement symbolique. Le complexe gouvernemental semblait sur le point d’être assiégé, ce qui était le but recherché.
Gardant une expression calme et légèrement hautaine, Morgan monta les escaliers et entra dans la forteresse. Elle entendit des halètements et vit les employés du gouvernement présents dans le hall réagir à son entrée. Certains pâlissaient, d’autres étaient subjugués par sa beauté Transcendante. Elle ne leur accorda aucune attention et s’avança d’un pas assuré.
Un homme avec un peu plus d’assurance lui fit une profonde révérence.
“Dame Morgan. Pourquoi…”
Elle le regarda froidement et le vit reculer involontairement d’un pas.
“Conduisez-moi à la salle du conseil.”
Il hésita.
“Mais…”
Son regard se fit plus intense, et le sang se retira du visage de l’homme.
“Par ici, ma dame…”
Son entourage resta dans le hall tandis qu’elle était escortée dans les profondeurs du bâtiment.
Il y avait d’innombrables postes de sécurité et des étouffoirs fortifiés sur le chemin. Personne ne se risqua à lui barrer la route ou à la ralentir — même s’ils l’avaient voulu, ils n’auraient pas pu. Il y aurait eu une danse compliquée de procédures diplomatiques n’importe quel autre jour, mais aujourd’hui, Morgan n’était pas d’humeur.
Par ailleurs, les décideurs du gouvernement avaient vraisemblablement donné leur accord.
Elle entra rapidement dans une salle de conférence spacieuse. La pièce semblait terriblement ordinaire, compte tenu de sa fonction, mais c’était tout à fait le but. Le gouvernement était radicalement utilitaire dans tout ce qu’il faisait, comme pour rappeler constamment à ses membres leur but et leur fonction.
Il y avait quelques dizaines de personnes à l’intérieur de la pièce, rassemblées autour d’une table de projection — des personnes ordinaires et des Éveillés. Le gouvernement ne faisait pas de discrimination entre les deux, et ses dirigeants étaient un mélange de ceux qui portaient le Sortilège du Cauchemar et de ceux qui ne le portaient pas. En fait, le chancelier actuel était un homme ordinaire, tout comme le précédent.
Morgan ne lui accorda cependant aucune attention. Elle se concentra plutôt sur cinq individus.
Vestige du Fléau, Marchand de Rêves, Faucheuse d’Âmes, Nightingale, et Élevée par les Loups. Les cinq Saints du gouvernement.
Les personnes présentes dans la salle de conférence étaient au milieu d’une discussion animée il y a quelques instants, mais lorsqu’elle entra, ils se turent tous, la regardant avec des expressions allant de la méfiance à la consternation.
Morgan leur adressa un sourire agréable, puis prit une chaise, l’éloigna de la table, s’assit et croisa tranquillement les jambes.
Elle se trouvait sur leur territoire, en infériorité numérique, avec des regards intenses qui la transperçaient comme des foreuses. Et pourtant, la nervosité était de mise chez les dirigeants du gouvernement — Morgan restait parfaitement détendue.
“Mesdames et Messieurs. C’est un plaisir de vous voir.”
Il y eut quelques instants de silence tendu, jusqu’à ce que le chancelier jette un bref coup d’œil. Le vieil homme — toujours aussi antipathique — la regarda et serra les dents.
“…Que voulez-vous, Sainte Morgan ?”
Elle croisa son regard lourd avec le sien, glacial.
“On passe directement aux choses sérieuses, alors ? C’est également un plaisir de vous voir, Saint Cor.”
Il se moqua.
“Êtes-vous venue pour échanger des civilités ? Comme vous pouvez le constater, nous étions en plein milieu d’une affaire.”
Son expression s’assombrit, trahissant une pointe de fureur à peine réprimée.
“Grâce à vous et à votre formidable grand clan.”
D’habitude, il aurait été plus poli. Mais aujourd’hui, même quelqu’un d’aussi expérimenté que Vestige du Fléau semblait avoir du mal à garder la tête froide.
Morgan haussa les sourcils, comme si elle était sincèrement confuse.
“Mon clan ? Vous n’êtes certainement pas en train de mettre les actes criminels de ces extrémistes du Chant sur le dos de ma famille.”
Elle secoua la tête, dépitée.
“Tout d’abord, ils organisent une attaque non provoquée contre ma sœur… et ce, en plein milieu d’une alerte à la Porte, rien de moins. Ensuite, ils massacrent les nobles membres de l’illustre Maison de la Nuit et plongent le monde dans le chaos. J’ai l’impression que mon père et les membres estimés de ma grande famille sont les seuls à essayer sincèrement de mettre fin à l’infamie de ces terroristes du Chant. Or, je ne suis pas accueillie chaleureusement ici. Au contraire, on me jette un froid…”
Le vieil homme lui jeta un regard noir.
“Épargnez-moi vos sarcasmes, jeune fille. Je me bats contre le Sortilège du Cauchemar depuis bien avant votre naissance. J’ai vu la Maison de la Nuit s’établir, et maintenant, je l’ai vue s’effondrer. Vous comprenez sûrement les implications que cela peut avoir sur le sort de l’humanité… ah, pourquoi est-ce que je me donne la peine de le faire ! Peut-être que non. Vous semblez tous avoir perdu la tête.”
Il secoua la tête et soupira lourdement, paraissant soudain encore plus vieux.
“…Dites-nous simplement ce que vous voulez.”
Morgan battit des cils plusieurs fois, regardant autour d’elle avec une expression innocente.
Son regard se posa sur Faucheuse d’Âmes, Élevée par les Loups, et Nightingale plus longuement qu’elle ne l’avait fait pour les autres.
Elle esquissa ensuite un léger sourire.
“Eh bien… vous voyez… mon père m’a dit d’aller chercher quelques Saints…”