Chapitre 392 – Naissance d’une Légende

Traducteur/Checker : Gray

Team : World Novel

Pendant un moment, Sunny resta immobile dans le salon. Puis, il se promena lentement dans la maison, regardant ses murs et ses pièces meublées avec goût. Finalement, il se retrouva près du réfrigérateur et en sortit une bouteille en verre remplie d’eau claire et pure.

La bouteille à la main, Sunny sortit et s’assit sous le porche.

Le quartier résidentiel était calme et paisible. L’air était encore froid, mais la lumière du soleil était déjà pleine de chaleur, promettant un printemps vibrant. Le vent faisait bruisser les feuilles doucement, et les ruisseaux d’eau de fonte murmuraient doucement en coulant sur le trottoir. Sunny fixa le morceau de terre qu’il possédait désormais et ouvrit la bouteille.

Il resta là un bon moment, sirotant de l’eau et ne regardant rien de particulier. Au fil des heures, plusieurs VTP passèrent. Il vit quelques personnes vêtues de vêtements propres et chauds. Un peu plus tard, des groupes d’enfants et d’adolescents en uniforme scolaire passèrent devant lui, sur le chemin du retour.

Après cela, il soupira, récupéra ses ombres et retourna à l’intérieur.

Ramenant la bouteille vide dans le réfrigérateur, il le fixa quelques instants.

À l’intérieur, il y avait de la nourriture… tellement de nourriture. Assez de nourriture pour tenir un mois. Tous facilement accessibles, délicieux, et tout à fait à sa portée.

…Avant que Sunny ne s’en rende compte, son poing s’écrasa sur la porte du réfrigérateur, perçant facilement les fines feuilles de métal et transformant les légumes stockés de l’autre côté en vapeur. Des morceaux de métal et de plastique volèrent, et toute la maison trembla légèrement. Le réfrigérateur lui-même se fissura et se déforma, manquant d’éclater sous la force de l’impact.

Sunny fixa sa main en état de choc, puis la récupéra maladroitement de l’intérieur de l’appareil dévasté et regarda la chose brisée avec consternation.

“…Merde !”

Maintenant, il allait devoir en acheter un nouveau. Et remplacer toute la nourriture. Et nettoyer tout ce bazar…

Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?

Secouant la tête, il posa la bouteille en verre vide sur le comptoir, soupira, et alla chercher une serpillière.

***

Quelque temps plus tard, Sunny retourna au sous-sol et s’approcha de la capsule Dreamscape. Il la regarda pendant un moment, puis se retourna et fit les cent pas autour du dojo blindé, en fronçant les sourcils.

Allez maintenant… tu t’es préparé pour ça depuis un long, très long moment.

Pendant qu’il faisait les cent pas, toute sa présence changeait lentement. La façon dont Sunny marchait, la façon dont il se tenait, la façon dont ses mains bougeaient, tout était légèrement différent.

“Il y a six dieux. Le Dieu de la Guerre, aussi connu comme le Dieu de la Vie. Le Dieu Bête, aussi connu comme la Déesse de la Lune. Le Dieu du Soleil…”

Au fur et à mesure qu’il récitait les noms des dieux et leurs différents aspects, la manière dont il parlait changeait également. La différence était subtile, mais perceptible.

Petit à petit, Sunny modifia tous les traits de son comportement qui pouvaient lui être attribués. Il avait passé beaucoup de temps à s’entraîner pour ce moment, utilisant la malléabilité physique d’un praticien de la Danse de l’Ombre pour se rendre méconnaissable. Étonnamment, la tâche s’était avérée beaucoup plus facile qu’il ne l’avait pensé. C’était en fait sa spécialité, d’une certaine manière.

Le Masque de Weaver pouvait protéger son identité de tous ceux qui souhaitaient l’apprendre par magie, mais il devait s’occuper lui-même des formes d’identification ordinaires.

Au bout d’un moment, lorsqu’il fut prêt, Sunny se déshabilla, s’approcha du module de simulation et grimpa dans son berceau. Alors que le masque en bois noir poli apparaissait sur son visage, le couvercle se referma.

Une série de lettres chatoyantes apparut devant lui :

“Entrez dans le Dreamscape ?”

“Oui” “Non”

Il soupira, puis se concentra sur le “Oui”.

Quelques instants plus tard, sa vision s’assombrit.

***

Sunny se retrouva debout dans un vide noir sans limites. Tout autour de lui, d’innombrables étoiles brûlaient d’une lumière éthérée, un tissage de cordes d’une complexité inconcevable les reliant entre elles.

