Chapitre 978 – De Retour

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Le Rhino produisit un bruit inquiétant et s’arrêta en tremblant. Sunny resta quelques instants sur le toit, regardant vers le bas avec une expression sinistre sur son visage, puis bondit de celui-ci. Atterrissant doucement dans la neige, il s’éloigna de quelques pas et étudia son APC endommagé.

La puissante machine… avait connu des jours meilleurs.

Sa coque blindée était parsemée de profondes entailles et de pièces d’alliage de fortune. Le bélier en forme de coin à l’avant du Rhino était déformé et peint en rouge terne, son mécanisme de déploiement irrémédiablement endommagé et bloqué en position abaissée.

Les six puissantes roues étaient encore intactes, mais tous les propulseurs supplémentaires étaient soit usés, soit détruits.

Mais ce qui inquiétait le plus Sunny, c’était les composants internes sensibles de l’APC. Malgré les efforts désespérés de Kim et de Samara pour les empêcher de se détériorer complètement, la plupart des systèmes mouraient lentement. Le Rhino avait été trop malmené, et maintenant, il semblait sur le point de tomber en panne.

Un soupir triste et amer s’échappa des lèvres de Sunny.

Bon sang !

…Derrière lui, le reste de la caravane était dans le même état. La colonne de véhicules délabrés s’étendait sur plusieurs kilomètres, chacun montrant des signes de dégradation et de stress. La plupart des véhicules n’avaient pas autant souffert que le Rhino, qui servait de véhicule d’avant-garde, mais d’un autre côté, la plupart d’entre eux n’étaient pas aussi protégés et robustes que les APC personnalisés des Irréguliers.

Après avoir étudié l’état de la caravane pendant une minute ou deux, Sunny se retourna et avança. Passant entre la forme massive d’Abomination et celle, bien plus petite mais tout aussi redoutable, de Blackie, il s’arrêta et regarda la vaste vallée en contrebas.

Le Corbeau se posa alors sur son épaule.

Sunny et les trois Échos restèrent silencieux pendant un moment.

La vallée était recouverte de neige, mais cela ne pouvait cacher le sol retourné et les signes d’une bataille dévastatrice qui avait dû faire rage ici autrefois. Des cratères et des monticules de terre gelée jonchaient le paysage, témoignant d’un bombardement d’artillerie lourde. Une affreuse montagne d’ossements carbonisés s’élevait près des pentes, et à quelque mètre de là s’étendait un cimetière de machines de guerre brisées.

Des milliers et des milliers de Créatures du Cauchemar se déplaçaient dans la neige.

Pire encore, treize Portes actives encerclaient la vallée, déchirant la réalité.

« Quel endroit terrible. »

Sunny hésita un instant, puis regarda Naeve, qui venait d’atteindre le sommet de la colline. Le Noctambule regardait vers le bas avec un visage aigre, son bras cassé reposant toujours dans une écharpe de fortune. Il avait été blessé lors d’une bataille hasardeuse il y a quelques jours et ne s’était pas encore complètement rétabli.

Sunny sourit.

« …Oui. La situation a été pire lorsque sept nouvelles Portes se sont ouvertes au moment même où nous essayions de nous occuper des six autres qui s’étaient déjà manifestées, encerclant toute la division. C’est ainsi que l’Antarctique nous a accueillis, il y a bien longtemps. »

Sunny connaissait bien cette vallée. C’est là qu’il avait livré sa première véritable bataille dans le Quadrant Sud, libérant Sainte pour défendre les soldats mondains. En regardant vers le bas, il pouvait reconnaître les endroits où il avait tué les Gardiens de la Porte, ainsi que l’endroit où la division avait brûlé ses morts avant de repartir.

Se sentait-il… nostalgique ?

Peu importe.

Ce qui comptait, c’était que la vallée n’était plus qu’à un jour de voyage de Falcon Scott.

Ils avaient enfin réussi… ou presque.

Il aura fallu deux semaines à la caravane pour arriver jusqu’ici. Le mois de juin était presque terminé, mais la longue nuit de l’Antarctique ne donnait toujours pas de signe de fin. Le monde était sombre, comme toujours, et plein d’horreurs épouvantables, comme toujours.

Rien de vraiment remarquable ne s’était produit au cours de ces deux semaines. Il s’agissait simplement d’une lutte constante, éreintante et ardue pour survivre. Chaque kilomètre parcouru était un peu plus difficile que le précédent. Les nombreuses escarmouches et batailles qu’ils avaient menées commençaient à se confondre, à un moment donné, et les noms des soldats et des civils que Sunny avait perdus se confondaient aussi.

Dans l’ensemble, peu de gens moururent… comparativement. Compte tenu de la taille de la caravane, le nombre de victimes était statistiquement insignifiant.

Mais les gens n’étaient pas des statistiques.

Sunny grimaça et détourna le regard.

Il avait peut-être réussi à amener la majeure partie de la caravane aussi près de Falcon Scott en un seul morceau, mais le plus dur restait à faire.

En raison de sa nature en tant que lieu de concentration massive — et statique — d’humains, la capitale de siège attirait naturellement de nombreuses Créatures du Cauchemar. Elle était constamment assiégée par des hordes d’abominations, qui arrivaient chaque jour du sud.

La caravane devait franchir ce blocus pour atteindre les portes de la ville.

Heureusement, ils n’avaient pas à le faire seuls.

Sunny avait déjà contacté le Commandement de l’Armée par le biais du Royaume des Rêves, signalant la date à laquelle ils arriveraient dans cette vallée. On lui avait promis de l’aide et des renforts, ainsi qu’un envoyé spécial pour aider les réfugiés à traverser la vallée en toute sécurité.

Mais l’envoyé était en retard.

Ses ombres auraient remarqué n’importe qui sur les pentes des montagnes, et il ne voyait aucun humain dans la vallée. Si quelqu’un avait vraiment l’intention de rejoindre la caravane de l’autre côté, Sunny n’avait aucune idée de la façon dont il comptait se frayer un chemin à travers la mer de Créatures du Cauchemar en contrebas.

Jetant un coup d’œil à Naeve, il fronça les sourcils.

« …Où diable est cet envoyé ? »

Avant que le Noctambule ne puisse répondre, le Corbeau poussa soudainement un cri nerveux et s’envola précipitamment.

Dans la seconde qui suivit, une ombre massive plongea brutalement du ciel et s’approcha de la caravane à une vitesse stupéfiante.

Sunny était déjà en train de bander son arc mais s’arrêta au dernier moment, regardant la créature atterrir avec des yeux écarquillés.

Massif… un corps puissant qui ressemblait à celui d’un lion, de puissantes ailes blanches, les beaux yeux dorés d’un aigle…

Devant lui, fier et majestueux, se trouvait un griffon très familier.