…Il n’y avait, cependant, aucune logique ou sens dans ce schéma. Il ne sentait aucun sens caché dans le magnifique tissage des cordes de lumière. C’était juste une jolie toile de fond, et rien de plus.

Un simulacre.

À part ça, la simulation était assez réaliste. Il baissa les yeux et vit son corps nu, le Serpent Noir s’enroulant autour de ses bras et de son torse. Le Dreamscape avait recréé son apparence à la… euh… dans les moindres détails.

…Huh.

Secouant la tête en signe de perplexité, Sunny invoqua le Manteau du Monde Souterrain. Il se tissa à partir de fils noirs et recouvrit son corps. Dès qu’il le fit, une voix agréable résonna dans l’obscurité :

“Challenger ! Bienvenue dans Dreamscape.”

Sunny invoqua la Feuille d’Automne, un petit charme qui lui permettait de changer la couleur de ses cheveux. Après une courte hésitation, il les fit apparaître blancs.

Et maintenant ? Comment puis-je combattre les gens ?

La voix agréable répondit rapidement :

“Avant de continuer, veuillez choisir un pseudonyme.”

Il cligna des yeux plusieurs fois, puis se gratta l’arrière de la tête.

Oh, c’est vrai. Un pseudo…

Après quelques réflexions, Sunny se souvint de la légende d’Ulysse dont Neph aimait parler, et sourit.

“Personne.”

Ce serait un bon pseudonyme… il pouvait déjà imaginer à quel point ce serait drôle, d’entendre quelque chose comme “Personne a vaincu l’ennemi !” ou “Personne a gagné !”.

Ses pensées, cependant, furent interrompues par la voix du Dreamscape :

“Le pseudonyme “Personne” est pris. Veuillez en choisir un autre.”

“Euh…”

Il ne s’attendait pas à ça. Qu’est-ce qui serait mieux…

“Le pseudonyme “Uh” est pris. Veuillez en choisir un autre.”

“Quoi ? Non, attends !”

“Le pseudonyme “Quoi ? Non, attends !” est pris. Veuillez en choisir un autre.”

Sunny ferma sa bouche, puis réfléchit un moment.

Son pseudo devait non seulement sonner bien, mais aussi être à l’opposé de ce qu’il aurait été en réalité. Tout comme ses mouvements et sa façon de parler, il devait faire partie du déguisement. C’est pourquoi en trouver un n’a pas été facile…

Dans les minutes qui suivirent, il essaya une douzaine de pseudonymes différents, tous avec le même résultat. Le niveau de fraîcheur des pseudos qu’il put trouver baissa rapidement, tandis que le niveau de son irritation augmenta rapidement. Il avait l’impression que cette maudite simulation se moquait de lui.

Finalement, Sunny grogna de frustration et dit le premier mot qui lui venait à l’esprit :

“…Mongrel !”

Le Dreamscape resta silencieux pendant un moment. Puis, il dit :

“Bienvenue, Mongrel. S’il vous plaît, choisissez un rêve à votre goût.”

Vraiment ?! Mongrel ? ! Et bien… mission accomplie, je suppose ! C’est bien le nom que je ne veux pas qu’on me donne !

Oh, quelle ironie…

Alors que Sunny soufflait de frustration, plusieurs images apparurent devant lui. Toutes contenaient des représentations d’environnements différents, bien que la plupart ressemblaient à une sorte d’arène.

D’après ses recherches, Sunny savait que le choix d’une arène déterminait le type d’adversaires contre lesquels il allait pouvoir se battre. Certaines étaient accessibles à tous, d’autres nécessitaient un certain nombre de victoires pour être accessibles. Les duellistes professionnels passaient tous leur temps dans ces rêves réservés à l’élite.

Rêves… quel nom stupide. Si je rêvais, je serais sur les Îles Enchaînées en ce moment, non ?

Son corps était, en effet, éveillé en ce moment. C’est juste que son esprit était dans une illusion.

Quoi qu’il en soit, ce qu’il lui fallait, c’était un endroit où il pourrait combattre des amateurs suffisamment doués sans attirer trop d’attention. Il connaissait l’endroit idéal.

En pointant l’une des images, Sunny dit.

“Là.”

Un moment plus tard, le vide noir disparut, et il était soudainement ailleurs.

Une voix forte tonna de quelque part au-dessus :

“Le Challenger Mongrel est entré dans le Colisée !”